une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







dimanche 18 décembre 2011

Fuite de gaz ou somatisation

Encore une interruption de la parution des articles. Rien ne va plus. Veuillez bien me pardonner, oh généreux lecteurs ! Généreux car vous consacrez un peu de votre temps précieux à lecture du blog.
- Tu es pardonné, oh illustre chroniqueur.
Merci, merci. Ne poussez pas le bouchon trop loin.
Ecrire généreux lecteurs au pluriel était prétentieux. D’après les statistiques du blog, il y aurait un seul lecteur assidu : mézigue. Ils sont formels, j’ai un visiteur par jour. Il apparaît systématiquement au moment où je me connecte. Pourtant j’ai désactivé le suivi de mes propres consultations de pages. J’ai cru pendant de nombreux mois qu’un lecteur suivait mon blog sans relâche. Sincèrement, j’étais flatté. J’étais euphorique, un tel succès dépassait mes rêves les plus fous. Le destin sadique a détruit ma joie de vivre et j’ai percuté les désillusions de plein fouet.
Le destin sadique avait la forme inconsistante d’un informaticien chevronné qui travaillait pour la marque de voiture aux chevrons dont je tairai le nom par soucis d’équité. Il m’a expliqué que les fournisseurs de blog désactivaient le filtre (le suivi de mes propres consultations de pages), lorsque le blog ne recevait pas assez de visites. D’après une étude épidémiologique sur le suicide, il s’est avéré que le taux le plus élevé correspondait aux possesseurs de blog non lus. Pour éviter la vague de suicides, les fournisseurs ont reçu l’ordre de bloquer le filtre afin que les chroniqueurs non lus aient l’impression d’être lu. Évidemment avec le déficit, les chômeurs, les retraités, les handicapés, les malades sont exclus de cette bonne action.
Savoir que je ne faisais pas partie des exclus m’a rassuré et m’a revitalisé. Maintenant que je maîtrise le processus, j’ouvre plusieurs fois par jour la page du blog, ainsi j’ai de nombreux visiteurs.

Si je n’ai pas écrit sur le blog, c’est pour la bonne raison que je m’étais absenté. Les enfants en bas âge deviennent de plus en plus insupportables et irrespectueux. Mon grand âge, fatigué par de nombreuses années de vie, a horreur des babillements et des caprices de mômes attardés par l’éducation délétère de leur père. Donc de temps à autre, je m’absente et me réfugie avec mon égoïsme au bateau. Le tête-à-tête avec moi-même est un rêve. A peine ai-je posé le pied sur le bateau que les grands m’interpellent :
- Papa t’es là ! Je viens dormir au bateau.
- Papa t’es là ! Alors viens me chercher au lycée.
 - Papa t’es là ! T’as pas dix euros.
- Papa ! Viens jouer à « age of empires »
Faites des gamins qu’ils disaient.
Ma femme déjà délaissée pendant un an, supporte difficilement les nouvelles séparations, surtout que je me barre sans les gamins. Elle souffre de mon absence et somatise. Pas n’importe quelle somatisation. Elle n’accouche pas d’une angoisse, d’une dépression. Non, chez ma femme la somatisation, c’est de la grosse cavalerie, du cheval de trait. Elle n’agit pas sur son psychisme. Elle agit sur l’entourage. Elle déforme par la seule force de sa volonté les objets qui l’entourent.
Elle a créé une fuite de gaz près de la chaudière. Ensuite, après avoir fermé le gaz et avoir appelé la société de dépannage, elle a tenté de se réfugier chez sa mère. Cependant la somatisation avait encore une cartouche à tirer. La voiture est tombée en panne. Evidemment j’ai vécu l’ensemble en directe. Ma femme me tenait informé, minute après minute, de l’enchaînement des évènements. Ainsi je pus entendre hurler les deux enfants coincés dans la voiture en panne. Cette dernière, ne supportant pas les hurlements, consentit à redémarrer  et à ramener cahin-caha toute la petite famille à bon port.
J’appréhende les futures réactions de ma femme lors de mon prochain départ, les voisins aussi.
Le lendemain matin, presque aux aurores, j’étais là, accompagné de mon fils qui ne veut plus quitter son petit papa. Evidemment, la société d’entretien n’avait pas donné suite aux appels de ma femme. Surtout que la fuite de gaz était un peu de leur responsabilité : ils venaient de changer la chaudière. Très énervé, non par la présence de mon fils, mais par la désinvolture de l’entreprise, je les appelais et laissais un message qui devait correspondre plus ou moins à celui-ci :
- Etant sans nouvelle, je vais rallumer la chaudière et si tout pète, je ferai la une du prime-time de tf1.
Une heure plus tard, un dépanneur est arrivé, puis cinq minutes après un deuxième. Ils ont vraiment eu peur que je le fasse. Ils n’avaient pas tort. Doutant de ma raison défectueuse, j’avais appelé GDF afin qu’il coupe le gaz au général.

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