Statistiques

J’ai dépassé les cinq lecteurs au mois d’avril. N’est-ce pas extraordinaire ! Ma femme et moi avons fêté dignement l’évènement en déposant les petits en centre d’accueil d’urgence. Nous avons pu nous torcher avec un petit vin de pays. J’ignore le pays, il faut juste éviter de boire le vin les yeux bandés, il serait probablement confondu avec un débouche trou.

Ce matin, la récupération est ardue. J’atteste que ce petit vin de pays inconnu est un réel débouche trou. J’ai les boyaux, je n’ai plus de boyau ou du moins j’en ai autant que les hommes politiques ont d’honnêteté. J’essaye de réfléchir, la tête aussi a subi un nettoyage haute pression.

Je pense à mes cinq lecteurs. Sont-ils cinq ? Ou est-ce un lecteur qui a consulté cinq fois une page. Je consulte le mail de l’organisme qui s’occupe de la gestion des statistiques de mon blog. Ils sont très performants, pour cinquante euros par mois, ils comptent mes lecteurs avec précision. Donc, j’ai précisément eu 5,5 visiteurs au mois d’avril. Hier soir ma modestie naturelle avait occulté le 0,5. Il m’inquiète ce 0,5. Qui est-il ?

Est-ce un nain, un enfant, un anorexique, un cul de jatte, un paraplégique, un QI de 60, un arabe, un noir, deux roms… ?

Lorsque mes propos deviennent xénophobes, je plaisante. Malheureusement, ce genre de connerie je l’entends trop souvent et elle me fait mal aux tripes (que je n’ai plus). La preuve ! Mon nègre africain est loin d’être une demi-portion. Demandez à ma femme !

Où ont-ils trouvé un demi-lecteur ? A moins que cela soit un lecteur et demi. Donc d’office, j’élimine ceux cités plus haut. Attention à la marche. J’inclus mon nègre africain. Ma femme me fait signe de la tête que non et me montre deux doigts ; il en vaut deux. Que me reste-il ? Les obèses, trois nains, les notables, les hommes politiques, les banquiers, le clergé… je m’ennuie, ces gens sont d’un triste. Sincèrement je préférais les demi-portions.

Je viens de recevoir un mail de l’institut de gestion de statistique. J’ai une alerte. Mon pc sonne lorsqu’un mail arrive. En prime il m’indique l’envoyeur. Je clique dessus et vous le découvrirez en même temps que mézigue.

« Cher client, une erreur chez nos sous-traitants de Casablanca s’est insidieusement glissée dans notre fichier informatique. Nous réactualisons donc l’analyse de vos statistiques. Vous avez eu 0.5 lecteur au mois d’avril… »

Je me stoppe la lecture, car le demi-lecteur est l’auteur lui-même !