une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







samedi 6 avril 2013

Destin, quand tu nous tiens.



Tiendrai-je le coup ? Tous les jours je me lève à cinq heures dans le but de pianoter sur les touches du clavier du PC portable. Cet article est le onzième d’une longue série de onze. Je traduis pour les iconoclastes. Cela fait onze jours que je passe de la position horizontale à la position verticale à une heure qui est réservée aux braves et aux courageux, adjectifs qualificatifs dont on ne peut me qualifier. Je viens, mine de rien de m’envoyer une fleur. Un homme fainéant et poltron qui se lève aux aurores, n’est-ce pas un être débordant de volonté et, je peux le dire, de courage.
Pertinemment, je sais que je ne tiendrai pas le coup. Ce n’est ni par un manque de volonté, ni par un manque d’envie. C’est parce que cela est gravé dans le marbre. J’aurais pu préférer une autre matière comme support, mais je n’avais que du marbre sous la main et un rouleau de papier toilette. De toute façon je n’avais pas le choix, car l’auteur est mon père. Lorsque j’étais plus jeune et que ma vie était encore entre les mains de mes créateurs, mon père lors de nos confrontations sur l’essence même du quotidien aimait me répéter :
- Tu ne vas jamais au bout des choses.
Ou
- Tu ne finis jamais rien.
De petites phrases courtes qui vous poursuivent toute votre vie.
Ainsi, lorsque j’ai décidé d’interrompre le voyage en bateau,  mon père est apparu et j’ai entendu sa petite litanie.
Lorsque l’année dernière j’ai cessé d’écrire sur le blog, j’y ai aussitôt pensé.
Lorsque j’ai vendu mon club, pareil.
Je ne dis pas qu’il avait tort, d’ailleurs mes enfants et ma femme me font fréquemment le même genre de reproche :
- Papa ! Les pommes de terre ne sont pas cuites.
- Papa ! Tu m’as savonné et pas rincé.
- Papa ! Je ne veux plus que tu m’amènes à l’école, à chaque fois tu m’abandonnes en chemin.
- Papa ! Tu n’as pas attaché ma couche.
 - Papa ! Tu as changé ma couche mais tu n’as pas retiré mes selles.
- Mon chéri, pourquoi tu m’abandonnes juste avant l’orgasme.
D’ailleurs je n’ai jamais éjaculé une seule fois de ma vie. Je commence soit l’acte d’amour, soit une petite masturbation en solitaire. Je me lasse et passe à autre chose que je ne finis d’ailleurs pas.
Mes enfants, je n’en suis pas le responsable, surement un passant qui par compassion a voulu terminer le travail.
Même la mort râle après moi.
- Quand vas-tu finir de vivre ?
La pauvre si elle savait.
Je n’ai aucune récrimination envers mon père. Je comprends que j’ai pu l’agacer comme mon fils de quatorze ans a le don de me faire sortir de mes gonds, surement trop huilés. C’est systématique, dès que je rentre dans sa chambre, je vois rouge. Par respect pour lui, je ne décrirai pas minutieusement l’intérieur de la pièce. C’est indescriptible, les mots ne sont pas assez puissants.
Evidemment, j’y vais de mes petites phrases qui vont peut-être le poursuivre toute sa vie. Alors, lorsque j’y arrive et que le quotidien ne m’y oblige pas, j’évite de rentrer dans sa chambre.
Je n’ai pas le choix, un jour je cesserai donc d’écrire, comme j’ai cessé l’année dernière. Il est impossible de passer outre un destin tracé par ses géniteurs ayant l’autorité parentale. Cela me rappelle un souvenir de jeunesse. Je devais avoir dix ans et je jouais avec mon frère aux petites voitures lorsque mon père fit

2 commentaires:

  1. finis ta phrase Fred ! je veux savoir la suite

    bises en passant

    RépondreSupprimer
  2. Navré pour la fin de l’histoire, elle est tombée dans une chausse-trappe.Bises à tous.

    RépondreSupprimer