Ce matin, comme tous les matins, j’ai amené ma fille à l’école. Evidemment, nous y sommes allés en courant, à cloche pieds, en piétinant, en franchissant des rivières, en tombant, en nous poursuivant, en pleurant, en rigolant.
- Où trouve-t-elle toute cette énergie ? Me dis-je.
Au sujet de la nourriture, notre fille est aussi vorace qu’un verrat anorexique. Elle mange de bon appétit des quantités infinitésimales. C'est-à-dire qu’elle se nourrit avec des carottes râpées. Une râpure de carotte lui suffit largement. Donc sa mère et moi nous luttons pour qu’elle accepte d’ingurgiter une deuxième râpure. Actuellement nous en sommes à une et demi, nous sommes sur la bonne voie. Dire qu’elle a des camarades de classe qui font presque le double de son poids. Par contre, c’est une vraie pile électrique. Par acquis de conscience, nous avons vérifié si un interrupteur n’existait pas pour couper l’alimentation.
Donc ce matin, étonné de sa vitalité, je réfléchis tel un être humain normalement constitué (je me fais une fleur). Puis, après avoir réfléchi, c'est-à-dire trois jours, je me dis :
- Si ma fille mangeait autant que ses camarades du même âge, elle aurait en elle, beaucoup plus d’énergie à dépenser.
J’ose, oui j’ose imaginer la scène du chemin de l’école.
- Papa ! Si nous grimpions aux arbres pour aller à l’école.
Vous pouvez remarquer que ma fille, bien qu’elle soit excitée comme une puce n’emploie pas le pronom indéfini « on » à la place de « nous ». Pourtant elle ne connaît pas l’expression : on est un con.
Nous sommes dans l’arbre.
- Papa, si nous sautions de branche en branche pour aller à l’école.
J’arrête là ma narration imaginaire sur les incidences d’une absorption trop importante de calories. L’écriture sur le fait d’un arbre est un exercice périlleux, le vertige n’arrange pas les choses.
Si notre fille adorée mange peu, c’est dans le but de respecter notre équilibre psychique. Elle sait que nous supporterions difficilement de la voir escalader les murs, descendre les escaliers à reculons les yeux fermés, être en équilibre sur la balustrade du balcon, jouer l’équilibriste sur un dossier de chaise, réveiller son grand frère en lui tirant les poils, jouer au foot avec un sac poubelle rempli d’ordure, passer au travers d’une baie vitrée, exploser les meubles de la maison, grimper sur les toits avec son petit frère, traverser la baignoire en nageant le dos crawlé, arracher les touches du clavier du PC de son père, faire la nouba en pleine nuit, faire la roue dans le lavabo, transformer notre lit en champ de bataille, jouer au trampoline avec le transat de son petit frère, saboter la grasse mat de sa sœur …
Donc pour nous éviter des troubles irréversibles, notre fille pratique l’auto régulation.
Promis, ta mère et moi, nous ne te forcerons plus à manger.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire