une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







mardi 20 septembre 2011

L'image du père

 C’est Antonin. Je profite que mon père cuve son vin pour écrire un petit mot. Bien évidemment, la personne qui pianote les touches du clavier est mon nègre préféré. Celui qui refuse de travailler pour mon père. Ce dernier le traite comme nos ancêtres traitaient les africains.
J’ai à peine six semaines et j’ai la possibilité d’étaler mes états d’âmes sur le web. Je suis conscient de mon privilège, je compte bien en profiter.
Par contre, ne rêvez pas, je ne vous dévoilerai pas ce que ressent un nouveau-né. Si, je vais être sympa, je vais lever un coin du voile : les adultes, vous êtes d’un ennuyeux à endormir un hyper actif dopé au café. Heureusement que j’ai ma sœur, sinon je serais devenu neurasthénique.
Je découvre petit à petit le monde. Ce que j’apprécie surtout, ce sont les courbes voluptueuses des seins de ma mère. Leur beauté est telle, que je ne me lasse pas de les contempler. D’ailleurs, nous sommes en symbiose parfaite : sans eux, je suis malheureux ; sans moi, ils pleurent.
Mon père, c’est une autre paire de manches. Comment dire… il est répulsif... dans tous les sens. Le sens de l’odorat : il dégage une odeur rance et âcre. Le sens de la vue : ses cheveux hirsutes et sa façon de s’habiller agressent ma perception encore vierge et sensible. Le pire, est le tactile : il pique et lorsque je tente de le téter, ma bouche se remplit de poils malodorants. Du coup, je l’ai viré du lit et j’ai pris sa place.
Ma mère a besoin d’un homme à côté d’elle. Un vrai, un qui assure, un qui soit capable de la protéger. J’aime bien mon père, mais sincèrement, j’aurais aimé en avoir un plus jeune, moins aigri et plus courageux. J’aurais aimé avoir un père privilégiant la vie sociale à son propre plaisir.
Ma sœur n’est pas d’accord avec moi. Elle n’est pas objective, elle est en pleine crise œdipienne.

A l’instant, je sors des bras de mon père. A chaque fois, je souffre : entre ses poils qui sortent du nez, son haleine fétide issue d’un mélange de vin, d’ail et de dents mal lavées, ses bisous piquants et le pire : ses chansons, il chante aussi bien qu’un portail rouillé, je n’ai qu’une seule solution : faire semblant de dormir. Lui est heureux parce que je m’endors dans ses bras. Comme quoi le plaisir n’est pas toujours réciproque.

J’embrasse ma sœur et mon frère qui sont très, très loin

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