une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







lundi 6 février 2012

Conséquence d'un épisode neigeux.


Dimanche matin.

Il neige, les deux ados sont heureux comme des rois. Pourtant rien ne certifie que les rois soient heureux. Les enfants espèrent que la neige leur fermera l’accès du collège et du lycée. Bien qu’ils soient adolescents, ils considèrent toujours leur père comme un dieu. Ce matin j’ai eu droit à de nombreuses offrandes. Leur action n’était pas innocente. Ils espéraient atténuer ma témérité incontrôlable. Elle est capable de m’ordonner de prendre la voiture avec tous les gamins à bord et de m’imposer de conduire dans des conditions où l’adhérence est sponsorisée par Téfal.
Rien ne terrassera la témérité, je n’ai pas peur de parcourir 150 km sous la neige et des routes verglacées. D’ailleurs, ne suis-je pas un conducteur hors pair ? N’ai-je pas les capacités de rouler à vive allure dans des conditions très médiocres. La preuve ! Je n’ai jamais eu d’accident depuis que je tiens un volant. D’accord, je n’ai plus de point, plus de permis, plus d’assurance. Je pourrais suivre des stages de récupération de points, cependant je n’en vois pas l’utilité. Je possède déjà toutes les qualités requises d’un parfait conducteur. J’entends des voix qui s’élèvent parmi les lecteurs poltrons :
- N’est-ce pas une forme d’inconscience de conduire sans être assuré ?
Je réponds du tact au tact ; j’ai le sens de la répartie :
- Pourquoi être assuré, alors que je ne suis jamais responsable d’aucun accident ?

Nous sommes dimanche soir, les grands sont toujours là. Je viens de me relire, et je ne me reconnais point dans le discours que je tiens sur la conduite. Je sais d’où ça vient : ce matin j’ai demandé à ma fille du paracétamol, elle a dû se tromper et me refiler un ecstasy.

Lorsque j’étais enseignant de dada, j’ai croisé un homme qui avait les mêmes compétences décrites plus haut.
Il est arrivé, tout fier d’avoir à réussi à convoyer ses deux enfants sur une route de glace pure. Je me souviens, la semaine précédente un froid glacial avait tétanisé l’Europe. Puis, la pluie avait surgi et transformé les sols en une véritable patinoire.
Il est arrivé tout fier de lui, d’ailleurs c’était le seul client, les autres plus raisonnables avait renoncé. Je lui ai dit le fond de ma pensée. Cependant bien que ses filles fussent les seules clientes, et que je n’eusse aucune envie de faire un cours particulier, je fis un effort hors du commun en leur donnant une leçon. Je ne voulais pas que l’irresponsable de père reprenne immédiatement la route et trucide ses deux filles.
Je ne revis jamais le père, ni les filles, il n’avait pas apprécié le fond de ma pensée.

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