une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







samedi 4 décembre 2010

Mea culpa


De nombreux courriers ont assailli ma boite aux lettres. Bien qu’elle soit préparée à une telle attaque, elle a été submergée.
Vos courriers étaient simples et concis. Il me reprochait l’usage abusif d’un mot familier, un mot que j’utilise très rarement dans la vie courante.
Je vous prie de bien vouloir accepter mes plus sincères excuses ?
Mea culpa.

Cependant à ma grande décharge, je n’ai pas utilisé un seul mot déplacé. Je suis resté correct, poli, face à un comportement agressif de mon protagoniste. Vous pouvez remarquer que je n’utilise pas antagoniste). Le seul responsable est lui.
Je reconnais qu’étant metteur  en scène, dialoguiste et acteur je me suis attribué le plus beau rôle. Je reconnais qu’il s’est probablement trop investi dans le sien. Je vais de ce pas, lui demander de s’excuser auprès de vous.
Navré, il est déjà parti naviguer sous d’autres cieux plus hostiles.

Entre un mot grossier et un mot d’utilisation courante la marge est très fine. Prenons le mot ouille, qui comme tout le monde le sait est le bruit qu’émet un individu normalement constitué, lorsqu’il ressent une légère douleur. Si nous rajoutons par exemple la lettre  « h » le mot garde la même prononciation, mais change de signification. La houille plus communément appelé charbon est un combustible minéral de formation sédimentaire, généralement noir, à facette brillante et renfermant 75 à 93% de carbone pur. (Le petit robert) il y aussi la houille blanche qui est l’énergie hydraulique. Le mot houille ne choque personne. Aujourd’hui nous arrêterons là le changement de consonne. Nous ne mettrons pas de c.
Par contre nous allons rechercher les raisons de l’existence d’un mot aussi choquant.

Nous savons tous que le nord de la France a hébergé de nombreuses houillères. Le mot houille était fréquemment utilisé par les mineurs. La première fois, il a été usité pour manifester la douleur. Au début le mineur disait :
- aille je me suis pris de la houille sur la tronche.
Je ne détaillerai pas toutes les étapes intermédiaires qui ont permises le remplacement de aille par ouille.
L’autre particularité des mineurs étaient d’être exploités ; le mot est faible, je dirais plutôt sucés jusqu’au sang. Entre nous je pense que le prolétariat français a laissé pas mal de sang. Les avantages qu’il a acquis, il ne les a pas acquis à coup de stock-option, mais à coup de grisou, à coup de mortalité infantile et j’en passe. J’en reviens à mes mineurs qui n’étaient pas toujours en accord avec leurs adorables patrons ou leurs représentants. Entre eux, pour manifester leurs mécontentements ils s’exprimaient ainsi :
- Au contremaître je vais lui casser de la houille sur la tête.
Ou :
- La prochaine fois, je lui fais bouffer sa houille.

Autre particularité du chti  est la prononciation. Par exemple le mot chien. Le gars du nord et le picard  ne prononce pas chien mais quien. Chat est dit ca. Pour dire j’ai six chats, vous dites jessica. (Jessica, est une histoire humoristique picarde). Une promenade en Picardie peut être parfois choquante. Le « a » ne se prononce pas a, le son se situe entre le a le o. Ainsi quelquefois, vous entendez des phrases délirantes.
- oh ! La belle cane avec ses canetons, ou le beau vol de canard.
Ne vous offusquez pas, c’est l’accent.

J’espère que maintenant vous avez compris que le mot c……e a une noble origine.

Il y un notre problème avec ces marges trop faibles. Les personnes dyslexiques peuvent sans le vouloir prononcer de mots malfaisants.
Un cas très rare en dyslexie et l’inversion des consonnes h et c. Cette particularité est plus développée dans le nord et aussi d’ailleurs chez les élèves HeC. Ce cas peut quelquefois porter à confusion.


Bon pour l’instant j’ai une bonne excuse pour ne pas sortir.


5 commentaires:

  1. LE VENT d'après Emile Verhaeren
    (libre adaptation)

    Sur la vague haute infiniment,
    Voici le vent cornant Décembre ;
    Sur la vague, infiniment,
    Voici le vent
    Qui déchire et démembre,
    En souffles lourds, battant les bords;
    Voici le vent,
    Le vent sauvage de Décembre.

    Aux mats des voiliers,
    Les haubans de fer et les poulies
    Grincent ;
    Aux coques des voiliers.
    Les cordages et les poulies
    Grincent et crient
    Toute la vie, toutes leurs joies.

    Le vent rafle, le long de l'eau,
    Les coques des bateaux,
    Le vent sauvage de Décembre ;
    Le vent mord, dans les hublots
    Des cris d'oiseaux ;
    Le vent râpe du fer
    Et peigne, au loin, les grains,
    Rageusement du jeune hiver,
    Rageusement, le vent,
    Le vent sauvage de Décembre.

    Dans les ports marchands,
    Les hublots embués
    Ballottent leurs lumières falotes
    De vitres et de plastique.
    - Le vent sauvage de Décembre ! -
    Sur son pont de tek bistre,
    De bas en haut, à travers airs,
    De haut en bas, à coups d'éclairs,
    La voile fonce, aile blanche,
    Sur la mer déchaînée
    Le vent,
    Le vent sauvage de Décembre.

    Les vieux rafiots se recroquevillent,
    Autour de leurs docks vides.
    Et sont ébranlés sur leurs quilles;
    Les vieux rafiots et leurs bastingages
    Claquent au vent,
    Au vent sauvage de Décembre.
    Avel Vat reste droit,
    dans ses bottes d'aluminium,
    Fier il attend le grand envol,
    Au large du Portugal

    Le vent sauvage de Décembre,
    Le vent,
    L'avez-vous rencontré le vent,
    Au carrefour des trois cents routes,
    Criant de froid, soufflant d'ahan,
    L'avez-vous rencontré le vent,
    Celui des peurs et des déroutes ;
    L'avez-vous vu, cette nuit-là,
    Quand il jeta la lune à bas,
    Et que, n'en pouvant plus,
    Tous les gréements vermoulus
    Criaient, comme des mouettes,
    Sous la tempête ?

    Sur la vague, infiniment,
    Voici le vent hurlant,
    Voici le vent cornant Décembre.

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  2. Salut !
    Au lieu de jouer les intellectuels, puisque tu es bloqué, profites-en pour refaire ta salle de bain, refaire ta terrasse, il y a plein de manuels au Portugal. Non Vivien tu ne regarderas pas "Emmanuelle" mais plutôt tes manuels (du cned). Et pendant ce temps là Sylvia crise t-elle ?

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  3. Là je dois avouer que c'est exactement le décor que j'imagine ! Vivement le vent de juillet... en décembre ! on croise les doigts très fort.

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