une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







mardi 10 mai 2016

J’aime papa



Hier matin, mon plus jeune fils était à cent pour cent avec son père. Il ne voulait que moi. « Sur le chemin de l’école » (c’est une chanson et un film), il disait à sa maman adorée qu’il était heureux que son père vienne le chercher ce midi, comme tous les midis.
Le weekend au bateau est un peu responsable des sentiments exacerbés de mon fils. La mer, l’eau sont pour lui fondamentales.
En manifestant sa joie du weekend et l’amour pour son père, il explosa en plein vol dans l’école. Il tapa deux maîtresses. Rassurez-vous, elles ne sont pas à l’hôpital.
L’accueil du midi ne fut pas le plus chaleureux. La maitresse agacée m’apostropha sans ménagement devant les autres parents d’élèves  et résuma brièvement l’affaire. Je compatis, pris mon gamin et nous rentrâmes chez nous. Durant le temps du midi, j’eus une discussion avec mon fils, et l’après-midi il ne fit pas d’étincelle.
J’ai toujours soutenu les enseignants. Je reconnais qu’ils ne font pas un boulot facile. Cela ne va pas en s’arrangeant. Entre les directives des ministères qui n’ont une connaissance du microcosme de l’école par ouï-dire, et les parents qui les respectent de moins en moins, il y a de quoi s’effriter.
Dès l’entrée en petite section, nous avons mis en place avec une infrastructure extérieure à l’école des protocoles afin que la scolarité de notre fils se déroule le mieux possible, et sans qu’il ne détruise trop d’enseignants.
L’enseignante de petite section ne s’adapta pas une seconde à cet élève non formaté, malheureusement lui non plus. Cette enseignante, par exemple, refusait les enfants qui ne dormaient pas l’après-midi. Ce n’est pas pour cela qu’elle préparait ces fiches pédagogiques. Elle était trop dans la routine et notre fiston dérangeait. La fin de l’année fut horrible.
Cette année, il y a un progrès, notre fiston a grandi, et la maîtresse est un peu moins psychorigide.  Pourtant c’est encore difficile, nous sommes à l’écoute, proposons des solutions, qui ne sont pris en compte que lorsque la psychologue scolaire ou l’équipe éducative le suggère. Ainsi, à chaque fois nous perdons deux mois. Hier je n’ai pas du tout apprécié les reproches publics, non à cause des regards des autres (au bout du quatrième enfant je suis blindé), parce que cela reflétait un manque de pédagogie et de patience. Je sais que mon fils est épuisant, agaçant, despote, et même, il faut le dire parfois obéissant. Cependant il n’est pas présent toute la semaine. Il ne va à l’école que le lundi, le mardi matin, le jeudi et le vendredi matin afin que l’enseignant puisse recharger ses batteries.
C’est la première fois de ma vie de parent que je vois des enseignants qui soient incapables de s’adapter. Je sais que mon fils est loin d’être un ange, nous en sommes conscients et nous faisons tous ce qui est possible afin que tout se passe bien. Si mon grand garçon avait eu le même genre d’enseignant, il lui aurait attaché les bras le long du corps.
J’appréhende ce matin. J’ai peur d’entendre « j’aime papa »


PS suite à un bogue informatique, les écrits sont restés sagement dans l’ordinateur jusqu’à maintenant. Donc je puis confirmer que Antonin « aime pas papa » et que ce matin il a été adorable à l’école.

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