une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







mardi 26 juillet 2016

Notoriété



Quand je pense que mon frère s’est foutu en l’air en se jetant en solitaire d’un étage haut perché.
Son suicide manquait d’ambition. D’ailleurs de son vivant, c’est-à-dire lorsqu’il répondait aux questions existentielles que je lui posais, il exécrait mes remarques acerbes et injustifiées.
N’empêche, je le pense toujours, son suicide était d’un triste à mourir, d’ailleurs il en est mort. Mourir tout seul, dans une société basée sur le partage, est le comble de l’absurdité. Il aurait pu mettre en scène son envolée plagiant Icare. Il aurait eu une infinie de vue à titre posthume sur  YouTube et des kilos de partage sur Facebook. J’en aurais probablement retiré une notoriété. Que nenni, il n’a même pas fait la une de la gazette très locale.
Il aurait pu partir accompagné. Il aurait loué un engin de terrassement. Il se serait ensuite enfiler la Gay Pride. Mon frère avait les mêmes goûts que la majorité des femmes, il aimait les hommes. Ainsi, il aurait eu une vie posthume agréable et sans tabous.
Sincèrement, il a tout raté. Mon frère avait le type méditerranéen mâtiné magrébin. D’ailleurs lorsqu’il était gamin, il était systématiquement contrôlé par les forces de l’ordre. A l’époque l’état d’urgence existait déjà pour certaines catégories. Il aurait fait  allégeance à un dieu intolérant et cruel. Ce dernier lui aurait accordé un permis de massacrer femmes, enfants et hommes. Ainsi il aurait fait la une de la Une.
Ainsi j’aurais pu faire comme nos hommes politiques, profiter du massacre d’innocents pour bondir ou rebondir.
Mais c’était un gentil.

mercredi 20 juillet 2016

Apnée



Le temps passe sans me laisser le temps de respirer. Heureusement que l’apnée est une vieille amie.
 Nous nous fréquentons depuis ma coriace enfance. Nous nous sommes rencontrés à la piscine municipale de Livry-Gargan. Ma mère accompagnée de ses trois gamins, y allait deux fois par semaine. Elle adorait faire des va-et-vient. Pourtant, notre ancêtre n’était pas une  paire d’essuie glaces. J’avais et j’ai toujours horreur des va-et-vient, des allers-retours, des gauches à droite... Afin d’occuper mon ennui, je passais l’heure sous l’eau,  je ne m’ennuyais plus. C’est ainsi que nous sommes rencontré.
Je profite d’une respiration pour écrire vite fait quelques lignes, afin de ne pas perdre le peu que mes parents ont bien voulu me donner.
La respiration est terminée, je replonge vers la vie vivante. J’adore l’apnée.

mercredi 6 juillet 2016

Epingle à coudre



L’autre jour, c’est-à-dire il y a un temps certain, j’eus la folle idée d’utiliser des épingles à coudre. De petits engins d’acupuncture spécialisés dans le traitement du tissu. Ils bloquent, par exemple, un ourlet en préparation.
Oui, de temps à autre, je fais un peu de couture. En général c’est pour le bateau. Donc l’autre jour, je posai une bande auto agrippant sur une toile anti roulis*. Afin qu’elle ne s’échappe pas, je décidai de la piquer avec une épingle. Je le fis discrètement de peur d’être accusé de barbarie sur un objet sans défense. Je ne réussis pas à traverser le tissu. L’épingle cassa.
J’avais devant moi une boite d’épingles à coudre inutilisable. Je réussis quand même à fixer la bande en prenant plus de précaution que si je couchais avec la première personne croisée.
Cette épingle eut le même effet que la Madeleine de … je tais le nom afin de ne pas avantager un auteur. A la différence que l’épingle ne baignait pas dans une cuillère de thé. Elle aurait été capable de se dissoudre entièrement. Cependant elle est restée coincée en travers de la gorge.
Je ne ressentis pas un bien être envahissant, mais je me souvins d’une mésaventure semblable. A l’époque, mon environnement était plus rural que citadin. J’avais dû perdre un bouton. Afin d’assurer un cours d’équitation avec un pantalon qui ne tombe pas sous les genoux - cela aurait pu faire désordre - j’avais utilisé une épingle à nourrice. Elle s’était tordue. J’avais donc assuré les cours en slip et j’ai passé le restant de ma vie dans une prison. Les parents n’avaient pas réellement apprécié l’absence d’épingle à nourrice.
A l’époque j’avais tempesté : il était inadmissible de réaliser des objets inutilisables, à la limite dangereux, inadmissible que des personnes soient payées à coup de lance-pierre pour fabriquer de la merde, inadmissible que des consommateurs non attentifs ou fauchés soient volontairement floués.
Aujourd’hui, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi des objets inutilisables sont fabriqués. Je le sais, mais cela m’agace fortement. Car à chaque bout de cette chaine se sont toujours les même qui trinquent. Je suis défaitiste. Une minorité s’enrichit.
Sincèrement je suis contre la justice personnelle. Mais si jamais j’attrape un   donneur d’ordre enrichi, je le force à vivre avec tous les objets qu’il fait fabriquer, et seulement qu’avec ces objets. Je pense que cette sentence serait plus efficace que la réclusion à perpétuité.


*c’est une toile fixée sur une couchette afin d’éviter que le dormeur chute pendant son sommeil. Un voilier penche de temps à autre.

mardi 5 juillet 2016

Si j'étais, je serais



Si j’étais un patriote passionné de foot, je commenterais en cent quarante-quatre mots la victoire de la France contre l’Islande. Si j’étais un fan de tennis je me poserais la question sur l’orientation du filet en trois lignes et demie. Si j’étais un féru de vélo je grimperais les descentes en une seule page. Si j’étais un passionné de voile,  l’interdiction du port du voile  ne capterait le vent que sur du vélin  halal.
 J’aime que mes sens soient titillés.
Le vent qui caresse la peau burinée par la pluie et la brume. L’odeur fraiche de l’urine de quadrupèdes à quatre pattes hennissants qui vous débouche le nez le matin aux aurores. Le coucher de nuages qui émerveille encore mes yeux de vieux routards. Le gout des moucherons lors d’une descente dans un sous-bois en vélo est un pur délice, et pour finir, le gazouillis des petits  oiseaux dans les haies sauvages du square d’à côté est un plaisir. Par contre le cri des goélands et autres volatiles à plumes qui fréquentent le bord de mer est à bannir d’une chorale
Tous ces sensations sont absentes lorsque je pose mon cul dans un canapé afin de regarder une rencontre ou une activité sportive.  Il m’arrive parfois d’être captivé. Cependant, allumer la télé pour assister à une représentation sportive m’impose un effort que j’ai beaucoup de mal à surmonter.
Donc je ne commenterais pas la victoire de la France, surtout que j’avais un faible pour l’Islande.
 Dans quelques années, écrire une telle ineptie déclenchera une lapidation en règle.
Monsieur le juge, je n’y suis pour rien, je suis humain avant d’être français.

lundi 4 juillet 2016

Vacances




Les enfants, courage ! Plus que deux jours d’école. Les parents, courage ! Plus que deux jours de vacances.
Si le soleil est de de la partie, il suffira de poser les gamins sur un coin de plage, de pré, de square, et leur imagination fera le reste. Si la pluie s’exprime pleinement face à un soleil introverti, les parents seront obligés de se surpasser afin de trouver des activités récréatives et sportives. Sinon les petits chéris d’amour mettront à feu et à sang leur lieu de villégiature.
Un conseil aux jeunes parents : évitez les vacances en tente lorsqu’il pleut plusieurs jours d’affilé, les enfants demanderont l’asile sanitaire à l’ASE.
 D’après ma cousine Renée, qui connait parfaitement le fils de la voisine, qui est le cousin par alliance du garde champêtre d’un village du fin fond du fin fond, il semblerait qu’une loi soit en préparation afin d’interdire les campings aux endroits où il pleut. Sauf en Bretagne, où il ne pleut que sur les cons. Les pas cons, n’hésitez pas ! Passez vos vacances en Bretagne avec une tente très légère, je vous garantis le soleil.
Personnellement, lors de la période estivale, je séjourne toujours dans le nord de la France. Quand il pleut, je ne suis pas étonné. Quand il fait beau, je remercie notre seigneur en allumant un cierge (deux euros la journée de soleil, le prix n’est pas excessif).
  Après un demi-siècle de vacances passé au Crotoy, je n’ai jamais été déçu par le temps.