une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







vendredi 17 mai 2013

Cheval de trait



L’aube n’a pas de compassion pour le pauvre homme assis sur une chaise. Sans chaise, il a quelques difficultés à garder la position. L’aube exige qu’il crée un texte afin de le lire à sa voisine la grasse matinée. L’homme s’attèle au dur travail d’écrire. Il enfile un harnais, ajuste correctement la têtière, reste immobile dans ses traits. Un appel de langue donne l’ordre du départ. Bien dressé et d’un comportement docile, il s’ébroue. Puis d’un pas puissant tire le stylo qui s’enfonce dans le papier et crée un sillon sinueux. Il est suffisamment fort pour tirer plusieurs stylos. Mais l’aube le ménage. Elle est une adepte et même la créatrice du proverbe : qui veut aller loin ménage sa monture.
L’aube, contrairement au paysan qui impose au tracteur le tracé (les chevaux de trait ! C’est terminé depuis belle lurette) laisse l’homme mener la charrue à sa guise. Juste de temps à autre, lorsque les idées deviennent subversives, un coup de chambrière remet sur les sillons de la bienséance, l’écrivain égaré dans ces pensées.
L’homme n’est pas un adepte des pratiques sado maso. Chaque claquement de lanière sur sa croupe réveille une envie de rébellion. La douleur lui ouvre les portes d’un monde où l’imagination dirige l’écriture. Un monde où les pensées ne sont pas décortiquées et censurées, elles ne sont que des pensées. Des pensées égayant un jardin déjà coloré par d’autres fleurs.
La fin de la douleur, efface ce monde imaginaire, et l’homme retend ses traits et trace un sillon d’où surgira des pensées bien alignées.

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