une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







dimanche 14 septembre 2014

Les sans dents (2)



 L’article qui suit, peut choquer des oreilles chastes. Pardon, vous n’écoutez pas, vous lisez. Je reprends. L’article qui suit, peut choquer des regards chastes. Certains mots et certaines situations pourraient même choquer DSK. Donc, personnes mineures et non perverses abstenez-vous.

Quelques lecteurs ont relevé une ineptie dans le message précédent.
Je tiens à préciser que cela n’est pas une ineptie mais la stricte réalité.
Actuellement je suis dans une passe financière précaire. Mon train de vie sans limite a tari le pécule que j’avais amassé durant ma vie d’homme laborieux. L’entretien de mon nègre plus les dépenses excessives de ma progéniture m’ont déposé sur le seuil de la pauvreté.
J’ai dû m’imposer une période de rigueur.
Une de ces mesures est le partage de mon dentier avec un tiers, désigné sous le nom : ami de bouche.  
Un dentiste dans la cité, conscient de la cherté des prothèses dentaires, s’est inspiré du covoiturage. Pourquoi pas un dentier en copropriété ou en colocation. Evidemment cela n’est pas aussi simple que le partage de places dans une voiture.
Le premier obstacle est que le nombre de dents doit être semblable entre les deux patients. Le chirurgien a résolu le problème en retirant les dents du patient le moins édenté afin que le nombre corresponde.
Le deuxième obstacle est l’adaptation de la prothèse sur des mâchoires différentes. Notre praticien a conçu un ingénieux coussinet à base de silicone et de résine. Ce n’est pas la panacée mais cela permet au porteur du dentier de croquer dans un quignon de pain sans se blesser les gencives.
Le troisième obstacle est la distance. Les amis de bouche doivent impérativement habiter à proximité. Par chez moi, cela ne pose pas de problème. La majorité de la population est pauvre et les sans-dents nombreux.

Personnellement, mon ami de bouche habite dans le même immeuble, à une cage d’escalier. Nous alternons chaque jour. L’échange a lieu tous les soirs à 19h30 pétantes. Cela permet au donneur de diner avant et au receveur de ne pas diner trop tard. Ainsi tous les soirs, nous mangeons avec notre dentier.
La prothèse au commencement m’appartenait à 100%. Avec la période de vache maigre qui se profilait à l’horizon, j’ai consulté le dentiste qui m’a de suite trouvé un acheteur pour la moitié des parts. Ce qui m’a rapporté 500€. Et a couté quelques dents à mon copropriétaire.
Sincèrement, je trouve l’idée pas mauvaise. D’accord certains d’entre vous pourront être choqués au niveau de l’hygiène. A chaque échange, nous trempons la prothèse dans une solution désinfectante.
 Pour accéder à une telle copropriété, il est obligatoire d’accepter la différence. Mon ami de bouche est un représentant de la diversité, il est noir, musulman, homosexuel et frisé. Je reconnais qu’au début de notre copropriété, il y eut quelques couacs. Lui refusait que je mange du porc, de la viande non halal, et moi j’exigeais qu’il fasse des câlins à ses amants sans prothèse. Nous avons fini par nous faire mutuellement confiance, c’est-à-dire que je dévore allègrement du saucisson et autres délices du territoire français, et lui suce allégrement ses amants. Et nous taisons à l’autre nos incartades.
Il est vrai que quelquefois, malgré le désinfectant, le dentier a un drôle de gout.

Je viens d’apprendre qu’un licenciement économique me pendait au nez. Je réfléchis à la possibilité de louer ma prothèse à d’autres personnes. Mon ami de bouche n’est pas contre, il a aussi quelques difficultés financières.

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