une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







dimanche 21 avril 2019

La mécanique et ses effets

Trois ans que je n’avais pas écrit une ligne. Exception de quelques dossiers, de deux ou trois lettres de motivation et d’une cinquantaine de signatures. Pourquoi ce besoin d’écrire pressant et incontrôlable ? Une diarrhée de l’esprit a diagnostiqué mon médecin traitant. Je reconnais qu’il a un sacré sens de l’analyse et du résumé.
L’avantage de la diarrhée est qu’elle se crée sans effort. Par contre elle n’a aucun intérêt pour le lecteur, sauf d’engendrer des spasmes de déglutition de l’esprit. Après une introspection et deux litres de dopant alcoolisé, je déterminai enfin la raison de ma gastro mentale.
Je me réfugie dans l’écriture car j’angoisse d’affronter mes fantômes qui me hante à longueur de journée. Heureusement ils me lâchent la grappe la nuit. Et oui les fantômes diurnes existent. La nuit ils sont blancs, la journée ils sont noirs. Sauf autour du cercle polaire où ils sont noirs nuit et jour. Mes fantômes correspondent à ma vie active. Je suis sensé être un mécanicien et un soudeur. Je le suis vraiment, des morceaux de papier l’attestent.
Vingt pour cent des bateaux secourus en mer sortent de révision. Je ne suis pas certain du chiffre, et j’ai la flemme de chercher sur internet. Mais le chiffre m’avait choqué. Cependant tant que je n’exerçais pas, cela ne me dérangeais pas ? Je fais mes propres révisions et si je tombe en panne, je serai pourquoi : sur mon moteur, je suis un peu laxiste. 
Sur le moteur d’un client, c’est différent. Surtout que je suis d’un naturel distrait. Et cela dès ma naissance. Je me suis trompé de sortie au détriment de ma mère. Et bien il m’arrive les mêmes mésaventures dans mon métier de mécanicien. Sur les moteurs de bateau, la moindre négligence peut induire des accidents. Une panne de moteur dans une zone de fort courant, même par temps calme, peut vous drosser sur la côte. Si c’est une plage de sable, il y a moins de risque. Mais les cailloux sont légions dans nos régions et ils adorent déchiqueter les coques. Le pire est d’être drossé sur une île peuplée de sirènes.
Dans un moteur de bateau, il y a beaucoup de fils électriques, de toutes les couleurs. Lorsque vous intervenez, vous les débranchez. Ensuite, studieux, vous les rebranchez sous le regard du client soupçonneux. Il ne faut pas hésiter. La bonne contenance s’impose, vous connectez sans trop vous préoccuper du pourquoi du comment. La mécanique n’est pas de la philosophie.
Le lendemain, évidemment, vous avez un coup de téléphone de votre client mécontent qui hurle :
- Lorsque je démarre mon moteur, le guindeau descend l’ancre ! Lorsque j’arrête le guindeau, le frigo s’arrête ! Et lorsque j’active le frigo, le moteur démarre !!!
Impassible je réponds :
- Changez les étiquettes.
L’autre jour, j’ai tellement trifouillé les connections d’un système de navigation sans fil que lorsque le propriétaire l’a enclenché, les moteurs d’un appareil israélien qui alunissait se sont éteints. Cet événement sans gravité sauf financière a montré mes limites. Pour l’instant, je ne suis intervenu que sur deux bateaux : un voilier et un non voilier. Aujourd’hui ils sont au port. Dès qu’ils sortiront, je flipperai en espérant ne pas tilter.
Ceci est la partie sur la mécanique. La soudure sera l’occasion d’un autre article si j’en ai le courage.
L’avantage de l’écriture est qu’il est difficile de mettre la vie d’autrui en danger. Elle peut parfois déclencher des blessures narcissiques, être diffamatoire. Même lorsque la plume est trempée dans du vitriol, elle ne défigure pas. D’ailleurs, si les armes de guerre étaient des plumes, nous serions trop nombreux sur terre.
Je ne suis pas plus compétent en écriture mais il n’y a pas de dommage collatéraux à part pour ma fille dont tout le monde sait qu’elle a été baptisée à son insu.

3 commentaires:

  1. Au final les machines à café ça met moins la pression (sans mauvais jeux de mots 🍺)

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  2. Genial!un commentaire. C'est certain que les effets collatéraux sont mondre. Quoique, j'ai vu des machines tellement bien entretenues, que de voir l'intérieur te donnait l'envie de vomir

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  3. Savez-vous que les moteurs ont une âme ?

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