Le vent vif me purifie le corps. Je suis nu face à
la mer, les bras écartés dans le but d’offrir une plus grande surface au
souffle purificateur. Les rafales bousculent mon être, les poils sont arrachés
par poignées, la peau rougit sous les coups de boutoir, le sexe se rétracte
dans sa coquille, les testicules ne sont plus que deux lentilles, le crane
s’épile, la bouche s’ouvre, le vent s’engouffre, suit la voie
œsophagienne, dilate l’estomac, gonfle
les intestins et ressort par la seule
issue possible en attirant à lui la pourriture nauséabonde qui me parasite.
En me rhabillant je pense à l’effet éphémère de la
purification. Deux trois jours suffiront
à la charogne pour coloniser de nouveau mon corps.
Malgré une enveloppe corporelle d’apparence saine,
je suis pourri de l’intérieur. La pensée, l’âme, et l’être matériel ne sont
qu’un amas de putréfaction.
J’ai beau me laver les dents, faire des lavements, ingurgiter
par litre de la Bénédictine, me confesser tous les dimanches matin et les
jeudis soir en compagnie des grenouilles de bénitiers, laver la peau avec un gant
de crin, me flageller avec une chaine à vélo rouillée, marcher pieds nus sur
des braises, sodomiser un pou pédophile, me coiffer avec la raie au
milieu, la pourriture m’envahit le
corps. Seul le vent violent arrive temporairement à assainir le Moi et son
enveloppe.
Je pue de l’intérieur. Le problème est que je
n’arrive pas à contenir la puanteur. Si je n’expose pas mon corps à une
tempête, la fétidité s’extériorise par les pores et par les divers orifices que
la nature a percés dans mon enveloppe corporelle. Ainsi mon entourage m’évite
ou n’accepte ma présence que dans les lieux exposés au courant d’air. Même les
mouches à merde me fuient comme la peste.
Même la mort avec sa faux rouillée mais tranchante
comme la faux de la mort me fuit comme la mort.
La mort a-t-elle une mort ?
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