Trois
ans que je n’avais pas écrit une ligne. Exception de quelques
dossiers, de deux ou trois lettres de motivation et d’une
cinquantaine de signatures. Pourquoi ce besoin d’écrire pressant
et incontrôlable ? Une diarrhée de l’esprit a diagnostiqué
mon médecin traitant. Je reconnais qu’il a un sacré sens de
l’analyse et du résumé.
L’avantage
de la diarrhée est qu’elle se crée sans effort. Par contre elle
n’a aucun intérêt pour le lecteur, sauf d’engendrer des spasmes
de déglutition de l’esprit. Après une introspection et deux
litres de dopant alcoolisé, je déterminai enfin la raison de ma
gastro mentale.
Je
me réfugie dans l’écriture car j’angoisse d’affronter mes
fantômes qui me hante à longueur de journée. Heureusement ils me
lâchent la grappe la nuit. Et oui les fantômes diurnes existent. La
nuit ils sont blancs, la journée ils sont noirs. Sauf autour du
cercle polaire où ils sont noirs nuit et jour. Mes fantômes
correspondent à ma vie active. Je suis sensé être un mécanicien
et un soudeur. Je le suis vraiment, des morceaux de papier
l’attestent.
Vingt
pour cent des bateaux secourus en mer sortent de révision. Je ne
suis pas certain du chiffre, et j’ai la flemme de chercher sur
internet. Mais le chiffre m’avait choqué. Cependant tant que je
n’exerçais pas, cela ne me dérangeais pas ? Je fais mes
propres révisions et si je tombe en panne, je serai pourquoi :
sur mon moteur, je suis un peu laxiste.
Sur
le moteur d’un client, c’est différent. Surtout que je suis d’un
naturel distrait. Et cela dès ma naissance. Je me suis trompé de
sortie au détriment de ma mère. Et bien il m’arrive les mêmes
mésaventures dans mon métier de mécanicien. Sur les moteurs de
bateau, la moindre négligence peut induire des accidents. Une panne
de moteur dans une zone de fort courant, même par temps calme, peut
vous drosser sur la côte. Si c’est une plage de sable, il y a
moins de risque. Mais les cailloux sont légions dans nos régions et
ils adorent déchiqueter les coques. Le pire est d’être drossé
sur une île peuplée de sirènes.
Dans
un moteur de bateau, il y a beaucoup de fils électriques, de toutes
les couleurs. Lorsque vous intervenez, vous les débranchez. Ensuite,
studieux, vous les rebranchez sous le regard du client soupçonneux.
Il ne faut pas hésiter. La bonne contenance s’impose, vous
connectez sans trop vous préoccuper du pourquoi du comment. La
mécanique n’est pas de la philosophie.
Le
lendemain, évidemment, vous avez un coup de téléphone de votre
client mécontent qui hurle :
-
Lorsque je démarre mon moteur, le guindeau descend l’ancre !
Lorsque j’arrête le guindeau, le frigo s’arrête ! Et
lorsque j’active le frigo, le moteur démarre !!!
Impassible
je réponds :
-
Changez les étiquettes.
L’autre
jour, j’ai tellement trifouillé les connections d’un système de
navigation sans fil que lorsque le propriétaire l’a enclenché,
les moteurs d’un appareil israélien qui alunissait se sont
éteints. Cet événement sans gravité sauf financière a montré
mes limites. Pour l’instant, je ne suis intervenu que sur deux
bateaux : un voilier et un non voilier. Aujourd’hui ils sont
au port. Dès qu’ils sortiront, je flipperai en espérant ne pas
tilter.
Ceci
est la partie sur la mécanique. La soudure sera l’occasion d’un
autre article si j’en ai le courage.
L’avantage
de l’écriture est qu’il est difficile de mettre la vie d’autrui
en danger. Elle peut parfois déclencher des blessures narcissiques,
être diffamatoire. Même lorsque la plume est trempée dans du
vitriol, elle ne défigure pas. D’ailleurs, si les armes de guerre
étaient des plumes, nous serions trop nombreux sur terre.
Je
ne suis pas plus compétent en écriture mais il n’y a pas de
dommage collatéraux à part pour ma fille dont tout le monde sait
qu’elle a été baptisée à son insu.
Au final les machines à café ça met moins la pression (sans mauvais jeux de mots 🍺)
RépondreSupprimerGenial!un commentaire. C'est certain que les effets collatéraux sont mondre. Quoique, j'ai vu des machines tellement bien entretenues, que de voir l'intérieur te donnait l'envie de vomir
RépondreSupprimerSavez-vous que les moteurs ont une âme ?
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