Tout fout le camp, ma brave dame ! Il n’y a plus de vieillesse.
Où sont partis nos vieux sentant la naphtaline ? Ces vieux que l’on sortait le dimanche à l’heure de la messe.
Terminé le temps où les vieux étaient hébergés par leurs enfants, dans une pièce aussi grande qu’une armoire. Les héritiers, dominés par une bonté sans faille, les préparaient à leur future demeure, qui serait en bois et probablement un peu plus petite.
Finie l’époque où les vieux avait la bouche en cul de poule, symptôme d’une gencive sans dents.
Disparue l’époque, où les descendants généreux nourrissaient les vieux avec de l’eau chaude et des croutons de pain. Sans dents ils ne pouvaient avaler d’autres aliments.
Où sont passé les vieux sages ?
Où se sont exilés les vieux qui tripotaient les petites filles où les petits garçons ?
Révolu le temps où les vieux sentaient le vieux.
Et oui, tout fout le camp, ma brave demoiselle !
Maintenant les vieux sortent tous les jours de la semaine.
Ils font leur course le samedi rien que pour faire chier ceux qui travaillent. Idem pour la poste.
Ils voyagent constamment.
Ils crèvent seuls dans leur appartement.
Tout fout le camp, mon brave damoiseau !
Certains vieux, dans leur gagatisme sénile, se vantent d’avoir séduit une princesse d’outre-manche, et qui réside maintenant outre-tombe.
Certains vieux se payent des voyages sexuels dans les pays ensoleillés.
D’autres, pendant ce temps, voyagent avec leurs cartons sur les trottoirs parisiens.
Des vieux se permettent encore de tomber amoureux.
Certains, armés de leur viagra et de leur argent, partent à la conquête de la jeunesse.
Maintenant dans les entreprises, les vieux sont vieux à cinquante ans. Le vieux sage a disparu. Il n’y a qu’en politique où les vieux s’expriment alors qu’on n’aimerait bien qu’ils la mettent en veilleuse.
Les vieux ont des dents et refusent de manger de la soupe.
Les vieux sentent le déodorant.
Il y a même des vieux sans rides.
Il y a des vieux qui aiment la vie et la croquent à pleines dents.
Il y a des vieux qui ne profitent pas de leur retraite, préférant prendre soin de leur cancer.
Il y a même des vieux qui font l’amour.
Il y a même des vieux indignés.
Quelle horreur ! Il y a des vieux tolérants, acceptant la différence et ne reniant pas la jeunesse. Des vieux qui ignorent le communautarisme. Des vieux qui s’assoient sur la haine. Des vieux qui, au lieu de critiquer, cherchent des solutions.
Le pire de tout ! Des vieux plus jeunes que les jeunes.
Tout fout le camp ! « Une bonne guerre vous ferait du bien ». Cette phrase a bercé toute mon adolescence.
Maintenant je la comprends. Ces vieux avaient vécu deux guerres, avaient perdu des personnes chères et leurs illusions. Beaucoup n’avaient pu vivre l’insouciance de l’adolescence.
Alors, quand j’entends de jeunes adultes ayant vécu une adolescence dorée, se permettre de critiquer les ados de maintenant, ça a le don de m’arracher les poils. Chaque poil arraché est une souffrance difficilement supportable.
Je suis d’accord que les jeunes de maintenant n’ont pas toujours une vision qui correspond à la nôtre. Mais n’est-ce pas le but de l’adolescent de se différencier de l’adulte.
Travailler ou vivre avec des ados n’est pas tous les jours facile. Une bonne dose de pédagogie et de psychologie est nécessaire. Il faut les accepter tels qu’ils sont et non chercher à ce qu’ils soient comme on aimerait qu’ils soient.
Il y aussi des ados avec lesquels il est impossible de communiquer. Ce manque de communication existe aussi entre adultes soi-disant responsables.
Internet et la multitude d’écrans ne facilitent pas la tâche des parents.
Pour ceux qui sont vraiment casse-couilles. Ne serait-ce pas l’éducation infligée par les parents qui en serait responsable ?
Arrêtons de taper sur la différence. Essayons de l’accepter et d’en retirer « la substantifique moelle ».
Et puis l’adolescence ne dure que quelques années. Ensuite, de jeunes cons, ils deviennent rapidement de vieux cons.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire