une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







lundi 13 mai 2013

La chute



Aujourd’hui vous ne lirez pas l’article d’hier concocté aux petits oignons. Il m’est impossible de vous servir un plat sans sa pointe de sel. La cuisine en est vide. J’ai retourné tous les placards, aucun grain de sel n’a daigné se montrer. Par contre la vaisselle, ivre de liberté, s’est fracassée sur le sol.
L’article est resté sans chute. Il est suspendu dans les airs et refuse de descendre. J’ai tout vérifié, la présence d’un parachute, d’un élastique, de la main de Dieu, de la gravité. Il n’y a rien qui entrave la liberté de la chute.
Où sont passées les chutes ?
Pourtant les chutes ne sont pas une espèce en voie d’extinction. Des chutes il y en a à tous les coins de rue. Juste à côté de moi, j’aperçois la chute du toit. Elle reste inflexible à mes doléances et refuse de coopérer.
La chute de l’empire romain aimerait participer. Cependant, depuis la chute d’Alésia je développe une urticaire à chaque énoncé de ce nom.
Un cheval, mon voisin de palier me propose de créer ma propre chute. Je le déçois en refusant. Servir de projectile n’est pas ma passion première.
Boris Vian du haut de son ectoplasme désire m’aider. J’en suis ravi. Cependant en tant que torchon, je refuse de le souiller.
Jean Paul Sartre m’écrit une chute, je n’arrive pas à la déchiffrer.
Claude François tout bouillonnant m’électrise.
Une feuille, pas encore bronzée par un soleil égaré dans le nord de la France, me propose d’attendre l’automne.
Une chute de pierre m’assomme.
Malgré toutes ces sollicitations, je n’ai toujours pas de chute. Et maintenant il me manque deux chutes, une pour le texte qui n’est pas encore affiché à l’écran et pour celui d’aujourd’hui qui est sous vos yeux. Je peste à haute voix.

 Ma femme me réprimande :
-Chut ! Les enfants dorment.

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