une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







jeudi 11 septembre 2014

La rentrée



C’est la rentrée. Le plus petit entre en première année de maternelle. L’ainée quitte le secondaire pour rejoindre une école ingénieuse, pardon, d’ingénieurs. Le grand garçon est propulsé malgré lui en première S. La petite se lance dans l’apprentissage de la lecture.
Moi qui ai toujours eu horreur de l’école !
Je n’arrive pas, en fouillant dans les souvenirs, à me remémorer un moment agréable dans l’enceinte de l’école. D’ailleurs lorsque j’ai amené la plus grande en classe préparatoire de maternelle, j’ai été assailli par un déluge de souvenirs dont le seul côté agréable était la certitude que j’avais conservé une mémoire intacte.
Cette année j’ai vécu quatre entrées par procuration. Pour moi c’a été le coup de grâce. Le médecin, après avoir longtemps hésité à m’hospitaliser, m’a prescrit des antidépresseurs surpuissants.
Lorsque mon grand a été déprimé par la rentrée, je me suis botté les fesses pour ne pas compatir. J’ai respiré un bon coup et lui ai dit très sérieusement :
- mon fils tu construis ton avenir.
Puis, je me suis tu, heureux d’avoir joué le rôle du père prêchant la bonne parole.
Lorsque le plus petit tente d’essayer d’ouvrir toutes les portes pour s’échapper de l’école, je ne puis m’empêcher de m’apitoyer. Cependant je garde ma compassion et lui colle deux torgnoles. Une maitresse comme la sienne ! C’est dommage de s’enfuir, à sa place j’irais me réfugier dans ses jupons. D’accord, il est l’innocence même, et moi un vieux cochon. Cette année j’aurais bien fait ma rentrée en maternelle !
Si j’ai tant exécré l’école, c’est parce que j’y suis entré trop jeune. J’étais immature. J’étais en avance de 53ans !

Mes deux garçons ont tendance à aller à l’école à reculons. Ce qui pour Vivien pose un problème : trente kilomètres en marche arrière sur une deux fois deux voies est presque au-dessus de mes compétences. Cependant je ne refuse rien à mes enfants, et j’ai donc investit dans une voiture hybride : la voiture prao.
Pour Antonin, j’ai encore la possibilité de le porter. La proximité de l’école, et son poids raisonnable le permettent encore. Je suis un peu vache. Il est content d’y aller et très content d’en ressortir. D’ailleurs je le trouve assez zen, il supporte mieux que son père les cris d’angoisse, d’agonie des enfants lâchement abandonnés par leurs parents dans la salle de motricité qui sert de lieu d’accueil. Cette dernière, du fait de l’absence de meuble, amplifie les hurlements. Antonin traverse dignement ce lieu assourdissant, m’emmène aux toilettes afin que j’en contemple l’architecture. Il la trouve très belle. Ensuite il me prend la main et me tire dans sa classe déserte où l’attend une dinette. Cependant en tant que père, mon rôle est de l’abandonner lâchement. Donc je le ramène vers sa maitresse et lui colle un bisou (pas à la maîtresse). A peine ai-je eu le temps de décoller mes lèvres qu’il s’enfuit de la pièce afin de trouver une sortie dérobée. Pour l’instant, il ne l’a pas trouvé.
Louise a eu son premier devoir. Elle était toute fière. Pourvu que ça dure ! Cependant je reste sceptique sur la finalité des devoirs. Elle doit reconnaitre les prénoms des enfants de sa classe et les prononcer. Par exemple il y a un enfant qui s’appelle Levent. Jusque-là aucun problème. Par contre la prononciation est originale : livennete.
Autre exemple : hyaman prononcé aillemane
J’imagine plus tard lorsqu’elle lira : la Manche est le domaine des vents violents.
La maneche est le domayene des vennetes violennetes.

Ça pourra peut-être passer pour un accent méridional.
Cette forme d’apprentissage était valable il y trois décennies, avant que les prénoms afro-américain-arabo-chinois-bretons envahissent l’espace sans respecter les sacro-saints du calendrier.
Je suis une langue de vipère car tous les enfants issus de la classe de la maîtresse de ma fille savent lire. Certains liront avec l’accent belge, d’autres avec l’accent congolais, danois, canadien, algérien et même avec l’accent picard.

4 commentaires:

  1. contente de voir que pour toi aussi c'est la rentrée ;-)!
    J'ai beau porter des lunettes pour lire (les lettres rétrécissent, t'as remarqué?), je n'ai pas encore besoin de sonotone, et mes oreilles sont agressées quotidiennement par des enfants hurlants, à la récré;
    mais là! c'est la rentrée vue (entendue) de l'intérieur......;-) bisous Fred!

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    1. Dommage, car si tu avais un sonotone, tu le retirerais et la classe deviendrait aussi calme qu’un couvent après la distribution de carottes, malheureusement râpées.
      Bisous

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