Je rigole, je ris jaune, mais je n’ai pas le
béribéri.
Il y des moments où l’envie de cuisiner est absente.
Juste une envie de me vautrer dans le canapé en regardant mes petits monstres
se chamailler, sans d’ailleurs en comprendre la raison qui est inaccessible au
commun des adultes. Le problème est que
j’ai eu la même réaction la veille, et que le repas c'était résumé à des
gnocchis industriels et des nuggets de poulets, du moins c’est ce qui est noté
sur la boite. J’ai donc du mal à leur resservir un repas tout fait, genre pommes
de terre sourire accompagnées de cordons bleus façon Père Dodu. Rempli de
culpabilité, je leur cuisine du riz complet.
Le riz complet est mon plat de substitution par
excellence. Il s’accommode aussi bien avec
tout, qu’avec rien. Et je suis presque sûr que mes gamins mangent
équilibré. « Presque » car il doit bien y avoir quelques pesticides
qui trainent par ci par là. Si cela ne tenait qu’à l’intellect, mes garnements
en dévoreraient à chaque repas. Mais le dos et les genoux demandent grâce à
chaque fois que j’ai la malencontreuse idée de préparer du riz.
Le riz est une denrée instable. Dès qu’il arrive
dans l’assiette des petits ogres, il a tendance à prendre la poudre
d’escampette en enjambant tout d’abord le rebord de l’assiette pour ensuite se
jeter vers le sol. Son errance ne s’arrête pas là. Le riz est un
expansionniste. Rien ne l’arrête et il emploie toutes les ruses pour migrer
vers toutes les parties de la maison. Il
se cache dans la serviette, et profite d’un moment d’inattention des parents
pour ordonner à l’enfant de se lever. Evidemment, le riz en profite pour coloniser
le territoire. Il arrive même à se nicher dans les replis des vêtements, qui
parfois le soir après la douche, sont des pyjamas.
Ainsi après chaque repas à base de riz, la chasse
aux grains commence, et elle est épuisante. Je ne la décrirai pas, j’aurais
trop l’impression de la revivre. Je ne demande qu’une seule chose. Qu’un riz génétiquement
modifié soit créé afin que ses grains soient indissociables.
Je sais qu’il en existe déjà un, sous la forme d’un
riz rond blanc. Cependant je ne peux pas l’utiliser intensivement pour trois
raisons :
La première à cause du béribéri.
La deuxième est qu’il colle encore plus au plancher.
La troisième est que je n’aime pas les blancs.
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