Nous avons osé. Nous avons confié nos deux enfants à
une baby-sitter. Nous avons abandonné lâchement nos enfants afin de nous
amuser. J’entends déjà les commentaires :
- Je croyais que ton nègre gardait les
enfants ?
Mon nègre est en vacances. Et quand il est là, c’est
moi qui garde les enfants !
Nous avons passé une agréable soirée. Nous avons
imité les couples professionnels des sorties du samedi soir. Ce fut donc ciné,
plus resto. D’ailleurs le film demi-sœur
est un film pétillant et nous avons passé un bon moment.
Puis, nous avons hésité entre une boite échangiste
et un retour au bercail. Ma grande mollesse et la libido de ma femme rassasiée
par mon nègre ont choisi le bercail. Le retour à la maison fut surprenant.
Nous avons retrouvé les enfants endormis, le visage
auréolé de bonheur. La baby-sitter semblait moins détendue. D’ailleurs son
apparence était des plus surprenante. Comment l’écrire et le décrire ? Il
lui manquait une partie du corps. En m’approchant je découvris que la vie
l’avait quittée, surement en même temps que les parties du corps manquantes.
Aussitôt ma femme se précipita vers les enfants afin de vérifier si leur petit
corps était toujours animé. Elle les toucha, et le contact souple et chaud la
rassura. Elle m’appela. J’accourrai et découvris un détail que ma première
observation succincte avait confondu avec une ombre. Leurs lèvres étaient
entourées d’une moustache rouge sang. Un examen approfondi nous permit de
constater que leur petit ventre avait une forme rebondie comme celui des lionceaux
après un festin.
Nous ne paniquâmes pas. Le bien-être de nos enfants
nous avait rassurés. Cependant nous nous inquiétâmes du devenir de la
baby-sitter dont l’avenir dans ce monde était très limité. Nous aurions pu appeler la police, mais le
visage d’ange de nos deux petits chérubins ne nous autorisa pas à agir ainsi.
Nous ne pouvions que nous débarrasser du corps afin que nos enfants ne soient
pas inquiétés par une enquête qui d’une façon ou d’une autre tournerait à leur
désavantage et à l’éclatement de la cellule familiale.
Nous passâmes la nuit à confectionner de nombreux
pâtés et terrines. Puis les excédents partirent dans un sac poubelle. Nous
hésitâmes entre les containers de tri sélectif et le container de tout venant.
Nous ne savions pas où placer la boite crânienne.
Le lendemain nous questionnâmes la plus grande afin
de connaître le déroulement de la soirée d’hier. Elle nous expliqua que, comme
à son habitude, son petit frère avait mordu la baby-sitter et que cette fois-ci,
il avait refusé de lâcher prise. La baby-sitter s’était affolée et avait
trébuché et ensuite elle n’avait plus parlé. Le petit enhardi par l’immobilité
de la femme avait continué à la mordre puis y prenant goût, il avait commencé à
la dévorer. La petite intriguée par le comportement de son petit frère l’avait
imité et avait apprécié. D’ailleurs elle nous précisa qu’elle avait pour une
fois mangé sans qu’on l’y oblige.
Nous la félicitâmes et lui précisâmes de taire leur
repas, car personne ne la croirait.
Nous ne savons pas si pour notre prochaine sortie,
nous devons prévenir la future baby-sitter de la particularité de nos enfants.
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