Pourquoi vivre sur un bateau ? Tout simplement pour attendre la
montée des eaux. J’attends avec impatience car j’ai investi dans
des terres suffisamment hautes pour ne pas être envahi dans le pire
des scénarios catastrophes, et avec suffisamment de dénivelé pour
être certain d’être au bord de la mer. J’ai déjà commandé le
ponton d’accostage. Je le fixe la semaine prochaine. Pour les
autochtones, je suis un riche excentrique. Cependant le paysan à qui
je loue le pré est bien content de pouvoir poser sa balle de foin
sur le ponton à l’abri de l’humidité.
Je passe pour un schizophrène à tendance paranoïaque. C’est
faux. Je suis en analyse depuis 2003. Je vis avec une psychologue
depuis cette date. Au début c’était un amour intéressé. 50
euros la consultation, je n’ai pas hésité. Anne Sophie n’a pas
hésité non plus, le prix de la pension de sa jument exigeait un
petit sacrifice. Depuis j’ai fait mon transfert, Anne Sophie son
contre transfert et nous vivons un parfait amour. D’après Anne
Sophie je suis sain d’esprit. Donc ceci confirme que les gens qui
me suivent toute le journée sont bien réels.
Nous vivons dans le bateau dans l’attente de la montée des eaux.
Tout se passe bien. Parfois quelques incidents perturbent l’harmonie
familiale. J’en suis à chaque fois le responsable. L’autre nuit
en creusant une cave afin de stocker de bonnes bouteilles (je suis
hyperactif, je ne dors jamais), je tombe sur une source. Je manque de
m’évanouir de bonheur. L’eau potable deviendra un problème dans
les futures années, et j’ai une source juste sous les pieds :
l’avenir assuré ! Malheureusement il s’avère que l’eau
est saumâtre et impropre à la consommation. L’eau envahit le
bateau. Je dois réveiller ma petite famille afin de les mettre au
sec.
Ma femme au petit matin me dit :
- Terminées les permissions. Tu resteras dorénavant en chambre
d’isolement.
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