une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







mercredi 8 mai 2013

Education



Je suis en colère après mon plus jeune fils. Je viens de m’apercevoir que le texte, concocté hier, a perdu plusieurs phrases. Comme une andouille, je ne l’avais pas sauvegardé sur une clé.
Il est attiré par les ordinateurs comme un moucheron par une bougie. À la différence qu’il ne se brûle ni les ailes, ni les doigts. Des quatre gamins, c’est le seul qui a la notion de l’éphémère. Le  « non » a une durée de vie proche de la micro seconde. Il ne conçoit pas l’éternité dans les interdits. D’ailleurs chez lui, l’interdit est une notion toute relative. Une chose n’est jamais interdite, elle est juste temporairement inaccessible.
Mes autres enfants ont toujours respecté, dès leur plus jeune âge, les interdits que je leur imposais. Avec plus ou moins de réticence, ils finissaient par plier sous les coups de chambrière qui perlaient leur dos d’une douce rosée.
Ne l’accablons pas, il n’a pas la parole pour se défendre et justifier ses actes. A son corps défendant, son père a l’âge des grands pères des autres familles. Il perd ses dents et même son dentier. De la salive sèche reste constamment collée à la commissure des lèvres, son élocution est hésitante et chevrotante, sa démarche est saccadée et instable, les coups de fouet ont perdu de leur vigueur et de leur précision. Il est dans l’incapacité d’apporter une éducation sereine et juste.
Evidemment sa mère tente de palier le handicap du père. Le temps l’empêche d’être constamment au sommet de ses compétences, non à cause du vertige, mais à cause des couches. Changer le gamin demande un temps certain, mais changer le père est plus long. J’avais oublié de préciser que j’étais aussi incontinent. 
D’après les dernières informations qui m’ont été criées dans l’oreille, cela devrait s’arranger. D’après le psy, il suffirait de placer le père dans un hospice, afin que le fils puisse s’affranchir de la présence d’un père crachotant et gâteux. Toujours d’après le pédopsychiatre, ses actions apparemment non contrôlées seraient seulement une adaptation comportementale à l’image du père légèrement fanée. Il chercherait à compenser ses faiblesses.
D’après l’illustre spécialiste, lorsqu’il prend mon PC pour une enclume, c’est juste pour m’aider.
 En éliminant la cause, on élimine le problème.
Heureusement que l’euthanasie n’est pas légalisée car je passerais à la casserole.

Ce matin, mon fils, tu as été ma muse. Sans tes bêtises qui ont irriguées mon cerveau, mon imagination serait restée aussi sèche que le quatre quart de ma tante Germaine (celle qui piquait).

3 commentaires:

  1. Monsieur,
    Les aspects physiques (dentition, humeurs des muqueuses, chevrotements, tremblements), les pensées que vous décrivez, certes avec talent, sont les miens. Je vous accuse de plagiat intellectuel. Envoyez-moi vos témoins. Je vous laisse le choix des armes.

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  2. Monsieur,
    Pardon de vous avoir offensé. Nez en moins, je n’ai fait que décrire mon reflet. J’admets, à plus grande honte, de l’avoir légèrement embelli. J’accepte le duel. Mes deux témoins seront Patrick Poivre d'Arvor et Gilles Bernheim. Pour les armes, je vous propose la plume sergent major.
    Au plaisir de vous biffer.

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  3. Bravo ! vous reconnaissez votre filiation. Vos témoins sont à la hauteur. Oh mon dieu !

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