Ce matin, je broie du noir. Les noirs disent-ils : « je broie du blanc ? »
Je broie du noir car j’ai fait un horrible cauchemar. J’étais devenu un français xénophobe :
« La France est envahie par des étrangers qui volent notre travail, notre pain, nos petits commerces, notre argent, nos sacs à main et violent nos femmes et nos enfants. Je hais tous ces étrangers qui préfèrent le foulard au béret, le mouton au saucisson et le thé à la menthe au pinard. Je hais tous les gens qui n’ont pas la même couleur de peau et qui ne se lavent pas.
Africains noirs, africain du nord, restez chez vous ! Ne salissez pas le sang pur et noble des français. Vous n’avez pas les compétences et le tact pour apprécier les trésors de notre civilisation. Vous extorquez les emplois qui reviennent de droit à nos humbles français qui sont obligés de se contenter du RSA. Vous travaillez comme des rats dans des sous-sols insalubres. Vos enfants sont la lie de la jeunesse, ils propagent la haine et la violence dans nos établissements scolaires. Rentrez chez vous et prenez exemple sur les européens qui ont su parfaitement s’intégrer, évidemment à par les roumains. Seulement, sont-ils vraiment européens ? »
Ce fut une descente aux enfers, je ne comprenais pas mes nouvelles motivations qui n’avaient pas de véritable fondement. Seule la peur me guidait. J’étais devenu comme ces habitants d’un village de l’Oise dont la population est française et dont quatre-vingt-dix pour cent des citoyens avaient voté pour le front national. Ils ne côtoyaient aucun étranger!
A mon réveil, j’ai failli vomir. Pourquoi autant de haine vis-à-vis de cette population alors que d’autres étrangers vivent en France sans le moindre problème.
Les hollandais se sont fondus dans la population locale. Ils ont racheté des maisons rurales abandonnées par nos concitoyens. Ils les ont retapées et passent leurs vacances heureux comme des français de pure souche. Ils sont tellement discrets et courtois qu’ils n’osent pas déranger le commerçant du coin. Ils viennent avec leurs propres victuailles.
Les anglais sont aussi très friands de ce genre de petites maisons. Si possible pas trop loin de la mer. Ne sont-ils pas marin dans l’âme ? Les français sympathiques ont accepté de vivre en HLM afin de laisser la place à ces pauvres migrants.
D’autres nations sont toutes aussi discrètes : la Russie, la Chine, le Qatar…ils achètent des morceaux de la France sans que personne ne conteste. Le pire est que quelquefois l’argent à des origines douteuses.
Comme quoi :
- Il vaut mieux être un arabe riche qu’un marocain pauvre.
- Un dictateur noir qu’un enfant somalien.
- Un mafioso russe qu’un réfugié tchétchène.
- Un navigateur anglais qu’un gitan dans sa roulotte ou un rom roumain dans sa cahute en carton.
- Un dirigeant du système bancaire qu’un client à découvert.
En partant du principe que tous les immigrés pauvres sont des voleurs potentiels, il n’est pas certain que ce soient eux qui nous spolient le plus.
Si tous les intolérants, tous les xénophobes sous l’impulsion d’une baguette magique se retrouvaient dans les pays d’origines des migrants, ne deviendraient-ils pas, eux aussi, des immigrants clandestins et pour les plus ambitieux, des passeurs ou des pirates?
Par exemple, prenons un ministre de l’intérieur quelconque. Plongeons-le dans une marmite de potion magique qui le transforme en enfant noir de trois ans vivant dans un pays de la corne de l’Afrique. Aurait-il le même discours ? Serait-il pour les reconduites à la frontière sans discernement ? Aurait-il la même opinion vis-à-vis des pirates et des passeurs. Ambitieux comme il est, il serait surement l’un d’eux.
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