Tous
les matins, je relis la lettre de Vivien. Je reconnais qu’il m’arrive parfois (vraiment
parfois, c’est-à-dire rarement) de supprimer certains passages un peu crus. J’ai
délégué la correction de l’orthographe à Aso. Si certaines fautes résistent à
son regard d’aigle, c’est qu’elle est distraite par les enfants qui vampirisent
leur maman adorée.
Durant la longue période d’incertitude due à
la survie de Vivien, je pensais tous les jours aux parents d’un cavalier dont j’étais
l’enseignant préféré. Leur unique enfant est décédé. Ma souffrance n’était rien
par rapport à la leur, j’avais toujours l’espoir qu’il revienne. Il n’était pas
parti.
Au moment
du décès de leur enfant je compatissais. J’adorais les parents et leur garçon. Je
ressentis une énorme tristesse et la vie reprit son cours. Avec Vivien j’ai
approché leur souffrance, mais seulement de loin. Sincèrement maintenant, je sais
que la perte d’un gamin peut amener à
une telle abomination que parfois, seule
la folie peut prétendre à vous soulager.
Encore
maintenant, je ne puis m’empêcher de penser régulièrement à eux, à leur
détresse et leur souffrance qui ne sera jamais atténuées.
Ma
mère, au décès de mon frère disait :
- Heureusement
que j’ai soixante-dix ans, car je n'aurais pas à supporter trop longtemps une telle souffrance.
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