Ce texte fut écrit un samedi du mois de janvier. Le sept pout être précis. Il était exactement 21h41 lorsque l’heure 21h41 fut tapée sur les touches de l’ordinateur.
Les connexions internet sont inexistantes dans ce froid pays. Elles ont gelées. Erreur ! Ce sont les réseaux wifi qui sont tétanisés par l’air glacial. D’ailleurs lorsque le regard devient plus inquisiteur, il peut apercevoir les octets paralysés suspendus à un fil presque incolore. Les guirlandes ainsi formées tiennent compagnie aux traditionnelles décorations de noël encore en service.
Un homme tente de dégeler les connections à l’aide d’un décapeur thermique. Perché sur un escabeau, emmitouflé dans une combinaison de survie, il peste après cette putain de vie qui a décidé qu’il serait d’astreinte le jour des trente-trois ans de sa fille. Il a déjà raté les vingt-deux ans à cause d’une tempête de neige. A l’époque, il était d’astreinte à la DDE. Il est déçu, car le prochain double de chiffre correspondra à un nombre qui ne représente rien pour lui. Le département de la Loire Atlantique ne lui est pas inconnu, et n’a pas envie de le connaître. 33 était pour lui le fondement même de la philosophie de sa vie. Il s’était découvert épicurien devant une bière, des bières d’une marque ayant le même chiffre que le département de sa naissance. Il y avait vu le signe du plaisir. Trop occupé à grommeler dans sa barbe de trois jours et trois heures, il dégèle la connexion trop rapidement. Les octets chutent et s’éparpillent sur le sol.
La femme de ménage, honnête ne pique rien. Elle a hoquetée en apercevant tous les octets à ramasser.
Dimanche 09h42, les connexions sont toujours figées. Une panne de chauffage a, en supplément, gelé les synapses. L’intérieur de la chambre est pétrifié. Les draps sont durs comme de la pierre de granit. La seule solution qui se présente est d’allumer un feu avec le mobilier en bois. Jusqu'à maintenant, la seule source de chaleur était l’ordinateur portable. Nous étions blottis autour de lui. De vrai «geek ».
Maintenant la résidence est en feu. Un feu glacial. Les flammes sont statufiées par le froid. Les pompiers impuissants avec les lances à incendie s’improvisent sculpteurs. Armés de tronçonneuses, de scies, de haches, de ciseaux à bois, de cotons tiges, ils taillent à coup de serpes. Un badaud avisé ne comprend pas. Comment peuvent-ils tailler à coups de serpe alors qu’ils n’ont pas de serpe ? Un pompier serbe nullement déstabilisé par le badaud, s’esclaffe devant l’œuvre d’art qu’il vient de créer : un snipper perché sur une défense d’éléphant. Un pompier, d’origine inconnu et pas encore expulsé, exhibe une sculpture : de l’hyper réalisme : un feu de résidence grandeur nature.
A l’intérieur des flammes, des anciens dictateurs dansent sous l’impulsion de grenouilles de bénitiers. Le corps de ces dernières est réfugié derrière une tenue de cuir lacée dans le dos. Certaines se servent de fouet en cuir noir, d’autres tiennent des fourches rouillées chauffées à blanc. Lorsqu’elles faiblissent, elles portent à leur bouche une fiole d’eau bénite. Elles appliquent à la lettre le châtiment infligé par Dieu. Chaque décès causé directement et indirectement par ces tyrans est récompensé par un coup de fouet et un pique de fourche éternel. Kim Jong-il nouvel arrivant est abasourdi par la tournure que prend le culte de la personnalité.
La connexion réchauffée par l’incendie transporte de nouveau les octets.
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