une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







mardi 14 mai 2013

Dépression



La crise, la morosité, les divers conflits, le confit de canard, la montée des extrêmes et tant de choses encore, obscurcissent notre vision. Des faits primordiaux passent inaperçus et c’est bien dommage. L’homme dans son comportement est individualiste. Préoccuper par le pouvoir, les radars, la couleur de la prochaine voiture, il occulte l’évidence. Il ne voit pas que notre seigneur file un mauvais coton.
Mon intuition me signale que le poil de certains lecteurs se hérisse. Une bonne épilation y remédiera. Ils ne comprennent pas que je puisse m’occuper de Dieu alors que je suis un chien infidèle de non croyant.
C’est exact, la croyance divine est absente de ma philosophie. Cependant, lorsque vous parlez de vos parents, employez-vous le mot croyance ? Vous dites tout simplement, ma mère mon père. La croyance en vos parents, si elle existe, diminue avec le vieillissement et quelquefois s’estompe à l’adolescence. Comment puis-je croire en Dieu alors que je le vois régulièrement ? Il est exact aussi que sa parole divine n’est pas si divine. Il est comme une personne qui réfléchit beaucoup, sujet à des doutes. Sa solitude n’arrange guère les choses. C’est justement à ce sujet que je voulais vous interpeller.
Ces dernier temps, Dieu se fait plus distant. Il ne répond plus à mes appels, pourtant j’utilise la ligne directe. C’est tout nouveau. Pour communiquer avec lui, plus besoin d’église, de mosquée, de temple… ; un calvaire suffit amplement. Il suffit de posséder un portable, de s’unir à la croix, de composer un numéro au hasard et hop vous avez théoriquement Dieu au téléphone. Il n’y  aucun abonnement, la communication est gratuite sauf pour les intégristes de tout poil où l’abonnement est excessivement cher ; Dieu ne supporte pas les marchands de tapis. Evidemment la ligne est ouverte à toutes les confessions quelle qu’elles soient. Il y a d’autres moyens que le calvaire, mais en France c’est le plus efficace. Pour les autres systèmes, me contactez en privé, je vous enverrai la liste.
Lorsque je l’appelle, il ne répond plus. Je tombe sur la messagerie divine qui me demande de rappeler ultérieurement. Le problème est que chez Dieu « ultérieurement » peut être aussi bien dans deux jours, dans six mois ou dans trois siècles.
Inquiet, je contacte aussitôt Bernadette. Je lui fais part de mes inquiétudes. Elle est du même avis. Dieu serait dans une phase fortement dépressive, limite suicidaire. Toujours d’après Bernadette : sa principale création, c’est-à-dire l’humain, le déçoit. Cette déception a fini par le gangréner. Il a consulté des psys. Freud, Lacan… après une longue analyse ils lui ont fait prendre conscience que sa mère avait été trop fusionnelle. Cette réalité a accentué sa dépression. Il n’a pas de mère. 
Seules Bernadette et Françoise Dolto arrivent à le maintenir dans une optique où la vie est essentielle.
Le problème est que sa dépression ne date pas d’aujourd’hui. Les premiers symptômes sont apparus quand l’homo sapiens a bouffé l’homme de Neandertal. Ainsi tous les évènements non humains que l’humanité s’est infligée l’ont aggravée.
Il a bien tenté  d’influer sur des hommes pour rétablir un peu de calme. Il pensait avoir trouvé la parade en insufflant à l’un d’eux la phrase célèbre et connue de toute l’humanité : aimer vous les uns les autres.
Les hommes s’empressèrent par dévotion de suivre son souhait. Ainsi ils créèrent l’un des premiers dictons : qui aime bien châtie bien. L’histoire et l’actualité nous confirment tous les jours que l’homme s’aime de passion mortelle.
Ce qui l’a achevé le plus est d’ailleurs une erreur de sa part. Dieu, comme beaucoup d’humains issus de la génération durant laquelle l’informatique n’existait pas, commet souvent des erreurs. La dernière : il a validé au lieu de supprimer le nom du prochain messie. Ce messie tant attendu sera Christine Boutin.

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