C’est la rentrée. Le plus petit entre en première année de maternelle. L’ainée
quitte le secondaire pour rejoindre une école ingénieuse, pardon, d’ingénieurs.
Le grand garçon est propulsé malgré lui en première S. La petite se lance dans
l’apprentissage de la lecture.
Moi qui ai toujours eu horreur de l’école !
Je n’arrive pas, en fouillant dans les souvenirs, à me remémorer un
moment agréable dans l’enceinte de l’école. D’ailleurs lorsque j’ai amené la
plus grande en classe préparatoire de maternelle, j’ai été assailli par un
déluge de souvenirs dont le seul côté agréable était la certitude que j’avais
conservé une mémoire intacte.
Cette année j’ai vécu quatre entrées par procuration. Pour moi c’a été le
coup de grâce. Le médecin, après avoir longtemps hésité à m’hospitaliser, m’a
prescrit des antidépresseurs surpuissants.
Lorsque mon grand a été déprimé par la rentrée, je me suis botté les
fesses pour ne pas compatir. J’ai respiré un bon coup et lui ai dit très
sérieusement :
- mon fils tu construis ton avenir.
Puis, je me suis tu, heureux d’avoir joué le rôle du père prêchant la
bonne parole.
Lorsque le plus petit tente d’essayer d’ouvrir toutes les portes pour
s’échapper de l’école, je ne puis m’empêcher de m’apitoyer. Cependant je garde
ma compassion et lui colle deux torgnoles. Une maitresse comme la sienne !
C’est dommage de s’enfuir, à sa place j’irais me réfugier dans ses jupons.
D’accord, il est l’innocence même, et moi un vieux cochon. Cette année j’aurais
bien fait ma rentrée en maternelle !
Si j’ai tant exécré l’école, c’est parce que j’y suis entré trop jeune.
J’étais immature. J’étais en avance de 53ans !
Mes deux garçons ont tendance à aller à l’école à reculons. Ce qui pour
Vivien pose un problème : trente kilomètres en marche arrière sur une deux
fois deux voies est presque au-dessus de mes compétences. Cependant je ne
refuse rien à mes enfants, et j’ai donc investit dans une voiture
hybride : la voiture prao.
Pour Antonin, j’ai encore la possibilité de le porter. La proximité de
l’école, et son poids raisonnable le permettent encore. Je suis un peu vache.
Il est content d’y aller et très content d’en ressortir. D’ailleurs je le
trouve assez zen, il supporte mieux que son père les cris d’angoisse, d’agonie
des enfants lâchement abandonnés par leurs parents dans la salle de motricité
qui sert de lieu d’accueil. Cette dernière, du fait de l’absence de meuble,
amplifie les hurlements. Antonin traverse dignement ce lieu assourdissant,
m’emmène aux toilettes afin que j’en contemple l’architecture. Il la trouve
très belle. Ensuite il me prend la main et me tire dans sa classe déserte où
l’attend une dinette. Cependant en tant que père, mon rôle est de l’abandonner
lâchement. Donc je le ramène vers sa maitresse et lui colle un bisou (pas à la
maîtresse). A peine ai-je eu le temps de décoller mes lèvres qu’il s’enfuit de
la pièce afin de trouver une sortie dérobée. Pour l’instant, il ne l’a pas
trouvé.
Louise a eu son premier devoir. Elle était toute fière. Pourvu que ça
dure ! Cependant je reste sceptique sur la finalité des devoirs. Elle doit
reconnaitre les prénoms des enfants de sa classe et les prononcer. Par exemple
il y a un enfant qui s’appelle Levent. Jusque-là aucun problème. Par contre la
prononciation est originale : livennete.
Autre exemple : hyaman prononcé aillemane
J’imagine plus tard lorsqu’elle lira : la Manche est le domaine
des vents violents.
La maneche est le domayene des vennetes violennetes.
Ça pourra peut-être passer pour un accent méridional.
Cette forme d’apprentissage était valable il y trois décennies, avant
que les prénoms afro-américain-arabo-chinois-bretons envahissent l’espace sans
respecter les sacro-saints du calendrier.
Je suis une langue de vipère car tous les enfants issus de la classe de
la maîtresse de ma fille savent lire. Certains liront avec l’accent belge,
d’autres avec l’accent congolais, danois, canadien, algérien et même avec
l’accent picard.
Bon courage papa ! :)
RépondreSupprimermerci ma fifille chérie
Supprimercontente de voir que pour toi aussi c'est la rentrée ;-)!
RépondreSupprimerJ'ai beau porter des lunettes pour lire (les lettres rétrécissent, t'as remarqué?), je n'ai pas encore besoin de sonotone, et mes oreilles sont agressées quotidiennement par des enfants hurlants, à la récré;
mais là! c'est la rentrée vue (entendue) de l'intérieur......;-) bisous Fred!
Dommage, car si tu avais un sonotone, tu le retirerais et la classe deviendrait aussi calme qu’un couvent après la distribution de carottes, malheureusement râpées.
SupprimerBisous