Ça y est, les vacances scolaires sont arrivées. Elles sont accompagnées d’un flot grouillant de marmots baveux, acnéiques, morveux et impatients. Evidemment, il va falloir les occuper. En hiver, ce n’est pas si simple. Entre le petit qui a quelques difficultés à lâcher sa bronchiolite, la petite qui se métamorphose en une balle rebondissante si elle ne sort pas, et le plus grand qui est capable de rester une journée scotché devant un écran, le grand écart est la seule solution viable. Le problème est que nous sommes incapables, même échauffés, de pratiquer un tel exercice.
Il y a toujours la solution d’émanciper les gamins avant les vacances. Hypothèse qui sincèrement me conviendrait parfaitement. Ma femme, plus traditionnelle, trouve que les enfants sont trop jeunes. D’ailleurs nous nous engueulons constamment au sujet de ce sujet.
Pourtant mes arguments raisonnables devraient la convaincre :
- Economie sur les cadeaux.
Mes grands enfants de 13 et 15 ans vont évidemment lire le blog. Et oui, c’est papa et maman qui achètent les cadeaux et non le père noël qui les amène en empruntant le conduit étroit et sale de la cheminée.
Je n’ai pas l’occasion de développer mes arguments. Ma femme me répond d’un ton sec qui a comme conséquence la perte de mon système pileux.
- Emanciper un bébé de quatre mois et une adorable petite fille de trois ans, t’es complétement malade ! De plus c’est interdit par la loi.
La loi, elle a bon dos. Je connais plein de gens qui ne la respectent pas, et ils ne s’en portent pas plus mal. Et puis il suffit de souffler à Baroin que de baisser l’âge de l’émancipation permettrait de faire de substantielles économies sur les allocs.
N’empêche, je n‘ai toujours pas réussi à résoudre l’équation à trois inconnues. Entre un enfant malade qui ne doit pas sortir, une enfant qui ne veut que sortir et un drogué de l’ordinateur qui refuse de sortir sans une menace qui mettrait fin brutalement à son addiction, je suis dans la panade.
Ma femme me propose que je garde le petit pendant qu’elle sort la plus grande. Je ne peux pas, je développe des allergies au contact du bébé. Une maladie orpheline : le parkinson du vieux père. J’attrape le bébé et le transforme en bébé Orangina. Conciliante ma femme me propose une deuxième solution : j’emmène ma fille à l’extérieur. J’aimerais bien pouvoir lui rendre ce service, mais de voir la petite me tourner autour sans arrêt me donne le tournis et je vomis partout. Action qui fait désordre. Pour le plus grand, j’ai la solution : une laisse autour du coup et je le tire dehors.
Ils ne sont pas seuls à me filer des aigreurs d’estomac. Un horrible être rouge, avec une barbe blanche grouillant de petites bêtes appelées lutins, hante mes jours et mes nuits. Il apparaît tôt dans l’année, souvent après halloween, sûrement un bâtard enfanté par des sorcières. Il est partout et de toutes matières : derrière le petit écran, dans la rue, en chocolat, en nougat, en plastique, en chair à saucisse, en sex-toys, dans les tripots, dans les films, etc.
Je n’ai aucune haine vis-à-vis du père noël. Juste que je ne supporte pas le rouge. C’est génétique. Une aile de ma famille est issue de la péninsule ibérique. Il semblerait qu’au moyen âge une union contre nature ait eu lieu entre un représentant de la race des bovidés et humaine. L’histoire ne stipule pas qui était la mère ou le père.
Cette union a eu deux conséquences majeures. La première est que nous portons constamment des cornes, sauf par coup de vent. La deuxième est que nous avons un comportement irrationnel lorsque nous sommes confrontés à la couleur rouge.
Nous sommes réfractaires au communisme : le drapeau rouge.
Aucun de nous n’a pu faire médecine. Seul un membre éloigné de notre famille a eu un comportement plus proche du corps. Il se nommait, si mes souvenirs sont bons, Jack l’éventreur.
Aucun descendant n’est encore en possession de son permis. Nous roulons tous en voiturette. Le gang des feux rouges, c’est nous.
Nous sommes anti français à cause du rouge du drapeau.
Nous ne buvons que de l’eau et du vin blanc.
Nous sommes maintenant de couleur noire. Notre famille, ne supportant pas de rougir, s’est mélangée aux noirs africains afin d’atténuer cette tare.
Je n’écris pas ce texte, je suis incapable d’écrire le mot rouge.
Vous comprendrez chers lecteurs, le malaise qui m’étripe. Et le pire est que je ne peux pas dire que je vois rouge.
Le nègre de service.
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