une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







mardi 23 avril 2013

Recherche d’informations pour perpétrer un attentat.



Monsieur, je vous écris afin d'avoir plus de renseignement sur une passion qui me tient à cœur. Voilà, je suis un révolté. Je sais que cela n'a rien d'extraordinaire, mais c'est suffisant pour influer sur ma philosophie de la vie et de modifier mon comportement social. J'aimerai marquer d'une pierre blanche mon désaccord. Cependant, j'ignore de quelle façon m'y prendre. En bref, j’aimerais tout faire sauter. D'ailleurs c'est la raison d'être de cette correspondance.
Le maniement des armes ainsi que la fabrication artisanale d'une bombe sont pour moi aussi aisé  que le babillage chez le nouveau-né. Vous devez vous demandez pourquoi je vous écris alors que je possède toute les qualités d'un terroriste. J'ai toute les qualités théoriques. Seule, une est absente de cette panoplie, le désir de tuer. J'ai une sainte horreur de la souffrance, qu'elle soit d'origine divine ou humaine, elle m'arrache les tripes. La vue du sang m'indispose et je suis incapable de faire le mal et du mal à qui que ce soit, même aux animaux et aux insectes. Afin que vous compreniez mieux la gravité de mon cas, je  vous narre un drame vécu.
Un jour, j'ai ramené des poux à la maison. Ma mère et mon père issu d'un milieu pratiquant ont pensé que c'était un châtiment divin. Paniqués, ils m'ont aussitôt appliqué une lotion qui a exterminé tous les poux. Bande d’enculés !!! Je n'ai jamais été aussi malheureux. La mort des poux m'a été insupportable. Grâce à un peigne fin, j’ai réussi à récupérer quelques cadavres que j'ai enterrés dans le pot de géraniums suspendu au  balcon.  J'ai encore la violence de ce moment en mémoire.
J’espère maintenant que vous comprenez mon incapacité à commettre un attentat meurtrier. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir cherché. Cependant un endroit dépourvu de vie sur terre est inexistant, peut-être le pôle sud, et encore ce n’est pas prouvé. De toutes les façons je n’ai pas les moyens de m’offrir un tel voyage. Je vous en prie, aidez-moi. J’ai besoin d’une main tendue, j’ai besoin qu’elle m’oriente vers un attentat où aucune goutte de sang ne perle. En l'attente de votre réponse. Magnez-vous le train, je veux tout faire péter, ça urge.  



J’ai bien reçu votre message. J’avoue que votre démarche au premier abord m’a surpris et hérissé les poils du dos. Par nature, je suis un non violent. Donc le mot attentat est pour moi rédhibitoire. Puis, par curiosité, au lieu de cliquer sur "tout effacer", j’ai prolongé la lecture. Et j’ai découvert une nouvelle race de terroristes, des terroristes doux.  Je comprends votre désarroi. Car votre allergie à la violence est contraire au fondement même du terrorisme.
J’ai passé la nuit à réfléchir à votre requête et je pense  avoir déterminé un moyen qui vous permettrait d’assumer vos idéaux. C’est vous même qui m’avez aiguillé avec votre anecdote. Vous déteniez la solution, mais votre conscient, je ne sais pour quelle raison refusait de la voir.
Je vous sens impatient de connaître la suite, alors je n’irais pas par quatre chemins. Vous utiliserez les poux. Ainsi vous vengerez ceux qui sont tombés sous la main impitoyable de vos parents, et en parallèle vous aurez votre attentat.
Première étape : trouver des poux. Cela ne sera pas difficile, et je vous aiderai ; mes enfants sont de grands pourvoyeurs de poux. J’ai moi-même tenté un élevage.
Deuxième étape : trouver un lieu surplombant une foule compacte dans le genre : théâtre, opéra. L’assemblée nationale serait l’idéale, mais l’absentéisme chronique rendrait la tâche ardue. J’éviterai les stades et autre manifestations sportives, à moins de de viser les loges réservées à l’élite, car le peuple  en général a ses propres poux.
Troisième étapes : il suffira de parachuter une quantité de poux porteurs d’œufs. Ses derniers attirés par la kératine feront le reste du travail. En répétant plusieurs fois ces actions, vous parasiterez la tête pensante du pays.
Vous n’aurez plus qu’à revendiquer l’attentat.
Je vous abandonne, je dois m’occuper de mon élevage de Phtirius inguinalis




Monsieur, j’ai bien reçu vos poux. J’étais pratiquement au début de la troisième étape lorsqu’une évidence m’a explosé la tronche. Petit merdeux, vous êtes encore pire que les chiens infidèles. Mes victimes, qu’auraient-ils fait des poux ? Sale race de ta mère, ils les auraient niqués. Exterminés monsieur !! Vous avez de la chance que je ne supporte pas la mort, sinon je vous aurais planté.  

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