Tiendrai-je le coup ? Tous les jours je me lève
à cinq heures dans le but de pianoter sur les touches du clavier du PC portable.
Cet article est le onzième d’une longue série de onze. Je traduis pour les iconoclastes.
Cela fait onze jours que je passe de la position horizontale à la position
verticale à une heure qui est réservée aux braves et aux courageux, adjectifs
qualificatifs dont on ne peut me qualifier. Je viens, mine de rien de m’envoyer
une fleur. Un homme fainéant et poltron qui se lève aux aurores, n’est-ce pas
un être débordant de volonté et, je peux le dire, de courage.
Pertinemment, je sais que je ne tiendrai pas le
coup. Ce n’est ni par un manque de volonté, ni par un manque d’envie. C’est
parce que cela est gravé dans le marbre. J’aurais pu préférer une autre matière
comme support, mais je n’avais que du marbre sous la main et un rouleau de
papier toilette. De toute façon je n’avais pas le choix, car l’auteur est mon
père. Lorsque j’étais plus jeune et que ma vie était encore entre les mains de
mes créateurs, mon père lors de nos confrontations sur l’essence même du quotidien
aimait me répéter :
- Tu ne vas jamais au bout des choses.
Ou
- Tu ne finis jamais rien.
De petites phrases courtes qui vous poursuivent
toute votre vie.
Ainsi, lorsque j’ai décidé d’interrompre le voyage
en bateau, mon père est apparu et j’ai
entendu sa petite litanie.
Lorsque l’année dernière j’ai cessé d’écrire sur le
blog, j’y ai aussitôt pensé.
Lorsque j’ai vendu mon club, pareil.
Je ne dis pas qu’il avait tort, d’ailleurs mes
enfants et ma femme me font fréquemment le même genre de reproche :
- Papa ! Les pommes de terre ne sont pas cuites.
- Papa ! Tu m’as savonné et pas rincé.
- Papa ! Je ne veux plus que tu m’amènes à l’école,
à chaque fois tu m’abandonnes en chemin.
- Papa ! Tu n’as pas attaché ma couche.
- Papa !
Tu as changé ma couche mais tu n’as pas retiré mes selles.
- Mon chéri, pourquoi tu m’abandonnes juste avant l’orgasme.
D’ailleurs je n’ai jamais éjaculé une seule fois de
ma vie. Je commence soit l’acte d’amour, soit une petite masturbation en
solitaire. Je me lasse et passe à autre chose que je ne finis d’ailleurs pas.
Mes enfants, je n’en suis pas le responsable,
surement un passant qui par compassion a voulu terminer le travail.
Même la mort râle après moi.
- Quand vas-tu finir de vivre ?
La pauvre si elle savait.
Je n’ai aucune récrimination envers mon père. Je
comprends que j’ai pu l’agacer comme mon fils de quatorze ans a le don de me
faire sortir de mes gonds, surement trop huilés. C’est systématique, dès que je
rentre dans sa chambre, je vois rouge. Par respect pour lui, je ne décrirai pas
minutieusement l’intérieur de la pièce. C’est indescriptible, les mots ne sont
pas assez puissants.
Evidemment, j’y vais de mes petites phrases qui vont
peut-être le poursuivre toute sa vie. Alors, lorsque j’y arrive et que le quotidien
ne m’y oblige pas, j’évite de rentrer dans sa chambre.
Je n’ai pas le choix, un jour je cesserai donc d’écrire,
comme j’ai cessé l’année dernière. Il est impossible de passer outre un destin tracé
par ses géniteurs ayant l’autorité parentale. Cela me rappelle un souvenir de
jeunesse. Je devais avoir dix ans et je jouais avec mon frère aux petites
voitures lorsque mon père fit
finis ta phrase Fred ! je veux savoir la suite
RépondreSupprimerbises en passant
Navré pour la fin de l’histoire, elle est tombée dans une chausse-trappe.Bises à tous.
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