La crise, la morosité, les divers conflits, le
confit de canard, la montée des extrêmes et tant
de choses encore, obscurcissent notre vision. Des faits primordiaux passent
inaperçus et c’est bien dommage. L’homme dans son comportement est
individualiste. Préoccuper par le pouvoir, les radars, la couleur de la
prochaine voiture, il occulte l’évidence. Il ne voit pas que notre seigneur
file un mauvais coton.
Mon intuition me signale que le poil de certains
lecteurs se hérisse. Une bonne épilation y remédiera. Ils ne comprennent pas que
je puisse m’occuper de Dieu alors que je suis un chien infidèle de non croyant.
C’est exact, la croyance divine est absente de ma
philosophie. Cependant, lorsque vous parlez de vos parents, employez-vous le
mot croyance ? Vous dites tout simplement, ma mère mon père. La croyance
en vos parents, si elle existe, diminue avec le vieillissement et quelquefois
s’estompe à l’adolescence. Comment puis-je croire en Dieu alors que je le vois
régulièrement ? Il est exact aussi que sa parole divine n’est pas si
divine. Il est comme une personne qui réfléchit beaucoup, sujet à des doutes.
Sa solitude n’arrange guère les choses. C’est justement à ce sujet que je
voulais vous interpeller.
Ces dernier temps, Dieu se fait plus distant. Il ne
répond plus à mes appels, pourtant j’utilise la ligne directe. C’est tout
nouveau. Pour communiquer avec lui, plus besoin d’église, de mosquée, de temple… ;
un calvaire suffit amplement. Il suffit de posséder un portable, de s’unir à la
croix, de composer un numéro au hasard et hop vous avez théoriquement Dieu au
téléphone. Il n’y aucun abonnement, la
communication est gratuite sauf pour les intégristes de tout poil où l’abonnement
est excessivement cher ; Dieu ne supporte pas les marchands de tapis.
Evidemment la ligne est ouverte à toutes les confessions quelle qu’elles
soient. Il y a d’autres moyens que le calvaire, mais en France c’est le plus
efficace. Pour les autres systèmes, me contactez en privé, je vous enverrai la
liste.
Lorsque je l’appelle, il ne répond plus. Je tombe
sur la messagerie divine qui me demande de rappeler ultérieurement. Le problème
est que chez Dieu « ultérieurement » peut être aussi bien dans deux
jours, dans six mois ou dans trois siècles.
Inquiet, je contacte aussitôt Bernadette. Je lui
fais part de mes inquiétudes. Elle est du même avis. Dieu serait dans une phase
fortement dépressive, limite suicidaire. Toujours d’après Bernadette : sa
principale création, c’est-à-dire l’humain, le déçoit. Cette déception a fini
par le gangréner. Il a consulté des psys. Freud, Lacan… après une longue
analyse ils lui ont fait prendre conscience que sa mère avait été trop
fusionnelle. Cette réalité a accentué sa dépression. Il n’a pas de mère.
Seules Bernadette et Françoise Dolto arrivent à le
maintenir dans une optique où la vie est essentielle.
Le problème est que sa dépression ne date pas
d’aujourd’hui. Les premiers symptômes sont apparus quand l’homo sapiens a bouffé
l’homme de Neandertal. Ainsi tous les évènements non humains que l’humanité
s’est infligée l’ont aggravée.
Il a bien tenté
d’influer sur des hommes pour rétablir un peu de calme. Il pensait avoir
trouvé la parade en insufflant à l’un d’eux la phrase célèbre et connue de
toute l’humanité : aimer vous les uns les autres.
Les hommes s’empressèrent par dévotion de suivre son
souhait. Ainsi ils créèrent l’un des premiers dictons : qui aime bien
châtie bien. L’histoire et l’actualité nous confirment tous les jours que
l’homme s’aime de passion mortelle.
Ce qui l’a achevé le plus est d’ailleurs une erreur
de sa part. Dieu, comme beaucoup d’humains issus de la génération durant
laquelle l’informatique n’existait pas, commet souvent des erreurs. La
dernière : il a validé au lieu de supprimer le nom du prochain messie. Ce
messie tant attendu sera Christine Boutin.
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