une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







lundi 21 mars 2011

Bon anniversaire, Louise





Il était une fois, une petite des filles des bois,
Qui vivait dans une chaumière en bois, au fond des bois.
Toute la maison était en bois, la table, les toilettes, le réfrigérateur ; les habits et les draps étaient en tissu. Un tissu, évidemment, à base de végétaux, non génétiquement modifiés.
Elle chantonnait :

Je m’appelle Louise
J’aime les cerises
Je suis un petit lutin blond
Plein de rebond
C’est mon anniversaire,
A dit ma mère.

Sa mère est émerveillée par ce petit rayon de soleil, qui égaye sans faillir son quotidien.
- Maman ! Papa est-il toujours sur son bateau à naviguer sur la mer ?
- Oui, ma chérie.
Sa mère se détourne et verse une petite larme. Pour protéger sa fille, elle a inventé une histoire d’un père aventurier qui reviendrait les mains chargées de présents. La vérité est impossible à raconter à un enfin de trois ans. Son père l’a quittée pour une maitresse. (L’histoire est un petit conte. Un peu de sordide est de mise). Une maitresse sournoise, qui arrivée telle une amie, apportant réconfort et chaleur, est repartie avec son homme. Depuis ce temps, son mari en compagnie de sa bouteille, écume, non pas les océans, mais les bistrots.
Tous les voisins connaissent l’histoire de l’aventurier. Sa mère n’a pas osé confier la vérité à quiconque. Mais les voisins n’ont cure des aventures du mari. Ils ne sont pas égoïstes. Ils sont occupés à manger de l’herbe, à grignoter des noisettes, ou à nettoyer une charogne. La petite maison au fond des bois est entourée de biches, de lapins, d’écureuils, de renards, de chevreuils, et de fourmis…Les animaux ne comprennent pas les humains. Les humains ne comprennent pas les animaux.
Imaginez-vous, par exemple, dans la savane africaine. Un lion malheureux (ses lionnes ne veulent plus chasser) décide de vous confier ses problèmes. Egoïstement, vous continuez, indifférent, votre route. Pour marquer votre dédain, vous accélérez même franchement.
La maman cache sa tristesse et plante trois belles bougies en bois, dans un gâteau au chocolat. La maman ne fait que des gâteaux au chocolat. Peut-être, y a-t-il dans la forêt, des cacaoyers. Puis, la mère emmène sa fille dans la ville voisine qui n’est pas en bois, afin qu’elle choisisse son cadeau d’anniversaire.
 Louise, connaît depuis longtemps son cadeau. "Longtemps", à trois ans est quelques jours. Mais peu importe. Elle sait ce qu’elle veut. Sa mère tente de l’amener dans un magasin de jouets. Louise refuse. Elle attrape la main de sa maman, et se dirige sans hésitation vers un magasin qui n’a aucun rapport avec l’enfance, mais parfois peut renfermer des trésors qui exacerbent l’imagination. Il s’agit d’un antiquaire. Dans la vitrine se trouve son cadeau. C’est un bateau qui navigue dans une bouteille. Elle dit à sa mère en montrant l’objet :
- C’est le bateau de papa que je veux.
Sa mère déjà sceptique, le devient encore plus lorsqu’elle aperçoit le prix. Cependant sa fille semble si désireuse de l’avoir, qu’elle décide de se sacrifier.
Elles entrent toutes les deux dans le magasin.  
Le marchand, tout content de se débarrasser à prix d’or de cette horreur, se frotte les mains. La maman sort son porte-monnaie et pose sur le comptoir la somme due. L’homme saisit une pièce l’examine et la repose :
- Mais ! Les pièces sont en bois.
Louise trouve la répartie du monsieur idiote. Dans une chaumière en bois, au fond des bois, les pièces ne peuvent être qu’en bois.
Le monsieur est idiot. L’idiotie n’a jamais empêché d’aimer l’argent. Il reprend une pièce en bois et l’examine. Elle est finement sculptée, tous les détails sont délicatement représentés. C’est du travail d’orfèvre. Une seule pièce a plus de valeur que la bouteille. L’homme fait semblant d’être généreux et accepte la transaction. La maman est soulagée. Elle ne savait pas comment expliquer à son enfant de trois ans, les raisons mercantiles du refus.
La petite fille refuse que la bouteille soit enveloppée. Sa mère tente de lui prendre de peur qu’elle tombe et se blesse. Impossible, elle la tient serrée contre son cœur et, heureuse, elle dit :
- Maman ! Tu as vu. J’ai retrouvé papa. Je savais qu’il était parti naviguer dans une bouteille. Tu ne voulais pas me le dire.
La petite fille marche, en gardant serrer contre elle, ce qu’elle imagine être son père. Plus elles progressent vers la maison en bois au fond des bois, plus la petite fille étreint la bouteille. Arrivée dans la chaumière en bois, elle ne veut pas desserrer son amour pour son père. Sa mère se fâche. Elle force la petite à poser la bouteille sur la table. La petite la pose à contrecœur. Elle ne quitte pas des yeux le bateau de son père.
- Maman ! Je vois papa. Vite maman ! Papa est là.
La mère agacée et attristée par l’emprise du mensonge qu’elle a raconté à sa fille répond sèchement :
- Tais-toi et viens te laver les mains.
- Maman, papa me fait coucou.
La mère s’inquiète de la santé mentale de sa fille. Elle accourt rapidement pour l’attraper et la protéger de l’aura maléfique de la bouteille. En saisissant sa fille, elle jette un coup d’œil au bateau et, elle le voit. Elle voit son mari qui leur fait des signes avec les bras. En écoutant attentivement, elle entend le son de la voix. Elle se pince, la douleur est bien réelle. Elle comprend maintenant le sens des paroles.
- Sors-moi de cette bouteille, s’il te plait.
La maman et la fille sont folles de joie. La mère arrive avec un marteau. Le mari voyant cela, se réfugie à l’intérieur en espérant que le voilier résiste à l’amour fébrile de sa femme. Un seul coup de marteau suffit à briser sa prison de verre. Même les animaux, pourtant indifférents aux humains, ressentent une atmosphère printanière.  D’ailleurs, ne sommes-nous pas le vingt-et-un mars, jour du printemps !
Les miracles étant ce qu’ils sont, le père ne reprit jamais sa taille normale. Cela n’empêcha pas la maman de tomber enceinte.


Chapeau, quel gateau!


Il était un petit navire Il était un petit navire Qui n'avait ja-ja-jamais navigué,

Au clair de la lune, Mon ami Pierrot, Prête-moi ta plume Pour écrire un mot


Bon anniversaire, Louise

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