Les
rouages sont réellement grippés. Ils n’entrainent plus la pompe qui aspirait
les idées. Ce n’est qu’un moindre mal. La citerne est presque à sec, une réserve
de vécu de plusieurs dizaines d’années
et dilapidée en à peine un an. C’est un gaspillage monstre et une triste
réalité. Si les engrenages réussissaient à se mouvoir de nouveau, il ne
resterait au fond de la cuve que des messages pour une semaine, et si j’en
écrivais un par an, pour sept ans.
Une
illusion de plus qui s’envole dans les souterrains nauséabonds du désespoir. Les
écrits n’étaient pas irrigués par une source d’inspiration. L’imagination n’était
qu’un mélange de souvenirs mixés, malaxés, pétris, faisandés et décomposés par
de nombreuses années de stagnation. Ils étaient ensuite amassés sur une feuille.
Ils ressemblaient de loin à de la pâtée pour chien premier prix.
Cette
merveilleuse source n’était qu’une chimère. Encore fut-elle la chimère
mythologique, j’aurais pu prétendre à une fin tragique, dévoré de l’intérieur
par un horrible monstre. Cependant elle n’est qu’une illusion dont l’esprit est
incapable d’en saisir la beauté. Comment une citerne en vulgaire béton dont l’armature
en fer laisse perler des larmes de sang, peut-elle concevoir la limpidité d’une
source ? Elle ne peut pas ;
limpidité, clarté, pureté sont des notions abstraites voire absconses. La
source héberge la libre création, la citerne n’est qu’une base de données, nécessaire
et vitale, mais limitée.
Adieu
rêves les plus fous, adieu folie romantique, adieu poésies déchirantes, adieu
étreintes torrides, adieu érections nocturnes.
La
truelle racle les dernières boues.
Une
voix stoppe mon activité :
-
Quand tu auras terminé de racler les couches du petit, afin de les laver, n’oublie
pas de vider la poubelle. Tu veux te la jouer écolo, alors assume.
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