une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







mercredi 7 décembre 2011

Soporifique.

Ce matin, il pleut. L’eau tombe du ciel. Les gouttes mouillent. L’herbe est détrempée. Les pieds sont humides. Le vent venteux projette mollement les gouttelettes sur la baie vitrée. Sous la violence du choc, le double vitrage explose.
Il ne pleut plus. Le double vitrage est rapidement remis dans sa position initiale, d’origine inconnue. Le vent vante sa vigueur. Il n’est pas contredit. De toute façon, avec le barouf qu’il fait, il n’entendrait rien.
La pluie se meurt sur les tombes du Père Lachaise, surpris le père en tombe de la chaise. Il se raccroche au mur des fédérés.
Un homme téméraire affronte la pluie, protégé par son parapluie. Téméraire parce qu’il est soluble dans l’eau. Le parapluie, made in china, est aussi soluble dans l’eau. Un miséreux récupère les vêtements abandonnés sur le sol.
Il pleut. Les grenouilles de bénitier, à l’abri de la pluie, s’aspergent d’eau bénite.
Il pleut, les toits des maisons en carton s’effondrent. Le vent pousse la pluie sous les ponts. C’est la main de Dieu qui, dans sa grande miséricorde, offre une douche aux sans-logis.
Il pleut, les canards et les connards cancanent.
La pluie infernale redouble de perversité et viole les persiennes disjointes. Un comité de soutien défile dans la rue en brandissant des parapluies. Ils réclament une peine incompressible pour les crimes humides. Une crue subite aspire les manifestants dans les regards dégoutés.
Un tel génocide provoque un tôlé dans la classe politique. Le ministre de l’eau est accusé d’avoir reçu des pots de vin de la part du ministre de l’agriculture. Ces cadeaux sont incompatibles avec ses fonctions. Elles lui permettent seulement de recevoir des brocs d’eau. Le conseil d’état le sanctionne rapidement : il sera ébouillanté sur la place publique.
Un comité de buveurs d’anisette crie au scandale. L’eau glacée est trop précieuse pour être réchauffée. Le ministre doit-être congelé, ensuite la glace sera distribuée pour rafraichir l’eau de l’anisette.
L’émoi est tel qu’un référendum est organisé.

Il pleut toujours, les maitres des chiens refusent de sortir. Quelques cachets d’imodium résolvent l’affaire.
Il pleut, les caniveaux regorgent d’eau. Les enfants y sautent à pieds joints. Les parents hurlent et les mains drapées claquent au vent.



Il pleut, le blog s’enlise dans la boue de la neurasthénie ambiante.

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