Mince ! Je n’aurais jamais dû décrire ma fainéantise nocturne. Hier soir, allongé sur le paillasson, j’ai élaboré un texte pour ma chronique matinale du midi. Je l’ai malaxée dans tous les sens afin qu’elle imprègne toute les parcelles de ma cervelle. Ce matin, impossible de la retrouver. En malaxant la pensée du soir, j’ai brouillé les neurones. J’ai la tête aussi claire qu’une bouillie Blédina après un renvoi. Petite précision : je dors sur le paillasson depuis que mon épouse a perdu sa chienne. Sa souffrance était telle que je n’ai pas eu le choix. J’en reviens à mon idée furtive.
J’ai beau me creuser les méninges, rien n’apparait à l’horizon.
- « Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir » ?
- Je ne vois que les neurones qui poudroient et le foie qui verdoient.
J’ai l’impression de chercher mes lunettes sans lunettes. Pire, je ne peux pas demander de l’aide à mes enfants ou à Aso. Tant pis j’abandonne les recherches. Peut-être réapparaitra-t-elle ?
Et si elle ne réapparaissait jamais. Que deviendrait-elle ? Resterait-elle tapie dans un coin de la tête jusqu'à ma mort ? Puis libérée du carcan physiologique, prendrait-elle son envol vers le paradis des pensées ?
A moins qu’elle ne s’échappe avant l’arrivée de la faucheuse. Elle serait capable de trouver un autre hôte avec une meilleure mémoire et un style qui la dépeindrait avec des nuances boréales. Il possèderait aussi des qualités inexistantes chez moi, telles que la compétence, la bonté, l’altruisme…
En attendant le retour de l’idée volage, j’ai d’autres tâches à accomplir : un ravitaillement béton. Quelques membres de la famille égarés dans le nord de la France viennent se réfugier à noël dans notre nid douillet. Nous serons une « onzaine ». Ce n’est pas un problème. Nous avons suffisamment d’espace pour accueillir tous les réfugiés. L’ennui est que chaque convive à un goût particulier et aucun en commun.
Par exemple : ma sœur, écolo dans l’âme, ne mange que du bio, sauf le jour de noël. Pour le réveillon, elle ne désire que des produits génétiquement modifiés, certifiés Monsanto. Trouver du foie gras génétiquement modifié est un parcours semé d’embuches. Je n’ose pas parler des huitres certifiée Monsanto.
Ma maman est une carnivore pure et dure. Elle ne mange que du cheval. Et pas n’importe quel cheval. Un cheval qu’elle a chevauché durant une trentaine d’années. Elle ne mange que les trentenaires. Le problème est que son congélateur se vide, et le prochain sur la liste est encore beaucoup trop jeune.
Mon beau-père ne mange que du fromage trentenaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que ma mère l’a rencontré : l’attirance de la trentaine. Il apporte lui-même son fromage et nous, nous fournissons l’oxygène pour les âmes sensibles.
Un de mes neveux adore les pièces montées. Cependant avant de la dévorer, il la démonte minutieusement, numérote les pièces puis la remonte à l’identique.
Un de mes neveux étudie au préalable la provenance et l’historique des aliments proposés. Ce n’est pas tout. Il arrive avec des sacs alimentaires afin de les stoker. Il part bientôt au Maroc en 4L. Il compense son génie de la mécanique par une quantité importante de nourriture pour vivre en autonomie pendant un an en cas de panne. http://la-comete-du-desert.blogspot.com/
Mon plus jeune fils est dépendant du lait de sa mère.
Ma plus jeune fille est dépendante de la purée carotte fait maison.
Mon garçon pubère est dépendant de pâtes carbonara.
Ma grande fille est dépendante d’amour et d’eau fraiche.
Ma tendre, chère et cruelle maitresse Anneso ne pense qu’à sa production de lait. C’est devenu obsessionnel. A la maison, tous les ouvrages sur la production laitière ont détrôné le vide inculte qui régnait sur les étagères. Actuellement elle ne dévore que du sainfoin.
Mon frère Bruno, gavé par sa grand-mère maternelle, jeunera le jour de Noël.
Il ne reste que votre serviteur. Mes goûts sont modestes. Je ne me nourris que de la présence de ma famille aimée.
Notre père est un vrai faux cul. Il se bâfre de foie gras avant l’arrivée de sa famille, ensuite les larmes aux yeux, il leur joue la tirade de l’amour. Chut ! Le voilà.
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