une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







jeudi 30 mai 2013

L’ennui



Le temps libre est comme le soleil, il est soluble dans l’eau. Ainsi les plages horaires que je consacre à l’écriture sont aussi larges que les plages de Bretagne lors des marées hautes de grand coefficient. Ceci explique la raréfaction des messages publiés.
Le travail grignote mes journée, mes semaines et bientôt ma retraite que je lègue aux fonds de pension. Je reconnais que c’est de ma faute. Soit je travail, soit je ne travaille pas. Et lorsque je bosse, je ne compte pas mes heures. Lorsque je ne bosse pas, je ne bosse pas.
Le travail ne ronge pas que mon temps libre, il me dérobe l’imagination. Il considère qu’elle n’est pas productive. Il m’impose plutôt d’utiliser mes neurones que lorsque je reçois un ordre. Ainsi, l’écrit issu d’un cerveau où l’imagination est absente, devient insipide, incolore et inodore. Évidemment, l’humour lié à l’imagination a également disparu. C’est pour cette raison que vous vous ennuyez en lisant ce texte. Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls, car je m’ennuie à l’écrire.

mardi 28 mai 2013

Joyeux anniversaire



Mon rayon de soleil
En ce jour pluvieux
Tu perces à merveille
Le couvercle nuageux.
Tu es ma muse
En ta présence
A créer je m’amuse
Et les mots dansent.

Aujourd’hui sans heurt
Tu franchis une année
Et moi j’ai peur
De mes boutons d’acné.
Cela n’a aucun rapport
La rime me tentait
Mais j’ai eu tort.
Promis je me tais.

Ton amour n’est pas de tout repos
Surtout depuis que le petit
Dernier frais et dispos
Utilise ses dents avec appétit
Sur mes pauvres petits doigts
Qui ne peuvent plus tenir un verre
Un verre pour toi
Pour fêter ton anniversaire.

lundi 27 mai 2013

Fête des mères



Je te remercie maman de m’avoir apporté
Tout ce que tu as apporté
Tu as accepté de souffrir
Avec le sourire
Lors de ton accouchement
Alors que méchamment
Je te déchirais le périnée,
C’était le boulot de l’ainé
De frayer un chemin
À tes futurs gamins.
Les coups d’arpions
Que je te balançais dans le bidon
Qui portait ma petite sœur
Tu ne m’en tiens pas rancœur.
Tu as ignoré mes précoces petites dents
Qui pendant l’allaitement
Sans vergogne déchiquetaient
Le bout de tes tétés.
Je ne citerai pas
Je ne te rappellerai pas
Les cris de la nuit
Et tout ce qui s’ensuit.
Je reconnais mon égoïsme
Et mon despotisme
Ainsi pour que tu me pardonnes
De tes nombreuses nuits sans sommes
Du haut de mes cinquante cinq ans
Sans toutes mes dents
Maman je reviens
Pour ton bien
Rien que pour toi
Vivre sous ton toit

samedi 25 mai 2013

Sarah




La rosée du matin m’a arraché à mon clavier. Une perle de dix-huit ans rayonnante de gaité, de vie, et d’amour a accompagné ma journée d’hier. Sa vie trop lumineuse, trop pétillante, trop vivante a agacé la grande faucheuse. Elle l’a fauché.



jeudi 23 mai 2013

Il pleut bergère presse tes blancs moutons



D’après une idée de mon fils qui s’étonne de l’absence de moutons noirs dans la chanson.


Il pleut bergère presse tes blancs moutons. Dit l’homme pressé d’emmener sa conquête chez sa mère et surtout dans son lit. La bergère naïve le suit docilement, rassurée par la présence de la mère.
Cependant dans le troupeau, il y a comme une fronde naissante. Elle n’a aucun rapport avec la future perte de virginité de la demoiselle. Un mouton pas comme les autres ose protester. Au pays des moutons, c’est une anomalie digne d’une psychanalyse à vie.
- Monsieur, monsieur, pourquoi ne me demandez-vous pas de me presser ? Moi aussi,  je veux m’abriter dans la bergerie.
L’ensemble des autres moutons, héritier de la philosophie de Panurge, râlent :
- Le noir, tu fermes ta gueule. Tu ne fais pas d’histoire. Sinon, nous risquons de rester tous dehors. L’homme n’a qu’une envie, c’est de coucher avec la bergère.
Le mouton de couleur noire, insiste :
- Monsieur, monsieur, je peux venir avec vous ? Ma laine est sensible à l’humidité.
L’homme entend la revendication du mouton.
- Qu’est-ce que tu me chantes là ? En Afrique équatoriale, il pleut tous les jours.
- Monsieur, monsieur, je ne suis pas africain mais breton, je suis originaire d’Ouessant.
Le berger murmure dans sa barbe :
- Des noirs originaires de Bretagne ! Tout fout le camp.
 A haute voix, il répond au mouton :
- Tu devrais être heureux comme un poisson dans l’eau, la pluie est ton élément naturel.
- Monsieur, monsieur, d’accord je supporte la pluie, mais je ne veux pas rester tout seul dehors. La nuit, les chiens errants me dévoreront, et de vieux pervers zoophiles seraient capables d’abuser de mon innocence. Alors, s’il vous plait, dites : il pleut bergère, rentrez vos blancs moutons et le noir mouton.
- Ce n’est pas possible. Le rajout va déséquilibrer le tempo.
Le troupeau se disloque, les chiens ne savent plus où donner de la dent. La majorité des moutons entoure la bergère et le prétendant en rut. Le mouton noir est isolé à l’autre extrémité, petit à petit il endosse le costume de pestiféré. Entre les deux, quelques brebis hésitent, elles sont tiraillées entre l’ordre des choses, qui est le mâle dominant acquis à la cause du courtisant, et les paroles d’une brebis galeuse qui est prête à en découdre pour défendre la veuve et l’orphelin.
Le mâle dominant n’est pas à l’aise dans ses sabots fendus. Il en ignore les raisons, mais il se méfie de ce mouton noir, peut-être une jalousie ancestrale.
Le séducteur s’impatiente et houspille la bergère afin qu’elle remette de l’ordre dans son troupeau. La pluie tombe drue, il est trempé. La séduction, sous le soleil c’est sympa, mais sous la pluie, lorsque l’on n’a pas un p’tit coin de parapluie, on n’a pas un p’tit coin de paradis.

La bergère ne presse pas ses moutons, le temps presse et l’entreprise de l’entreprendre risque de faire faillite. Il n’a que très peu de temps avant le retour de sa mère.
La bergère est décontenancée. Elle aime tous ses moutons sans exception. Il est hors de question qu’elle en abandonne un. De plus, la pluie elle aime ça. Elle renâcle donc à l’injonction de son futur ex-prétendant. Elle donne l’ordre aux chiens de cesser de mordiller les jarrets et se laisse un peu de temps pour réfléchir.
Le bélier n’est pas du même avis. Abandonner le noir aux chiens errants est pour lui une excellente idée.
 Le futur ex-séducteur n’en peut plus de mâter les fesses de la bergère sans pouvoir y toucher.
Le troupeau se scinde en deux, d’un côté le bélier et ses aficionados, de l’autre le mouton noir, la brebis galeuse et ses fans.
Le mouton noir insiste, encouragé par l’arrêt des mordillements et le soutien de la brebis galeuse :
- Monsieur, monsieur, je me ferai tout petit. Dans le noir de la bergerie, je me fondrai. En plus je sais faire plein de choses, tondre le gazon, faire de la laine. Lors de ma mort je ferai un don d’organe, si vous êtes sympa,  je vous laisserai mes meilleures côtelettes.
Le bellâtre est à bout. Ce con de mouton va tout faire foirer. Il sent la bergère hésitante. Pour ne pas arranger les choses la pluie s’arrête, la chanson n’a plus lieu d’être. Il chope la bergère par le bras, l’entraine de force vers la bergerie, où le grenier garni de foin fera une couche parfaite. La bergère tente de se débattre, mais le rustre est fort comme un taureau. Tout le troupeau suit, même le noir. Il est difficile de rompre avec un atavisme profondément ancré dans les gènes qui mène à un abri. Seul le bélier tique. La comparaison de la force de l’homme à celle d’un taureau l’insupporte. Dans sa tête où les cornes prennent autant de place qu’à l’extérieur, une colère explose. Des éclairs zèbrent son crâne.  Cela l’irrite encore plus. Il n’aime pas les zèbres, animaux sans poils laineux. Il baisse la tête, s’arque boute sur ses sabots, démarre à la vitesse d’un bélier et propulse l’homme directement dans le grenier de la bergerie.
La bergère libre, fait aussitôt demi-tour, suivie par le troupeau et le mouton noir. Le bélier est resté seul dans la bergerie. Le coup de tête a déclenché une pulsion folle et bientôt addictive. Le coup de tête dans le postérieur de l’homme.
La bergère se repose au pied d’un arbre. Elle entend une voix qui lui propose de bouter les noirs et les arabes hors de France.
Elle lui répond :
- C’est cela, dans la famille, nous avons déjà notre martyre qui a brulé vive sans anesthésie. Si vous voulez broyer du noir, Charles Martel a une descendance spécialisée dans l’expulsion. Si vous ne trouvez pas, c’est à droite de l’hémicycle.

Le mouton noir se retrouve à la tête d’un harem, cependant en tant que breton, il refuse de monter ses dames, à l’exception de la brebis galeuse.

Ils se marièrent et eurent de nombreux enfants gris.