Encore
une absence non excusée. A ce rythme, je vais passer en conseil de discipline.
Ce
qui devait arriver est arrivé :
-
Monsieur, pouvez-vous nous exposer les motifs, s’il y en a, qui ont empêchés
l’apparition d’articles sur le blog.
Moi
qui pensais que les blogs étaient un espace de liberté encore préservé. Je ne
sais que répondre à une question dont je nie l’existence.
-
Monsieur le directeur, j’ai le droit d’écrire quand je veux, ce que je veux,
sans vous en rendre compte.
Sa
tête, qui a une forme de poireau, des cheveux en brosse et un visage blanchâtre
très allongé, vire au cramoisi. J’ai dû le contrarier.
-
Un rebelle ! Messieurs, nous avons face à nous un rebelle ! Nous
allons le mater de suite.
Il
s’adresse à moi :
-
Je vous accorde une dernière chance de
nous donner une explication cohérente, sinon je supprime votre blog et votre
accès à internet.
Je
crois que je n’ai pas le choix. Je vais devoir me justifier.
-
Ma fille de trois ans est malade depuis samedi soir. Mes grands enfants ne sont
repartis qu’hier. J’ai été un peu débordé. Pour couronner le tout, je suis un
peu patraque.
-
Ce ne sont pas des excuses valables. Ecrire un article ne demande qu’une petite
demi-heure, surtout les vôtres qui sont aussi creux qu’une flute à bec.
-
Monsieur le directeur, je n’ai pas votre talent. Pour creuser une flute à bec,
j’ai besoin de beaucoup de matière. Ce n’est pas tout, l’amour d’Angela et
Nicolas me trouble. Comme vous le savez, nous votons à gauche depuis plusieurs
générations. Même si nous avons parfois des convictions de droite, nous votons
toujours à gauche. C’est une tradition que je croyais inébranlable, mais là,
leur amour me fait douter. Je ne voudrais pas être le responsable de leur
séparation.
-
Monsieur, nous lisons vos articles et nous connaissions déjà vos hésitations à
ce sujet. Je veux une raison, une simple raison qui vous a interdit d’écrire.
Pour l’instant, vos arguments ne sont que de la roupie de sansonnet.
-
Monsieur le directeur, je ne peux pas vous donner le véritable mobile. Sinon je
serai banni de l’appartement.
-
Tant pis pour vous, je vais devoir appliquer la sentence à la lettre.
-
Non ! Par pitié, c’est ma femme la responsable. Elle m’enferme tous les
jours dans le cabinet noir. En temps normal ce n’est pas dérangeant, mais avec
le froid qu’il fait, elle refuse de chauffer la pièce. J’ai le bout des doigts
gelés et je suis incapable de taper sur une touche.
- Alors si je comprends bien, vous êtes victime
de votre femme. Elle est le cerbère du cabinet noir, elle vous laisse y entrer
et vous interdit d’en sortir.
-
Oui monsieur le directeur.
Je
reconnais que je me comporte comme un poltron, mais je n’ai pas le choix. De
toute façon ma femme ne risque rien, elle est intouchable, même moi je ne peux
pas la toucher.
-
Pouvez-vous me confirmer que dans le cabinet noir où vous êtes enfermé, il y
gèle à pierre fendre et que vous ne pouvez pas y écrire ?
-
C’est exact monsieur le directeur.
-
Alors pouvez-vous m’expliquer l’apparition de cet article ?
-
Quel article ?
-
L’article que vous écrivez.
-
L’article que j’écris ?
-
Ne me prenez pas pour un con.
-
Je ne me permettrais pas.
-
L’article sur votre passage en conseil de discipline, est-ce bien vous qui
l’écrivez ?
Je
suis démasqué. Comment a-t-il pu découvrir aussi facilement le pot au
rose ? Ce sont les mystères du web. Je suis obligé de lui dire la vérité.
-
Monsieur le directeur, j’avoue tout ! C’est la paresse qui est coupable de l’absence d’article.
Devant
moi le directeur se métamorphose, d’une main il arrache son visage qui n’était
qu’un masque, et ma femme très en colère apparait.
-
Comment oses-tu te tourner les pouces pendant que je bosse comme une
malade, et en plus me faire passer pour une tortionnaire ? Prends tes
clics et tes clacs et files dehors, ainsi tu connaitras les joies d’écrire avec
les doigts gelés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire