L’aube n’a pas de compassion pour le pauvre homme
assis sur une chaise. Sans chaise, il a quelques difficultés à garder la
position. L’aube exige qu’il crée un texte afin de le lire à sa voisine la
grasse matinée. L’homme s’attèle au dur travail d’écrire. Il enfile un harnais,
ajuste correctement la têtière, reste immobile dans ses traits. Un appel de
langue donne l’ordre du départ. Bien dressé et d’un comportement docile, il
s’ébroue. Puis d’un pas puissant tire le stylo qui s’enfonce dans le papier et
crée un sillon sinueux. Il est suffisamment fort pour tirer plusieurs stylos.
Mais l’aube le ménage. Elle est une adepte et même la créatrice du
proverbe : qui veut aller loin
ménage sa monture.
L’aube, contrairement au paysan qui impose au
tracteur le tracé (les chevaux de trait ! C’est terminé depuis belle
lurette) laisse l’homme mener la charrue à sa guise. Juste de temps à autre,
lorsque les idées deviennent subversives, un coup de chambrière remet sur les
sillons de la bienséance, l’écrivain égaré dans ces pensées.
L’homme n’est pas un adepte des pratiques sado maso.
Chaque claquement de lanière sur sa croupe réveille une envie de rébellion. La
douleur lui ouvre les portes d’un monde où l’imagination dirige l’écriture. Un
monde où les pensées ne sont pas décortiquées et censurées, elles ne sont que
des pensées. Des pensées égayant un jardin déjà coloré par d’autres fleurs.
La fin de la douleur, efface ce monde imaginaire, et
l’homme retend ses traits et trace un sillon d’où surgira des pensées bien
alignées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire