Lundi.
Les
vocalises d’Antonin n’ont pas éradiqué la maladie. Ce matin la fièvre était
toujours présente. Par contre, leur action s’est avérée efficace sur la toux
qui trainait depuis plusieurs semaines dans mes pauvres poumons.
Mardi.
Rien
Mercredi.
«Vice
dans la peau » : aucun rapport avec le mercredi, ni avec les autres
jours de la semaine, du mois ni de l’année. Juste quatre mots, les uns à la
suite des autres. Une suite non aléatoire. Un facteur inapte à l’intégration. Un
bonnet d’âne ajusté sur la tête du porteur dès les balbutiements, puis couronné
par quelques années de prison.
« Serrer
la vis » : aucun rapport avec le mercredi, ni les autres jours du
siècle. Antidote au vice. Une vis à bois ? À métal ? Une
vis-à-vis ? Une vis à vice ? Le vice vissé par une vis. Des sévices
au vice.
Le
serrage de vis a pressé le vice et libéré le verbe. Le verbe délivré a le verbe
haut. Cependant il est sans commune mesure avec le Verbe de Dieu.
L’absence
de verbe est avantageuse. La conjugaison n’a pas lieu d’être. Plus de futur, plus de subjonctif imparfait,
plus de passé composé, plus de passé simple, seulement un passé, un présent et
un avenir. Tant que le Verbe de Dieu est inaudible, le lendemain est là.
Les
vacances scolaires arrivent au grand galop. Pourvu qu’elles ne refusent pas au
dernier moment. Les gamins seraient tristes et des parents seraient heureux.
Jeudi.
Le
désert.
Vendredi.
La
sécheresse.
Samedi.
Jour
des vacances. Les plus grands s’envolent pour la Réunion, les plus petits iront
probablement en Bretagne.
Aucun
article n’a été écrit pendant la semaine. La citerne est toujours aussi vide, à
moins que ce soit la pompe qui refoule, ou les deux. Je soupçonne aussi, le
plus jeune des enfants d’aspirer toute l’énergie et de la garder bien
précieusement. Je ne suis pas une mère allaitante au sens propre, cependant, au
sens figuré il me tête jusqu’au sang. Je suis le père nourricier. J’ai peur
pour lui que la nourriture soit avariée et fétide. Pour l’instant il se porte
comme un charme et son père dépérit.
Pourtant
j’essaye de compenser sa succion par une ingestion quotidienne de nourriture. Je
lis le petit robert et regarde assidument tf1 et M6 afin de déglutir une
alimentation saine et équilibrée. J’épice avec les chaines de la TNT. J’évite
systématiquement la cinq et surtout ARTE, je ne tiens pas à vermifuger mon
gamin tous les mois. Malgré une alimentation compensatrice, je suis toujours l’ombre
chétive du bouleau décharné.
D’ailleurs
aujourd’hui, c’est mon ombre qui tape sur les touches du clavier, elle a plus
de consistance que le corps. Je suis l’ombre de mon ombre.
Les enfants sont réveillés.
J’ai
été les voir. Ils ne m’ont point vu. Sans soleil, ni éclairage, l’ombre ne
pouvait être.
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