une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







vendredi 10 février 2012

Conseil de discipline.


Encore une absence non excusée. A ce rythme, je vais passer en conseil de discipline.

Ce qui devait arriver est arrivé :
- Monsieur, pouvez-vous nous exposer les motifs, s’il y en a, qui ont empêchés l’apparition d’articles sur le blog.
Moi qui pensais que les blogs étaient un espace de liberté encore préservé. Je ne sais que répondre à une question dont je nie l’existence.
- Monsieur le directeur, j’ai le droit d’écrire quand je veux, ce que je veux, sans vous en rendre compte.
Sa tête, qui a une forme de poireau, des cheveux en brosse et un visage blanchâtre très allongé, vire au cramoisi. J’ai dû le contrarier.
- Un rebelle ! Messieurs, nous avons face à nous un rebelle ! Nous allons le mater de suite.
Il s’adresse à moi :
-  Je vous accorde une dernière chance de nous donner une explication cohérente, sinon je supprime votre blog et votre accès à internet.
Je crois que je n’ai pas le choix. Je vais devoir me justifier.
- Ma fille de trois ans est malade depuis samedi soir. Mes grands enfants ne sont repartis qu’hier. J’ai été un peu débordé. Pour couronner le tout, je suis un peu patraque.
- Ce ne sont pas des excuses valables. Ecrire un article ne demande qu’une petite demi-heure, surtout les vôtres qui sont aussi creux qu’une flute à bec.
- Monsieur le directeur, je n’ai pas votre talent. Pour creuser une flute à bec, j’ai besoin de beaucoup de matière. Ce n’est pas tout, l’amour d’Angela et Nicolas me trouble. Comme vous le savez, nous votons à gauche depuis plusieurs générations. Même si nous avons parfois des convictions de droite, nous votons toujours à gauche. C’est une tradition que je croyais inébranlable, mais là, leur amour me fait douter. Je ne voudrais pas être le responsable de leur séparation.
- Monsieur, nous lisons vos articles et nous connaissions déjà vos hésitations à ce sujet. Je veux une raison, une simple raison qui vous a interdit d’écrire. Pour l’instant, vos arguments ne sont que de la roupie de sansonnet.
- Monsieur le directeur, je ne peux pas vous donner le véritable mobile. Sinon je serai banni de l’appartement.
- Tant pis pour vous, je vais devoir appliquer la sentence à la lettre.
- Non ! Par pitié, c’est ma femme la responsable. Elle m’enferme tous les jours dans le cabinet noir. En temps normal ce n’est pas dérangeant, mais avec le froid qu’il fait, elle refuse de chauffer la pièce. J’ai le bout des doigts gelés et je suis incapable de taper sur une touche.
-  Alors si je comprends bien, vous êtes victime de votre femme. Elle est le cerbère du cabinet noir, elle vous laisse y entrer et vous interdit d’en sortir.
- Oui monsieur le directeur.
Je reconnais que je me comporte comme un poltron, mais je n’ai pas le choix. De toute façon ma femme ne risque rien, elle est intouchable, même moi je ne peux pas la toucher.
- Pouvez-vous me confirmer que dans le cabinet noir où vous êtes enfermé, il y gèle à pierre fendre et que vous ne pouvez pas y écrire ?
- C’est exact monsieur le directeur.
- Alors pouvez-vous m’expliquer l’apparition de cet article ?
- Quel article ?
- L’article que vous écrivez.
- L’article que j’écris ?
- Ne me prenez pas pour un con.
- Je ne me permettrais pas.
- L’article sur votre passage en conseil de discipline, est-ce bien vous qui l’écrivez ?
Je suis démasqué. Comment a-t-il pu découvrir aussi facilement le pot au rose ? Ce sont les mystères du web. Je suis obligé de lui dire la vérité.
- Monsieur le directeur, j’avoue tout ! C’est la paresse qui est coupable  de l’absence d’article.
Devant moi le directeur se métamorphose, d’une main il arrache son visage qui n’était qu’un masque, et ma femme très en colère apparait.
- Comment oses-tu  te tourner les pouces pendant que je bosse comme une malade, et en plus me faire passer pour une tortionnaire ? Prends tes clics et tes clacs et files dehors, ainsi tu connaitras les joies d’écrire avec les doigts gelés.

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