une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







samedi 31 décembre 2011

Sevrage

- Au secours ! A l’aide ! Mon père veut m’assassiner. C’est immoral et contre les tendances de la psychanalyse. C’est moi qui devrais tuer le père.
Je ne passerai pas la fin de l’année. Il a manipulé ma mère. Il l’oblige à me sevrer.
Je ne conçois pas une vie sans les seins de ma mère. Comment dormir sans sentir la douce caresse ondulante de ces monts ? Où vais-je posé mes lèvres sculptées avec précision dans le but de s’emboiter parfaitement sur les tétons ?  Depuis quelques nuits, ma mère profite de mon sommeil pour me coucher dans un lit qui n’est pas le mien. Ma place est au côté de ma mère et je désire y rester. Elle tente aussi de me donner le biberon, jusqu’à maintenant j’ai réussi à résister. Je pensais même avoir gagné. Hier, j’ai surpris une discussion entre ma mère et mon père. Ce dernier disait :
- Tu n’as qu’à me le laisser une journée ou deux. Il sera bien obligé de prendre le biberon, et à la rigueur, il terminera aux urgences sous perfusion.
Oui, vous avez bien lu, j’ai retranscrit mot à mot la phrase interceptée. Je suis conscient que ma mère ne tolèrerait pas une telle méthode. Mais elle reflète la nouvelle orientation politique de mes parents : me retirer les seins !
J’étais bien, j’étais heureux, j’appréciais la vie telle quelle. Un sourire, des hurlements, une paire de seins. Un sourire, des hurlements, une paire de seins. Que peut-on désirer de plus ? Certains diront que c’est l’apprentissage de la vie. C’est exact, je viens d’apprendre que le bonheur est éphémère.
Mon père est responsable de l’effondrement de mon univers. Il n’a jamais supporté que j’accapare les deux seins et le corps sur lequel ils sont greffés. J’avais réussi l’exploit de le foutre à la porte de notre chambre. De toute façon, son grand âge ne lui permettait plus de commettre l’acte primitif. Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas assisté à la scène primitive, et comme vous l’avez compris, il ne peut plus. J’ai sous-estimé sa rancune et son animosité. Comme quoi les vieux sont des teigneux.
J’ai peur. J’ai peur de ne plus sentir la petite de goutte de lait perler et choir sur la langue. J’ai peur de ne plus dormir avec un téton en bouche. J’ai peur de ne plus avaler ce précieux liquide que je gardais en moi. J’ai peur d’avoir dans la bouche une tétine en caoutchouc ou en silicone. J’ai peur du silicone et de toutes les matières plastiques qui peuvent être source de cancer. J’ai peur de quitter ma maman.

Bien que je sois malheureux, je n’oublie pas de vous souhaiter une bonne fin d’année.

Texte écrit par mon grand frère, je ne maîtrise pas encore l’écriture.

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