une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







samedi 31 décembre 2011

Sevrage

- Au secours ! A l’aide ! Mon père veut m’assassiner. C’est immoral et contre les tendances de la psychanalyse. C’est moi qui devrais tuer le père.
Je ne passerai pas la fin de l’année. Il a manipulé ma mère. Il l’oblige à me sevrer.
Je ne conçois pas une vie sans les seins de ma mère. Comment dormir sans sentir la douce caresse ondulante de ces monts ? Où vais-je posé mes lèvres sculptées avec précision dans le but de s’emboiter parfaitement sur les tétons ?  Depuis quelques nuits, ma mère profite de mon sommeil pour me coucher dans un lit qui n’est pas le mien. Ma place est au côté de ma mère et je désire y rester. Elle tente aussi de me donner le biberon, jusqu’à maintenant j’ai réussi à résister. Je pensais même avoir gagné. Hier, j’ai surpris une discussion entre ma mère et mon père. Ce dernier disait :
- Tu n’as qu’à me le laisser une journée ou deux. Il sera bien obligé de prendre le biberon, et à la rigueur, il terminera aux urgences sous perfusion.
Oui, vous avez bien lu, j’ai retranscrit mot à mot la phrase interceptée. Je suis conscient que ma mère ne tolèrerait pas une telle méthode. Mais elle reflète la nouvelle orientation politique de mes parents : me retirer les seins !
J’étais bien, j’étais heureux, j’appréciais la vie telle quelle. Un sourire, des hurlements, une paire de seins. Un sourire, des hurlements, une paire de seins. Que peut-on désirer de plus ? Certains diront que c’est l’apprentissage de la vie. C’est exact, je viens d’apprendre que le bonheur est éphémère.
Mon père est responsable de l’effondrement de mon univers. Il n’a jamais supporté que j’accapare les deux seins et le corps sur lequel ils sont greffés. J’avais réussi l’exploit de le foutre à la porte de notre chambre. De toute façon, son grand âge ne lui permettait plus de commettre l’acte primitif. Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas assisté à la scène primitive, et comme vous l’avez compris, il ne peut plus. J’ai sous-estimé sa rancune et son animosité. Comme quoi les vieux sont des teigneux.
J’ai peur. J’ai peur de ne plus sentir la petite de goutte de lait perler et choir sur la langue. J’ai peur de ne plus dormir avec un téton en bouche. J’ai peur de ne plus avaler ce précieux liquide que je gardais en moi. J’ai peur d’avoir dans la bouche une tétine en caoutchouc ou en silicone. J’ai peur du silicone et de toutes les matières plastiques qui peuvent être source de cancer. J’ai peur de quitter ma maman.

Bien que je sois malheureux, je n’oublie pas de vous souhaiter une bonne fin d’année.

Texte écrit par mon grand frère, je ne maîtrise pas encore l’écriture.

vendredi 30 décembre 2011

Indigestion

Les jouets ont réussi à meubler deux articles du blog. Je pourrais réitérer, j’aurais une excuse viable. Je n’appliquerais que le dicton « jamais deux sans trois » à la lettre. Cependant, les jouets ont disparu de l’appartement, au grand désespoir de mes enfants. La vente sur internet a  été efficace.
Encore quelques lignes à écrire et ma chère et tendre me délivrera du cabinet noir. Un petit effort de création. Les neurones sont bloqués par une matière gélatineuse. J’ai trop ingéré de foie gras, une partie a migré vers le cerveau. Ce dernier sollicité surchauffe, et l’imagination n’est qu’un filament de gras qui englue les touches du clavier.
Je lutte contre deux handicaps : une imagination grasse et des touches gluantes sur lesquelles les doigts n’ont aucune prise. Pour le premier, je n’ai aucune parade, j’ai tenté le vin blanc, il n’a permis qu’une meilleure fusion entre les neurones et le foie gras. Pour le deuxième handicap, des gants de vaisselle à picot ont pallié le manque d’adhérence. Ainsi, un article à base de cholestérol prend naissance.
Lecteurs, un conseil, après avoir lu l’article, lavez-vous les mains et désinfectez l’écran. Ceci n’a aucun rapport avec le foie gras. A la maison, nous hébergeons une amie un peu collante. Nous avons un peu de mal à nous en débarrasser. Elle est arrivée en catimini le jour de noël, depuis elle n’a pas quitté l’appart. Louise a joué avec, puis son grand frère Vivien a pris le relais. Le problème de cette amie est sa conception du plaisir. Elle ne s’éclate que lorsque les enfants se vident et restent alités. Je reconnais qu’elle est efficace sur un point, elle a décollé le plus grand des écrans. Pour ceux qui n’ont pas un antivirus mis à jour, je crains que l’amie vous rejoigne.
Mission accomplie, j’ai écrit le quota de lignes imposé par l’autorité suprême. Je tape à la porte du cabinet noir afin de monter mon travail et d’être libéré. La porte s’ouvre, je n’aurais pas dû rappeler mon existence. De nombreux objets obscurcissent le champ visuel : une table à repasser avec une pile de linge défiant les lois de l’équilibre, un aspirateur, un balai brosse et sa serpillère, un chiffon anti-poussière…

jeudi 29 décembre 2011

Silence

Le silence règne de nouveau dans la maison. Les enfants dorment et les jouets sonores ont été expédiés vers une destination inconnue.  Je les ai troqués contre des cubes en mousse. Je les conseille à tous les parents sensibles au bruit. Il est même possible de les remplacer par des éponges. Ainsi la journée, elles font fonction de jouet, et lors des tâches ménagères, elles jouent leur rôle pour lequel elles ont été conçues.
Le père noël, très informé, connaissait la présence d’un petit garçon de quatre mois. Evidemment, il ne l’a pas oublié. Antonin, comme les autres enfants, a été submergé de cadeaux. Cette profusion de présents ne l’a pas détourné de sa principale mission, ne pas perdre de vue les seins de sa mère. Mission qu’il accomplit parfaitement. D’ailleurs, dès que sa mère ou son père tente de lui présenter un ersatz de sein, appelé communément biberon, il hurle dans les aigus et explose comme à son habitude les verres en cristal que bêtement nous remplaçons après chaque vocalise.
Sa mère doit reprendre le boulot dans une quinzaine de jours, et il refuse systématiquement tout ce qui ne correspond pas à une peau tendre et onctueuse.

mercredi 28 décembre 2011

Vive les jouets


Les cadeaux de noël fleurissent les ramifications du web. De nombreuses personnes revendent leurs cadeaux. Cette année je vais oser. Je ne revendrais pas mes propres cadeaux mais ceux de mes enfants.
Je n’ai aucune animosité envers mes enfants, ni envers les jouets en général. Je n’ai rien contre les jouets en mousse, en un seul morceau et sans pile. Ils n’ont que des avantages. Ils ne sont pas bruyants et ne s’éparpillent pas dans la chambre ou dans le salon en une multitude de petites pièces refusant de rejoindre leur boite toute seule. Les petits morceaux ont même la fâcheuse manie de se glisser sous les meubles et ensuite de coincer l’aspirateur. Je n’ose pas évoqué sur ce post, la souffrance endurée par les genoux et le dos lors de la récupération de ces maudites pièces.
Les fabricants devraient afficher sur les étiquettes des recommandations autres que celle écrites habituellement :
- Déconseillé aux parents possédant un aspirateur.
- Déconseillé aux parents souffrant d’arthrite du genou.
- Déconseillé aux parents possédant des recoins inaccessibles.
- Déconseillé aux parents de plus de quarante ans.
- Déconseillé aux parents souffrant d’un lumbago.
- Déconseillé aux parents considérant que la terre est basse.
- Déconseillé aux parents qui ne sont pas encore parents.
Ou,
- Prévoir un tube de colle pour maintenir les pièces du puzzle assemblées.
- Prévoir un coffre à jouet cadenassé, afin d’éviter à l’enfant de perdre ses jouets.
- Prévoir un casque ; lors d’une remontée après une récupération, la tête peut heurter des objets tels que fenêtres, tiroirs, poignées de portes, clés dépassant, porte de buffet…
- Prévoir des balises lumineuses afin de matérialiser un chemin dans la chambre de l’enfant ; en cas de gastro, l’accès au lit de l’enfant est primordial.
Je ne m’étendrai pas non plus sur tous les jouets d’éveil qui fonctionnent avec des piles et qui débitent toujours la même litanie.
J’en reviens à la vente des jouets de ma fille. Elle a été comblée : entre les grands-parents, les tantes, la maman, les amis nous possédons suffisamment de jouets pour acheter une franchise de magasins spécialisés.
Cependant, je suis un papa ouvert et généreux. Je ne revendrai pas tous ses jouets. Juste ceux qui m’explosent les tympans :
Un tambour, un xylophone, un simili piano électronique, et de nombreux jouets d’éveil qui concurrencent le bébé dans l’émission de décibels.

Surprise

Avant-hier, j’ai eu un anniversaire surprise. Ce n’est pas l’anniversaire en lui-même qui était surprenant ; il correspondait parfaitement au jour de ma naissance. C’est la manière dont a été fêté mon anniversaire qui était inopinée.
Mes enfants ont pris en charge le repas du soir. Aidés de ma tendre et chère, ils ont organisé en catimini le diner festif. Anneso m’avait au préalable enfermé dans le cabinet noir afin que j’écrive la chronique quotidienne tant attendue.
 Je vous remercie tous. C’était le plus bel anniversaire de ma vie.

lundi 26 décembre 2011

L’anniversaire, un adversaire redouté.

Les fêtes de noël sont derrière nous. Jésus est maintenant à nos côtés. Profitons de sa sagesse avant qu’il ne reparte de nouveau.
Il reste quelques jours avant la fin de l’année. Ça c’est un scoop, pas encore un buzz, mais ça ne devrait pas tarder.

Il reste quelques minutes avant qu’un évènement rituel matérialise un fait impalpable. Un fait basé sur la durée, sur l’intervalle temporel, sur le rythme des saisons, sur l’alternance du froid et du chaud. Un fait espéré et redouté. Il incarne la maturité puis le blettissement. Son caractère répétitif entraine la dessiccation du corps.
L’empilement de ce fait conduit irrémédiablement à la mort. Il est comme un virus, un virus qui se reproduit très lentement et dont aucun antidote n’a encore été trouvé par la science. Le paradoxe est que l’homme dans son ensemble désire être infecté le plus possible, alors que l’infection est mortelle. Un deuxième paradoxe s’ajoute à l’inconcevable. La non-infection conduit à la mort encore plus rapidement.
Ce fait est redouté. Peu d’humains sont assez téméraires pour l’affronter seuls. Ils s’entourent de gardes du corps. Pas n’importe lesquels, des personnes de confiance, choisies minutieusement parmi les membres de la famille et les amis. Ensuite, une cérémonie est organisée afin d’apaiser le sacrifié. Un autel est dressé dans la pièce. Il est recouvert de victuailles et d’ambroisies. Le sacrifié et les convives se regroupent autour de l’autel. Ensemble, ils se bâfrent et boivent jusqu’à plus soif.  Le rituel se clôt fréquemment par une illumination créée par des cierges et une profusion d’offrandes. Le sacrifié doit éteindre les cierges en une seule fois et ouvrir les présents en pouffant. Si ce dernier acte se déroule en respectant les rites ancestraux, l’homme pourra espérer passer une année convenable.
Quelquefois, un être héroïque décide d’affronter seul le rite initiatique. Souvent, au dernier moment une horde de convives débarque au dernier instant afin de les soutenir dans la lutte.
D’autres n’ont pas le choix, ils restent seuls face à l’adversaire. Que deviennent-ils ?

Encore quelques heures de répit avant d’affronter cet éternel adversaire.

dimanche 25 décembre 2011

Joyeux Noël



Joyeux Noël à ma famille, à mes amis, aux lecteurs assidus, aux voisins, aux cyclistes, aux cystites, aux femmes enceintes, aux belles femmes, aux femmes obèses, aux femmes jeunes et décaties, aux vieilles femmes resplendissantes, à Marie Thérèse, aux jouvenceaux acnéiques, aux jouvencelles, aux retraités jouant à la marelle, aux vieillards assis sur la margelle, aux lecteurs occasionnels, à la mère Michèle, aux hommes ordinaires, aux éradicateurs des tortionnaires, aux navigateurs solitaires, aux célibataires, aux prothésistes dentaires, aux disquaires, aux teigneux non téméraires, aux vicaires, aux révolutionnaires, aux vicieux, aux curieux, aux culottés, aux tératologues, aux logopédistes, aux pédicures, aux curés, aux résistants, aux tantouzes, aux partouzeurs, aux tousseurs, aux maîtres à penser, aux espérantistes, aux cireurs, aux fêtards dans le cirage, aux troubles fête, aux roublards, aux contorsionnistes arthritiques, à l’intelligence du cœur, aux terroristes pacifiques, aux laboureurs, aux machistes efféminées, aux pauvres généreux, aux culs-de-jatte, aux généreux riches, aux maîtresses d’écoles, aux maîtresses tout court, à la jeunesse chrétienne, à la jeunesse crétine, aux citadines, aux radines, à Clémentine et Joséphine, aux lapines, aux pinailleurs alcooliques, aux pinardiers au gosier asséché, aux rêveurs utopistes et rigides, aux non rigides, à mon nègre, à mon amant, aux bellâtres gras du bide, aux libidineux squelettiques, aux alpinistes sensibles au vertige, aux adeptes de la scientologie émasculée, aux hommes troncs, aux culs-terreux, aux hérissons survivants, aux musulmans, aux ottomans, aux gens du mans, aux animistes, aux handicapés, aux esclaves, aux bonobos, aux bobos, aux noctambules aveugles, à mes ancêtres, aux Inuits, et bien évidemment aux grenouilles de bénitier.

samedi 24 décembre 2011

Dubitatif !


Elle est revenue penaude la queue entre les jambes. Elle s’est prise une claque. Son compagnon d’un jour l’a rejetée comme un préservatif mainte fois reprisé. L’idée n’était que lumineuse. Les féeries de noël sont semblables. Elles brillent de mille feux, donnent un sentiment de bien-être, certaines rivalisent d’effets spéciaux. Cependant aucune chaleur ne se dégage d’elles. Elles sont aussi froides qu’une grenouille de bénitier.
Mon idée égarée était ainsi, elle était aussi creuse qu’une chouquette. Je l’ai accueillie froidement. J’étais refroidi  par son infidélité et non pas par la grenouille de bénitier. Généreux et rancunier, je l’hébergeai. Je décidai de la punir. Le châtiment fixé pour un comportement aussi déviant est la vivisection sur la place publique.

La fameuse idée de départ, celle qui s’était barrée en emmenant tous ses rejetons était basée sur le syndrome de la page blanche. De là, l’imagination avait associé blanche, notion plutôt abstraite à une chose bien réelle en hiver : la neige. La neige en cette période hivernale est abondante en montagne.
En fusionnant les éléments, nous trouvons l’auteur assis à son bureau avec une feuille blanche devant lui. Le bureau est situé dans une pièce incluse dans un chalet d’altitude. L’auteur ne supportant pas l’atmosphère surchauffée a ouvert une fenêtre. Une grenouille de bénitier aurait eu le même effet, mais aucune n’était disponible. Maintenant que le décor est en place, l’action peut commencer.
Un courant d’air, créé par un enfant insensible au dur labeur de griffonnage, emporte la feuille blanche dans la neige. L’auteur n’étant plus de première jeunesse n’arrive pas à différencier les deux éléments. L’homme, effrayé par le destin maléfique qui le poursuit depuis plusieurs jours, enfile des chaussures de neige. Il sort.

Scène II.
Derrière lui le chalet, devant lui à une dizaine de mètres, une forêt de conifères, entre les deux, une zone d’incertitude. Zone sensée héberger la page vierge.
J’avais oublié, le chalet est dans le parc du Mercantour. Evidemment des loups surgissent les babines retroussées et l’un des leurs adresse la parole à l’auteur :
- Ouuouououououououououououououououououououououououououoh !
Pour les personnes qui ne sont pas bilingue, je traduis simultanément le texte.
- Bipède bigleux, n’aurais-tu point vu un caribou ?
L’auteur n’est pas surpris par l’apparition des loups. Par contre, connaissant la faune et la flore des alpes du sud, il sait qu’il n’y a pas de caribou. Il explique aux loups l’incongruité de leur quête.
- Nous le savons, répond le loup. C’est pour cette raison que nous sommes là. Nous connaissons vos dons de créateur. Nous comptions sur vous pour que vous incorporiez un troupeau de caribous échappés d’un rêve dans la forêt. La viande de mouton devient de plus en plus indigeste. Entre les bergers et les Patous, chien allergique aux loups, le mouton nous laisse un goût amer dans la gueule. Il n’y a pas de raison que nos congénères canadiens mangent du caribou et nous des charognes et quelques lapins perclus de myxomatose.
L’auteur est dubitatif. Il adore utilisé ce mot. Il lui trouve une connotation érotique. L’auteur dubitatif ne sait que répondre. Contrarier des loups n’est pas sans conséquence. De nombreux enfants, de femmes ont été dévorés par les loups par pures représailles. Si l’homme a exterminé le loup, ce n’est pas pour le plaisir. Comment expliquer aux loups, que les interférences entre le réel est l’imaginaire relèvent de l’hérésie ? Si l’homme a brulé vives des sorcières, ce n’est pas pour le plaisir. L’auteur, homme de ressource, trouve une solution en demi-teinte.
- Loups, j’ai une solution qui se rapprochera de vos désirs.
- Nous t’écoutons bipède.
- Je n’ai pas de caribou mais du Canigou. A l’oreille, c’est pratiquement la même chose. Pour mon fils dyslexique, c’est le même mot. Cependant, je vous l’offrirai en échange d’un menu service.
- Bipède, nous connaissons le désintéressement naturel de l’homme, nous acceptons de troquer la page blanche contre du cabiloup.
- Du canigou reprend L’auteur toujours dubitatif.
Il accepte le troc en surveillant de près les crocs acérés.
Les loups, beaucoup plus tolérants et pacifiques que les croyances ancestrales nous l’ont laissés supposer, acceptent dubitatifs.

Scène III
Les loups mangent de la pâtée pour chien à même la neige. Ils dévorent jusqu'à la dernière miette et remercie l’auteur.
- Bipède, nous te remercions. Nous aurions préféré chasser le caribou, mais nous devons nous adopter à notre nouvel environnement. Nous regrettons le temps où nous pouvions violer les femmes et les enfants, et ensuite les dévorer. Par contre comment se fait-il que tu possèdes autant de boites de Canigou, alors qu’aucun quadrupède à quatre pattes n’est couché entre tes jambes ?
L’auteur est dubitatif. Les boites ont une origine trouble. L’auteur n’est ni un enfant pré-pubère, ni une femme. Il ne risque donc aucun châtiment corporel de la part des canis lupus. Il peut dévoiler la triste vérité.
- J’ai un ami passionné de contrebande. Tous les jours, il passe la frontière italienne avec des marchandises. Cependant, étant foncièrement honnête, il importe que des marchandises légales. Il achète des boites de Canigou un certain prix en Italie et les revend moins cher en France.
Les loups interloqués par l’ineptie de l’action proposent à l’homme une idée non volatile :
- Bipède, ton copain ne pourrait-il pas passer des caribous en contrebande du  Canada ?  Comme tu dis si bien : « à l’oreille c’est pratiquement la même chose ». En échange, étant donné que rien n’est gratuit en votre monde, nous t’aiderons à noircir tes feuilles blanches.
L’auteur est dubitatif. Il réfléchit quelques secondes en surveillant les crocs acérés. L’offre est trop alléchante, il accepte.

Scène IV
Une meute de loups chasse une harde de caribous dans le parc du Mercantour.

jeudi 22 décembre 2011

Menu du réveillon de Noël

Mince ! Je n’aurais jamais dû décrire ma fainéantise nocturne. Hier soir, allongé sur le paillasson, j’ai élaboré un texte pour ma chronique matinale du midi. Je l’ai malaxée dans tous les sens afin qu’elle imprègne toute les parcelles de ma cervelle. Ce matin, impossible de la retrouver. En malaxant la pensée du soir, j’ai brouillé les neurones. J’ai la tête aussi claire qu’une bouillie Blédina après un renvoi. Petite précision : je dors sur le paillasson depuis que mon épouse a perdu sa chienne. Sa souffrance était telle que je n’ai pas eu le choix. J’en reviens à mon idée furtive.
J’ai beau me creuser les méninges, rien n’apparait à l’horizon.
- « Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir » ?
- Je ne vois que les neurones qui poudroient et le foie qui verdoient.
J’ai l’impression de chercher mes lunettes sans lunettes. Pire, je ne peux pas demander de l’aide à mes enfants ou à Aso. Tant pis j’abandonne les recherches. Peut-être réapparaitra-t-elle ?
Et si elle ne réapparaissait jamais. Que deviendrait-elle ? Resterait-elle tapie dans un coin de la tête jusqu'à ma mort ? Puis libérée du carcan physiologique, prendrait-elle son envol  vers le paradis des pensées ?
A moins qu’elle ne s’échappe avant l’arrivée de la faucheuse. Elle serait capable de trouver un autre hôte avec une meilleure mémoire et un style qui la dépeindrait avec des nuances boréales. Il possèderait aussi des qualités inexistantes chez moi, telles que la compétence, la bonté, l’altruisme…
En attendant le retour de l’idée volage, j’ai d’autres tâches à accomplir : un ravitaillement béton. Quelques membres de la famille égarés dans le nord de la France viennent se réfugier à noël dans notre nid douillet. Nous serons une « onzaine ». Ce n’est pas un problème. Nous avons suffisamment d’espace pour accueillir tous les réfugiés. L’ennui est que chaque convive à un goût particulier et aucun en commun.
Par exemple : ma sœur, écolo dans l’âme, ne mange que du bio, sauf le jour de noël. Pour le réveillon, elle ne désire que des produits génétiquement modifiés, certifiés Monsanto.  Trouver du foie gras génétiquement modifié est un parcours semé d’embuches. Je n’ose pas parler des huitres certifiée Monsanto.
Ma maman est une carnivore pure et dure. Elle ne mange que du cheval. Et pas n’importe quel cheval. Un cheval qu’elle a chevauché durant une trentaine d’années. Elle ne mange que les trentenaires. Le problème est que son congélateur se vide, et le prochain sur la liste est encore beaucoup trop jeune.
Mon beau-père ne mange que du fromage trentenaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que ma mère l’a rencontré : l’attirance de la trentaine. Il apporte lui-même son fromage et nous, nous fournissons l’oxygène pour les âmes sensibles.
Un de mes neveux adore les pièces montées. Cependant avant de la dévorer, il la démonte minutieusement, numérote les pièces puis la remonte à l’identique.
Un de mes neveux étudie au préalable la provenance et l’historique des aliments proposés. Ce n’est pas tout. Il arrive avec des sacs alimentaires afin de les stoker. Il part bientôt au Maroc en 4L. Il compense son génie de la mécanique par une quantité importante de nourriture pour vivre en autonomie pendant un an en cas de panne. http://la-comete-du-desert.blogspot.com/
Mon plus jeune fils est dépendant du lait de sa mère.
Ma plus jeune fille est dépendante de la purée carotte fait maison.
Mon garçon pubère est dépendant de pâtes carbonara.
Ma grande fille est dépendante d’amour et d’eau fraiche.
Ma tendre, chère et cruelle maitresse Anneso ne pense qu’à sa production de lait. C’est devenu obsessionnel. A la maison, tous les ouvrages sur la production laitière ont détrôné le vide inculte qui régnait sur les étagères. Actuellement elle ne dévore que du sainfoin.
Mon frère Bruno, gavé par sa grand-mère maternelle, jeunera le jour de Noël.
Il ne reste que votre serviteur. Mes goûts sont modestes. Je ne me nourris que de la présence de ma famille aimée.

Notre père est un vrai faux cul. Il se bâfre de foie gras avant l’arrivée de sa famille, ensuite les larmes aux yeux, il leur joue la tirade de l’amour. Chut ! Le voilà.

mercredi 21 décembre 2011

Page blanche.

Ouf ! J’ai été recraché par le syndrome de la page blanche. Cependant ça ne change rien. La page est toujours aussi blanche et je ne trouve pas les crayons de couleur qu’un de mes enfants a égarés.
Je suis comme une vieille vache laitière. Mon imagination sort du cerveau au goutte-à-goutte. Je sens le regard de mon maître qui soupèse ma masse musculaire et graisseuse. Il convertit les kilos en euros. Si je ne suis plus rentable, je finirai mes jours sur un croc de boucher. Peut-être, serais-je accompagné d’un ancien premier ministre ? Je n’y tiens pas. Par moment, la solitude est un met de choix. Surtout si une compagnie indésirable est imposée éternellement.
Pour l’instant, je suis encore en vie et mon devoir est de remplir une petite page de rien du tout.
Comment remplir un contenant lorsque le contenu est introuvable ? Ou plutôt comment réunir le contenant et le contenu au même instant ? En général, la nuit, je suis encombré par un surplus de contenu. Ce n’est pas exact, j’ai du contenu, mais pas de contenant. Souvent le soir, avant de me coucher, je prévois de prendre avec moi un papier et un crayon afin de noter les idées que je considère géniales. J’oublie, et lorsque je n’oublie pas (c’est très rare), j’ai trop la flemme de m’assoir et d’écrire.
La nuit, je suis comme un agriculteur sans engin agricole, possédant des blés bien murs. La journée c’est le contraire, j’ai plein de tracteurs, de moissonneuses batteuses, de charrue  pour cultiver l’intérieur d’un pot de fleur.
C’est une des raisons pour laquelle je gribouille au lever de jour. Il y a une très courte période où le contenant et le contenu se croisent.
Je devrais demander des subventions à la communauté européenne. Ne suis-je pas un producteur de lait et un céréalier ?  D’accord, les friches et jachères occupent la majorité de l’espace disponible. La culture n’est pas ma spécialité. J’ai un rendement très faible. Le temps que j’écrive une page, un agriculteur laboure un hectare de terre et un intellectuel ingurgite le dernier pavé traitant de l’influence de la pression atmosphérique sur les révolutions arabes, écrit par le philosophe libertaire.
La page n’est pas tout à fait pleine. C’est une mesure de sécurité. Il ne faut jamais remplir à ras bord un récipient. Sinon, il y a un risque qu’il déborde ou qu’il explose.
Je n’aimerais pas qu’un mot de trop chamboule la page.

mardi 20 décembre 2011

Syndrome de la page blanche

Ce matin, une page blanche sur le blog me conviendrait parfaitement. J’entends déjà certains lecteurs commentés :
- Il n’est pas trop tôt.

Le syndrome de la page blanche est présent. Ses tentacules gluants  enserrent les poignets afin de les bloquer dans leur travail de frappe. D’autres tentacules raclent l’intérieur de la boite crânienne et aspirent le contenu. La vision est maintenant aussi blanche qu’un paysage de montagne sous la neige et le brouillard.
Paniqué par la blancheur opaque, je me lève dans l’idée de court-circuiter le syndrome en buvant une tasse de café noir. Oui du café noir, c’est l’antidote du blanc. Comment se repérer dans ce monde d’albâtre ? Comment se déplacer lorsque l’on ignore si l’on est assis ou debout ?
Du café noir? Qu’est-ce du café ?
Je veux du noir, du noir. Du noir ?
Je veux ma maman ! Qu’est-ce maman ?
Les mots naissent par habitude, ils sont sans signification.
« Je pense donc je suis ». Cette phrase me rassure. Je suis encore une entité. Je ne pense que : je pense donc je suis. Je pense et ne suis plus. Je suis une pensée sans consistance. Une pensée qui ne pense plus. Pourtant j’ai encore la conscience d’être, juste d’être. J’aimerais ne pas être. J’aimerais ne pas être ce que je suis et penser.
Je secoue la tête afin de créer un peu de couleur. Comment secouer une tête lorsque l’on n’est pas ? Ma tête n’est plus. Je ne suis plus, je ne pense plus. Le syndrome de la page blanche m’a anéanti.

Le syndrome se lèche les babines, rentre ses canines érectiles et se dirige vers le nègre de service. Un nouveau repas en perspective.
Le syndrome de la page blanche ignore qu’un nègre qui broie du noir est indigeste.

Le nègre

lundi 19 décembre 2011

Vacances scolaires

Ça y est, les vacances scolaires sont arrivées. Elles sont accompagnées d’un flot grouillant de marmots baveux, acnéiques, morveux et impatients. Evidemment, il va falloir les occuper. En hiver, ce n’est pas si simple. Entre le petit qui a quelques difficultés à lâcher sa bronchiolite, la petite qui se métamorphose en une balle rebondissante si elle ne sort pas, et le plus grand qui est capable de rester une journée scotché devant un écran, le grand écart est la seule solution viable. Le problème est que nous sommes incapables, même échauffés, de pratiquer un tel exercice.
Il y a toujours la solution d’émanciper les gamins avant les vacances. Hypothèse qui sincèrement me conviendrait parfaitement. Ma femme, plus traditionnelle, trouve que les enfants sont trop jeunes. D’ailleurs nous nous engueulons constamment au sujet de ce sujet.
Pourtant mes arguments raisonnables devraient la convaincre :
- Economie sur les cadeaux.
 Mes grands enfants de 13 et 15 ans vont évidemment lire le blog. Et oui, c’est papa et maman qui achètent les cadeaux et non le père noël qui les amène en empruntant le conduit étroit et sale de la cheminée.
Je n’ai pas l’occasion de développer mes arguments. Ma femme me répond d’un ton sec qui a comme conséquence la perte de mon système pileux.
- Emanciper un bébé de quatre mois et une adorable petite fille de trois ans, t’es complétement malade ! De plus c’est interdit par la loi.
La loi, elle a bon dos. Je connais plein de gens qui ne la respectent pas, et ils ne s’en portent pas plus mal. Et puis il suffit de souffler à Baroin que de baisser l’âge de l’émancipation permettrait de faire de substantielles économies sur les allocs.
N’empêche, je n‘ai toujours pas réussi à résoudre l’équation à trois inconnues. Entre un enfant malade qui ne doit pas sortir, une enfant qui ne veut que sortir et un drogué de l’ordinateur qui refuse de sortir sans une menace qui mettrait fin brutalement à son addiction, je suis dans la panade.
Ma femme me propose que je garde le petit pendant qu’elle sort la plus grande. Je ne peux pas, je développe des allergies au contact du bébé. Une maladie orpheline : le parkinson du vieux père. J’attrape le bébé et le transforme en bébé Orangina. Conciliante ma femme me propose une deuxième solution : j’emmène ma fille à l’extérieur. J’aimerais bien pouvoir lui rendre ce service, mais de voir la petite me tourner autour sans arrêt me donne le tournis et je vomis partout. Action qui fait désordre. Pour le plus grand, j’ai la solution : une laisse autour du coup et je le tire dehors.


 Ils ne sont pas seuls à me filer des aigreurs d’estomac. Un horrible être rouge, avec une barbe blanche grouillant de petites bêtes appelées lutins, hante mes jours et mes nuits. Il apparaît tôt dans l’année, souvent après halloween, sûrement un bâtard enfanté par des sorcières. Il est partout et de toutes matières : derrière le petit écran, dans la rue, en chocolat, en nougat, en plastique, en chair à saucisse, en sex-toys, dans les tripots, dans les films, etc.
Je n’ai aucune haine vis-à-vis du père noël. Juste que je ne supporte pas le rouge. C’est génétique. Une aile de ma famille est issue de la péninsule ibérique. Il semblerait qu’au moyen âge une union contre nature ait eu lieu entre un représentant de la race des bovidés et humaine. L’histoire ne stipule pas qui était la mère ou le père.
Cette union a eu deux conséquences majeures. La première est que nous portons constamment des cornes, sauf par coup de vent. La deuxième est que nous avons un comportement irrationnel lorsque nous sommes confrontés à la couleur rouge.
Nous sommes réfractaires au communisme : le drapeau rouge.
Aucun de nous n’a pu faire médecine. Seul un membre éloigné de notre famille a eu un comportement plus proche du corps. Il se nommait, si mes souvenirs sont bons, Jack l’éventreur.
Aucun descendant n’est encore en possession de son permis. Nous roulons tous en voiturette. Le gang des feux rouges, c’est nous.
Nous sommes anti français à cause du rouge du drapeau.
Nous ne buvons que de l’eau et du vin blanc.
Nous sommes maintenant de couleur noire. Notre famille, ne supportant pas de rougir, s’est mélangée aux noirs africains afin d’atténuer cette tare.
Je n’écris pas ce texte, je suis incapable d’écrire le mot rouge.

Vous comprendrez chers lecteurs, le malaise qui m’étripe. Et le pire est que je ne peux pas dire que je vois rouge.

Le nègre de service.

dimanche 18 décembre 2011

Fuite de gaz ou somatisation

Encore une interruption de la parution des articles. Rien ne va plus. Veuillez bien me pardonner, oh généreux lecteurs ! Généreux car vous consacrez un peu de votre temps précieux à lecture du blog.
- Tu es pardonné, oh illustre chroniqueur.
Merci, merci. Ne poussez pas le bouchon trop loin.
Ecrire généreux lecteurs au pluriel était prétentieux. D’après les statistiques du blog, il y aurait un seul lecteur assidu : mézigue. Ils sont formels, j’ai un visiteur par jour. Il apparaît systématiquement au moment où je me connecte. Pourtant j’ai désactivé le suivi de mes propres consultations de pages. J’ai cru pendant de nombreux mois qu’un lecteur suivait mon blog sans relâche. Sincèrement, j’étais flatté. J’étais euphorique, un tel succès dépassait mes rêves les plus fous. Le destin sadique a détruit ma joie de vivre et j’ai percuté les désillusions de plein fouet.
Le destin sadique avait la forme inconsistante d’un informaticien chevronné qui travaillait pour la marque de voiture aux chevrons dont je tairai le nom par soucis d’équité. Il m’a expliqué que les fournisseurs de blog désactivaient le filtre (le suivi de mes propres consultations de pages), lorsque le blog ne recevait pas assez de visites. D’après une étude épidémiologique sur le suicide, il s’est avéré que le taux le plus élevé correspondait aux possesseurs de blog non lus. Pour éviter la vague de suicides, les fournisseurs ont reçu l’ordre de bloquer le filtre afin que les chroniqueurs non lus aient l’impression d’être lu. Évidemment avec le déficit, les chômeurs, les retraités, les handicapés, les malades sont exclus de cette bonne action.
Savoir que je ne faisais pas partie des exclus m’a rassuré et m’a revitalisé. Maintenant que je maîtrise le processus, j’ouvre plusieurs fois par jour la page du blog, ainsi j’ai de nombreux visiteurs.

Si je n’ai pas écrit sur le blog, c’est pour la bonne raison que je m’étais absenté. Les enfants en bas âge deviennent de plus en plus insupportables et irrespectueux. Mon grand âge, fatigué par de nombreuses années de vie, a horreur des babillements et des caprices de mômes attardés par l’éducation délétère de leur père. Donc de temps à autre, je m’absente et me réfugie avec mon égoïsme au bateau. Le tête-à-tête avec moi-même est un rêve. A peine ai-je posé le pied sur le bateau que les grands m’interpellent :
- Papa t’es là ! Je viens dormir au bateau.
- Papa t’es là ! Alors viens me chercher au lycée.
 - Papa t’es là ! T’as pas dix euros.
- Papa ! Viens jouer à « age of empires »
Faites des gamins qu’ils disaient.
Ma femme déjà délaissée pendant un an, supporte difficilement les nouvelles séparations, surtout que je me barre sans les gamins. Elle souffre de mon absence et somatise. Pas n’importe quelle somatisation. Elle n’accouche pas d’une angoisse, d’une dépression. Non, chez ma femme la somatisation, c’est de la grosse cavalerie, du cheval de trait. Elle n’agit pas sur son psychisme. Elle agit sur l’entourage. Elle déforme par la seule force de sa volonté les objets qui l’entourent.
Elle a créé une fuite de gaz près de la chaudière. Ensuite, après avoir fermé le gaz et avoir appelé la société de dépannage, elle a tenté de se réfugier chez sa mère. Cependant la somatisation avait encore une cartouche à tirer. La voiture est tombée en panne. Evidemment j’ai vécu l’ensemble en directe. Ma femme me tenait informé, minute après minute, de l’enchaînement des évènements. Ainsi je pus entendre hurler les deux enfants coincés dans la voiture en panne. Cette dernière, ne supportant pas les hurlements, consentit à redémarrer  et à ramener cahin-caha toute la petite famille à bon port.
J’appréhende les futures réactions de ma femme lors de mon prochain départ, les voisins aussi.
Le lendemain matin, presque aux aurores, j’étais là, accompagné de mon fils qui ne veut plus quitter son petit papa. Evidemment, la société d’entretien n’avait pas donné suite aux appels de ma femme. Surtout que la fuite de gaz était un peu de leur responsabilité : ils venaient de changer la chaudière. Très énervé, non par la présence de mon fils, mais par la désinvolture de l’entreprise, je les appelais et laissais un message qui devait correspondre plus ou moins à celui-ci :
- Etant sans nouvelle, je vais rallumer la chaudière et si tout pète, je ferai la une du prime-time de tf1.
Une heure plus tard, un dépanneur est arrivé, puis cinq minutes après un deuxième. Ils ont vraiment eu peur que je le fasse. Ils n’avaient pas tort. Doutant de ma raison défectueuse, j’avais appelé GDF afin qu’il coupe le gaz au général.

jeudi 15 décembre 2011

Apport calorifique maîtrisé.

Ce matin, comme tous les matins, j’ai amené ma fille à l’école. Evidemment, nous y sommes allés en courant, à cloche pieds, en piétinant, en franchissant des rivières, en tombant, en nous poursuivant, en pleurant, en rigolant.
- Où trouve-t-elle toute cette énergie ? Me dis-je.
Au sujet de la nourriture, notre fille est aussi vorace qu’un verrat anorexique. Elle mange de bon appétit des quantités infinitésimales. C'est-à-dire qu’elle se nourrit avec des carottes râpées. Une râpure de carotte lui suffit largement. Donc sa mère et moi nous luttons pour qu’elle accepte d’ingurgiter une deuxième râpure. Actuellement nous en sommes à une et demi, nous sommes sur la bonne voie. Dire qu’elle a des camarades de classe qui font presque le double de son poids. Par contre, c’est une vraie pile électrique. Par acquis de conscience, nous avons vérifié si un interrupteur n’existait pas pour couper l’alimentation.
Donc ce matin, étonné de sa vitalité, je réfléchis tel un être humain normalement constitué (je me fais une fleur). Puis, après avoir réfléchi, c'est-à-dire trois jours, je me dis :
- Si ma fille mangeait autant que ses camarades du même âge, elle aurait en elle, beaucoup plus d’énergie à dépenser.
J’ose, oui j’ose imaginer la scène du chemin de l’école.
- Papa ! Si nous grimpions aux arbres pour aller à l’école.
Vous pouvez remarquer que ma fille, bien qu’elle soit excitée comme une puce n’emploie pas le pronom indéfini « on » à la place de « nous ». Pourtant elle ne connaît pas l’expression : on est un con.
Nous sommes dans l’arbre.
- Papa, si nous sautions de branche en branche pour aller à l’école.
J’arrête là ma narration imaginaire sur les incidences d’une absorption trop importante de calories. L’écriture sur le fait d’un arbre est un exercice périlleux, le vertige n’arrange pas les choses.

Si notre fille adorée mange peu, c’est dans le but de respecter notre équilibre psychique. Elle sait que nous supporterions difficilement de la voir escalader les murs, descendre les escaliers à reculons les yeux fermés, être en équilibre sur la balustrade du balcon, jouer l’équilibriste sur un dossier de chaise, réveiller son grand frère en lui tirant les poils, jouer au foot avec un sac poubelle rempli d’ordure, passer au travers d’une baie vitrée, exploser les meubles de la maison, grimper sur les toits avec son petit frère, traverser la baignoire en nageant le dos crawlé, arracher les touches du clavier du PC de son père, faire la nouba en pleine nuit, faire la roue dans le lavabo, transformer notre lit en champ de bataille, jouer au trampoline avec le transat de son petit frère, saboter la grasse mat de sa sœur …
Donc pour nous éviter des troubles irréversibles, notre fille pratique l’auto régulation.
Promis, ta mère et moi, nous ne te forcerons plus à manger.

mercredi 14 décembre 2011

Présents fraternels.

Notre petite fille de trois ans et de nombreux mois est une gamine exemplaire. N’en déplaise à d’autres parents, elle est la plus généreuse des petites filles. Notre analyse est objective, elle est exempte de parasites affectifs et fusionnels. Notre petite merveille, c’est ainsi que nous l’appelons, surnom qui démontre notre impartialité de jugement, est la bonté même.
Tous les soirs, notre émeraude ramène à la maison de multiples présents. Je reconnais que jusqu'à maintenant, elle oublie le père. Elle me confond probablement avec son grand-père. Donc, j’en reviens à la jeune génération. Elle n’oublie jamais ses frères, sa sœur et bien évidemment sa maman.
Parents ! Vous êtes dans l’obligation de reconnaître  que notre petit ange imberbe est le meilleur. Inclinez-vous devant elle et demandez-lui pardon d’avoir pensé, ne serait-ce qu’une seconde, que vos enfants pouvaient lui arriver à la cheville. Nous ne nous permettrions pas de dénigrer vos enfants, mais admettez qu’ils sont, comment dire pour ne point vous froisser… nuls.
Non ! Non ! N’explosez pas vos écrans contre les murs. D’ailleurs une telle réaction ne prouverait-elle pas une impuissance de votre part à démontrer le contraire.
Les parents présents à ce stade de l’article ont admis l’évidence et peuvent lire la suite sereinement. Les autres sont dans un magasin afin d’acheter un nouveau PC.
Tenez, la semaine dernière notre patrimoine classé par l’UNESCO a offert trois cadeaux à son petit frère et un cadeau aux ainés lors de leur présence dominicale. Ce geste était spontané et empreint de naïveté qui sied si bien à nos bouts de chou.

Les plus grand sont rentrés dans le pays de Caux avec une angine carabinée.  Le plus petit de quatre mois a été plus gâté, sa sœur l’adore. Il a eu droit à une trachéite bronchite, puis une otite, et pour clore une bronchiolite, le tout en cinq jours. J’allais oublier, sa mère non plus n’a pas été épargnée.

mardi 13 décembre 2011

Le salaire des politiques.

Hier le blog a encore dérivé vers des terres nauséabondes. Il a trainé dans la boue nos dirigeants, sans qu’ils puissent répliquer. Pourtant ils se décarcassent pour nous, luttent avec l’énergie du désespoir contre la crise et les inégalités sociales. Armés d’un simple stylo, ils pourfendent les multinationales.
Je retire tout ce que j’ai pu dire au sujet des hommes politiques, je m’agenouille devant eux et leur lèche les orteils.
- Pardonnez-moi, oh nobles seigneurs ! De ma vilénie, je ne suis qu’un mécréant. Je mérite la bastonnade.
Le président, les ministres, les députés, les sénateurs… travaillent à longueur d’année pour un salaire de misère. Pour certains, ce ne sont que de simples indemnités.  

Qui payent ces braves gens ? Ne serait-ce pas le contribuable ? D’après mes informateurs, il semblerait que oui. Si les citoyens versent un salaire, ne sont-ils pas les patrons des gouvernants ?
Ce qui induirait que les dirigeants seraient les salariés du peuple. Le salarié n’a-t-il pas une obligation de résultat envers son patron ? Un employé qui se la coule douce, ou un ouvrier qui ne respecte pas son contrat de travail verra la porte de l’entreprise s’ouvrir et se refermer à jamais. Alors pourquoi les électeurs acceptent que des hommes politiques qui ne tiennent pas leur promesse (lesquelles peuvent être considérées comme un contrat de travail) continuent à exercer leur mandat jusqu’au bout ? N’y a-t-il pas faute grave ? Une telle faute dans n’importe quelle entreprise entrainerait un licenciement sans indemnité.
Et pourquoi ne pas fixer un salaire minimum, et ensuite le compléter par des primes basées sur le résultat. Beaucoup d’entreprises fonctionnent sur ce principe. Il  n’y a pas de raison qu’un politique incompétent touche un salaire sans rapport avec son travail.

Mince, cela devient une addiction de taper sur les politiques. Je vais devoir consulter de nouveau un psychanalyste. Promis, juré, le prochain article sera apolitique. Je deviserai sur les interactions entre la grenouille est le nénuphar, lors de l’envol du batracien.

lundi 12 décembre 2011

Les politiques seraient-ils le papier toilette du pouvoir économique ?

J’aimerais pousser un coup de gueule, exercice périlleux lorsque le « gueuleur » est une personne qui écrit :
 Journalistes ! Arrêtez, par exemple, de parler de la perte de la souveraineté nationale.
Ça va, vos tympans ont survécu !
Il y a longtemps que la France et les pays de notre pauvre terre ont perdu leur souveraineté au profit de l’économie libérale. Nos gouvernants n’ont plus de pouvoir depuis belle lurette. Ils ont juste la liberté de gesticuler, de causer beaucoup et de jouer à la guéguerre. S’il vous plait, lorsque vous interviewez un politique au sujet des nouveaux accords européens, n’employez pas inlassablement cet ensemble de mot : perte de la souveraineté nationale. A quoi jouez-vous ! A stigmatiser l’Europe, à faire le jeu du populisme. Pourquoi ne posez-vous pas des questions telles que :
- En signant cet accord, ne confirmez-vous pas la dépendance de notre économie aux agences de notations, aux marchés « bousiers » et tout le toin toin ?
- L’accord n’est-il pas une officialisation de la rigueur budgétaire au niveau de l’Europe ?
- Pourquoi notre président se comporte-t-il comme un gamin d’école primaire, voire maternelle lorsqu’il refuse de serrer la main au premier ministre anglais ?
- Pourquoi en Espagne, la vente de voitures de catégorie moyenne a baissé de 30% alors que la vente de voitures de luxe a augmenté de 30% ?
- Pourquoi n’est-il pas exigé aux futurs décideurs économiques et politiques, un stage d’un an dans ce qui est appelé les classes défavorisées ?
- Est-ce vraiment le peuple européen qui ne désire pas de l’Europe ou est-ce nos politiques qui ont peur de perdre leurs privilèges ?
- Pourquoi seulement une Europe économique ?
- Pourquoi les  électeurs acceptent d’élire des marionnettes.
- Pourquoi les décideurs économiques ont-ils le cul si propre, et les politiques une langue de bois si bien pendue ?

Intervieweurs, vous êtes sur le bon chemin pour ne plus être crédible.

A la suite quelques portraits de marionnettes et d’ex marionnettes. A moins que ce soit le nouveau papier toilette des vrais dirigeants de ce monde.




                                  Berlusconi.
 Comment la démocratie peut-elle accoucher d’un tel homme d’état ?

                            Cameron.
 Le seul qui assume ses convictions : le laquais du capital.


          Harper.
L’homme qui venait du froid

                                 Jintao.
Un de ses successeurs annexera probablement l’Europe à la chine.


                       Merkel.
Il paraîtrait que son teckel s’appelle Sarkozy

                             Noda.
Un ancien marionnettiste devenu marionnette.


                                    Obama.
Comme tous les présidents des USA, il a été génétiquement modifié par Monsanto afin de répondre aux stimuli de la corne d’abondance.

                     Poutine ou Raspoutine ?
Je ne me permettrais pas du dire du mal de ce brave homme. Il a une notion de la vie humaine trop différente de la mienne.
Sarkozy.
J’ai déjà entendu ce nom. Mais où, je l’ignore.



                                         Rousseff
Un élu de droite lui a reproché d’avoir menti sous la torture. Aura-t-elle autant de résistance vis à vis des marionnettistes?


PS : Si des personnes désirent des portraits d’homme d’état, c’est possible. Mon père reçoit Bokassa, du moins ce qu’il en reste, pour lui tirer le portrait. Giscard passe le voir demain, pour une raison différente : il adorerait une reproduction de ses fameux diamants.
                             Pour le portrait de Chirac, vous devrez patienter. Il s’est perdu dans Paris.  

dimanche 11 décembre 2011

La fin de la sous-traitance.


Là, ça devient n’importe quoi ! Les écrits se raréfient comme l’intelligence du cœur chez nos gouvernants. C’est la faute à la sous-traitance. Les chinois deviennent exigeants et je n’ai pas les moyens de les contenter. Je regrette le temps où les cacahuètes servaient de monnaie d’échange. Chers lecteurs, je suis navré d’être désolé. J’espère que la frustration ne provoquera pas une boulimie de foie gras pour les riches et de corned-beef datant de la dernière guerre pour les plus défavorisés. Ce n’est pas tout : les textes déjà insipides deviendront inodores, incolores et vomitifs. Les nègres chinois que j’emploie écrivent en mandarin. Mon traducteur exigeait de travailler moins pour gagner plus. J’ai été obligé de m’en séparer. Je reçois, donc toujours les textes écrits en mandarin, cependant ne connaissant pas la langue, je les traduis en imaginant l’histoire. Mon imagination, aussi fertile qu’un spermatozoïde de mammouth est dans l’obligation d’avorter d’un récit linéaire. J’ai même enduit la feuille de jus de mandarine, mais le résultat a été aussi pitoyable que votre serviteur.
Voilà la traduction :
La route rectiligne serpentait entre les labours rectangulaires. Elle perforait l’horizon. Un tracteur errait dans un champ, la charrue éventrait la terre et gravait des  sillons parallèles. Les occupants du véhicule cubiques sniffaient des lignes de coke en jouant aux dames. Les avions dans le ciel usinaient des contrefaçons du travail laborieux du laboureur. L’horizon engrossé accouchait de vaguelettes qui, alignées en rang de méduses tétaient les galets endormis. Des raies Manta, aidées de requins scie, découpaient  des poissons zèbre en suivant les traits noirs.
Voilà la traduction du texte écrit en mandarin. Pas très concluant et très linéaire, n’est-ce pas ?
Actuellement, je suis sur une piste. Les personnes touchant le RSA devront participer à une tâche d’intérêt général, évidemment rémunérée au SMIG. Ne suis-je pas d’intérêt général, ne suis-je pas reconnu d’utilité publique ? N’est-ce pas une piste géniale ? Pas de charges, le tout payé par le contribuable. Vous serez tous plus ou moins suivant les impôts que vous payez, les mécènes du blog.
Je vous remercie de votre gentillesse, et si mon futur esclave nègre a les compétences, j’écrirai un hymne sur votre générosité.

vendredi 9 décembre 2011

Intégriste.

Le sujet initialement prévu a été rejeté d’office par les instances dirigeantes. Traiter de l’intégrisme sur toutes ses formes a été jugé trop fastidieux pour le neurone consacré aux recherches.
L’intégrisme est d’origine chrétienne. Il a été ensuite appliqué pour désigner le fondamentalisme islamique. Et bien non, le neurone dédié à la culture précise que le fondamentalisme est né au début du XX siècle chez les protestants nord-américains. L’islam non modéré devrait s’appeler l’islam radical.  Ecrire sur l’intégrisme exige donc une culture religieuse qui est absente. Evidemment avec internet, il est possible de se cultiver temporairement. Cependant, ce travail est possible lorsque l’organisme chercheur dispose suffisamment de neurones. Ainsi, Le sujet est devenu hors sujet.
Cependant, les instances dirigeantes ont donné leur accord pour jouer avec le sens figuré.

Hors religion, le monde se peuple de plus en plus d’intégristes. Il suffit d’exercer une rotation de la tête sur 360° pour le constater. Attention au torticolis, ce n’était qu’une image.
Il ne sera pas traité des amalgames fait entre communautarisme et intégrisme.
Le sujet sur le capital intégriste sera évité. Il pollue déjà suffisamment les médias avec la crise de l’euro et des agences de notation.
Le sujet sur les intégristes du sport sera spolié : les sportifs sentent trop la sueur ou le déodorant.
Le sujet sur les intégristes de l’allaitement sera plébiscité : l’auteur apprécie les nuits sans biberon.
Le sujet sur les intégristes pudibonds sera castré de son contenu : ils remplacent leur libido par le maniement des armes à feu.
Les intégristes de la liberté sexuelle recevront le même châtiment : ils oublient que leurs partenaires peuvent avoir des limites.
Le sujet sur l’intégrisme écologique sera aussi contourné, sinon l’intégrisme du libéralisme devra être commenté. L’auteur est fondamentalement contre l’intégrisme écologique. Mais nom de Dieu ! Supprimons les voitures en ville. Les politiques au lieu de mater les cotes de popularité, agissez, soyez couillus.
L’intégrisme sur l’abolition du système pileux pourrait être un sujet intéressant, cependant les commentaires ne seraient pas objectifs, l’auteur ayant un système pileux très développé. La crise bat son plein, les cours du fioul et du gaz s’envolent et les gens s’épilent. Quelle aberration ! L’auteur vous certifie que les poils sont une protection thermique efficace. Militons pour le retour des hommes et des femmes à poil.
Méfions-nous de l’intégrisme des boulangers qui imposent une forme longiligne, voire phallique aux baguettes et pains traditionnels.
L’intégrisme végétarien est un sujet délicat, cependant une chose est certaine : les végétariens ne se vengeront pas en bouffant l’auteur.

Luttons contre les intégristes anti-intégrismes, ce sont les pires.