une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







lundi 15 juillet 2013

Vieux con



Les jours, les semaines, les mois, les années défilent et je n’attends plus le verdict qui vient de tomber à l’instant sur le pc. Je m’y attendais, mais sincèrement j’étais loin de m’imaginer que ce serait aussi rapide. Le verdict est sans appel : depuis aujourd’hui je suis dans la catégorie qui couronne la vie de tout être humain, je suis un vieux con.
 Changer de catégorie du jour au lendemain sans transition et préparation pédagogique est violent, heureusement que je pratique une activité sportive régulière sinon, c’était l’infarctus du myocarde.
Je reconnais que j’ai toujours fait partie de ce qu’on appelle communément les cons. J’ai tout d’abord intégré la confrérie des jeunes cons. Je l’ai fréquentée longtemps. Je m’y sentais à mon aise, comme une paramécie dans une éprouvette de laboratoire. Avec les cheveux longs, la parka et l’air fumiste, j’étais l’élément type du jeune con, dixit mes ainés de l’époque qui me souhaitaient une bonne guerre, histoire de faire de moi un homme. Je n’ai pas eu besoin d’une bonne guerre pour passer à l’âge supérieur : l’âge du moyen con.
Cette période, du moins pour moi, s’est située entre trente ans et maintenant. Age où l’homme affermit sa vie professionnelle et pratique le coït non interrompu afin d’avoir de jeunes petits cons. J’ai consciencieusement suivi les instructions du parfait moyen con ; je suis père de quatre enfants et… je ne suis plus établi professionnellement. J’ai été plus con que la moyenne, je me suis sabordé. Ceci est ma première réussite : être le meilleur. Dommage qu’il n’existe pas un classement du plus con, car je suis certain que je serais dans le peloton de tête.
Passer dans la classe supérieure des vieux cons aurait dû être perçu comme une gratification. Cependant, la masse des vieux cons est telle que ma connerie n’arrive pas à la percer. Je suis devenu un vieux con anonyme et j’ai horreur de l’anonymat.

dimanche 14 juillet 2013

Coucou



Je tape vite fait quelques mots. Je suis un peu occupé ces derniers jours. Ce qui me laisse peu de temps pour écrire. Et lorsque quelques minutes de liberté apparaissent, le plus jeune se réveille afin d’en profiter avec moi. J’ai bien tenté l’écriture à quatre mains, cependant nous n’avons pas la même technique de frappe. Il est plus dans la pulsion que dans la réflexion. Si je le lâche, les touches du clavier auront une tendance à s’échapper. D’ailleurs le PC de sa mère ressemble plus à un crâne chauve qu’à mon système pileux fertilisé par Monsanto. Elle a tenté, elle aussi, l’écriture à quatre mains. Par contre la comptable a eu quelques difficultés à interpréter le bilan.
Ceci explique que les articles se raréfient comme mes montées de libido. Je suis sur-occupé et mes loisirs quotidiens ne sont plus quotidiens. Même les séjours au bateau s’espacent. Je profite d’un moment de paix (les enfants sont à la piscine avec leur mère) pour écrire quelques lignes sans intérêt.
D’ailleurs il me semble entendre leurs cris aigus et perçants. Fausse alerte, c’était la perceuse du voisin qui s’excitait contre un mur. Personnellement je préfère les trous tout faits. Chacun ses fantasmes.
Maintenant que j’ai du temps pour écrire, ce sont les idées qui rechignent à sortir de ma calebasse. À force de rester stockées, elles se sont agglomérées. Impossible de les dissocier. Impossible aussi de les extraire toutes ensembles. Cela donnerait un pavé  indigeste de 758,3 pages. Pourquoi pas ? Mais je ne me remettrai jamais d’un tel arrachement du fondement du Moi. Je suis un être trop sensible et surtout trop étroit pour accoucher d’un tel monstre. Donc vous vous contenterez d’une dizaine de lignes toutes aussi indigestes mais nées sans forceps.