Hier soir j’ai pris une cuite d’enfer. Il y avait
une éternité qu’une telle chose ne m’était arrivé. En y réfléchissant, de mon
vivant c’est la première fois. Mon père et mon grand-père étaient trop
raisonnables, du moins sur l’alcool, pour se laisser aller à une telle
beuverie. Si mes souvenirs transmis par mes gènes sont exacts, cela remonte à
la révolution française où un de mes ancêtres, mercenaire à la solde d’un
noble, réussit à survivre ainsi que son maître à la terreur. Pour fêter cela,
il prit une telle murge que Bacchus stupéfait par une telle performance, le
prit immédiatement sous sa coupe de vin.
Ce matin j’ai la langue gonflée, les cheveux qui
souffrent, et chaque fois que j’expire, les mouches qui passent à portée
s’enivrent et tombent comme des mouches.
Je me
réveillai dans une mare de vomis, que je pris sur le moment pour du sang.
Heureusement pour mon matricule, je n’étais point dans la couche conjugale,
mais sur un paillasson dont j’ignorai la situation géographique. Lorsque mon
équilibre précaire me permit de tenir dans une position humaine grâce à l’appui
d’un mur, je me demandai quel miracle avait bien pu me déposer en cet endroit.
Un athée qui emploie le mot miracle est un miracle, cependant lorsque je suis
sous la dépendance des vapeurs d’alcool, je suis plus croyant que Dieu
lui-même.
Titubant comme un homme bourré, je réussis à
descendre l’escalier et à regagner l’air libre. J’étais comme le petit poucet.
Au lieu de petits cailloux, je semai de la bile. Pourtant, je savais pertinemment
que je n’avais aucune utilité à le faire. L’air vivifiant du petit matin acheva
de vidanger l’excédent de boisson non digérée.
Je ne reconnus pas les extérieurs. Courageux et
rendu téméraire par un dopage à base d’alcool, je partis à l’aventure dans le
but de découvrir mon chez moi et ma petite famille que j’avais apparemment
abandonnés. Après un long périple, je finis par reconnaître le lieu où je me
trouvai. Je l’identifiai grâce à une mare nauséabonde qui auréolait l’entrée
d’une résidence. En fait, j’étais revenu à mon point de départ ; mon équilibre qui avait toujours besoin d’un
appui avait fait le tour du pâté de maison et m’avait ramené à ma position
initiale.
M’enhardissant, je parvins à traverser une rue sans
m’effondrer. Puis de rues en rues, de hoquets en hoquets, de zigzags en zigzags,
j’arrivai enfin chez mon nous. En ouvrant la porte avec la clé qui était
miraculeusement restée dans la poche, je me rappelai que ma femme et les
enfants étaient partis en fin de semaine.
Ouf, ma femme ne me verra pas dans un état proche de
l’apocalypse.
En prenant une douche, je bouchai la douche avec des
poils dont la provenance ne semblait pas humaine. En les examinant bien, je crus
reconnaître des poils de chien. En même temps, je me souvins que la nuit passée
j’avais eu une étreinte !!
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