une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







lundi 16 août 2010

le comportement du marin au port

Après de dures et âpres négociations, j'ai accepté de reprendre la plume en tant que nègre au service de Frederic Constant.


Nous sommes le lundi 16 août. Il est trois heures du matin. Le vent fort en soufflant m'a chassé de ma couchette en jouant avec les drisses mal étarquées des bateaux voisins (les drisses sont des cordes qui permettent de hisser les voiles). En général, je sors et j'y remédie.

Ce matin, j'ai la flemme. L'action impose de s'habiller, mettre un slip et une paire de chaussures : ça, c'est la version minimaliste ; ensuite, situer le fauteur de troubles, grimper sur le bateau responsable, trouver la bonne drisse et la bloquer. Le tout, dans des rafales de vent glacées. J'ai tendance à choisir la version minimaliste, et quelque fois encore moins. À trois heures du matin, je n'ai pas le courage d'entamer une telle expédition. De plus, j'ai un peu mal aux cheveux...

D'ailleurs, le marin a fréquemment mal aux cheveux. Cette douleur est plus répandue dans les ports à écluses, où le marin désœuvré de ne pas pouvoir naviguer à sa convenance, écluse quelques verres de réconfort. Le marin est avant tout un animal qui vit en troupeau et ne boit jamais seul. Dans les ports, avant les repas, une étrange cérémonie se déroule sous l'œil ébahi des non-initiés. Une meute de marins envahit l'arrière d'un bateau et remplit des verres qu'elle vide encore plus rapidement. L'apéro suivant s'organise selon le même cérémonial sur un autre bateau. Le marin ne boit jamais deux fois de suite sur la même nef. Ce comportement irrationnel a quelquefois des conséquences désastreuses. Le nombre de convives ne diminue jamais, mais la taille des bateaux, si. De frêles esquifs ont parfois chaviré par l'arrière, submergés par le poids des buveurs. Autre particularité, le marin ne s'éloigne jamais de son ponton pour se livrer à ce rituel. Un marin bagué, qui a servi pour l'étude, nous a permis de confirmer cette théorie. Il n'a jamais été plus loin que le ponton voisin. La seule fois où il a dérogé à la coutume, il a pris son annexe (engin gonflable et fortement instable à l'embarquement et au débarquement) qui a été retrouvé vide le lendemain matin. Ainsi, maintenant, vous connaissez la raison de la démarche chaloupée du marin.



J'ai finalement pris mon courage à deux mains, et j'ai attaché les drisses des bateaux voisins. Rassure-toi Jérôme, ce n'était pas Amadeus. Il est même un exemple pour beaucoup.



Séverine, en tant que première membre du blog, a gagné un aller-retour Fécamp avec trente degrés de gite !

Au prochain billet.

1 commentaire:

  1. Une annexe, une annexe, tu veux dire un cadichon, c'est ça ? Et en tant que premier membre de ce blog, je réclame un aller retour pour Fécamp par vent de force 7, minimum, qu'on rigole ! ... Qu'on vomisse.

    RépondreSupprimer