une petite précision s'impose


Ce blog de voyage, conçu pour raconter notre périple en voilier, s’est transformé progressivement en un blog hébergeant des articles hétéroclites. Ils sont les récits d’autres périples, plus cérébraux que physiques.
Ma compagne préfère ce style de voyage. Une préférence extrémiste, je suis enfermé à double tour dans un cabinet noir. Seul un clavier lumineux me permet de communiquer avec le monde extérieur.







lundi 9 mai 2016

Douche récalcitrante



Nous avons une salle d’eau avec toilette et bidet, une salle de bains sans toilette et donc sans bidet. Nous avons aussi un deuxième toilette avec un petit lavabo. N’est-ce pas beau tout ça ? Deux personnes peuvent simultanément se livrer à un nettoyage corporel.
C’était le but des architectes, ils pensaient que les habitants du quartier étaient plus sales que les autres beauvaisiens. Cependant le plombier avait un avis « divergent » (je suis obligé de mettre des guillemets, je plagie le titre d’un film). Etant du coin, il avait constaté que la population était propre, donc non consommatrice d’eau (il n’y a que les gens sales qui se lavent) , il conçut le système afin qu’il ne soit possible d’utiliser qu’un seul point d’eau en même temps.
Concrètement lorsque je suis sous la douche et qu’il y a un crétin(e) qui ouvre un robinet d’eau chaude, je n’ai qu’un filet d’eau froide pour me rincer. D’accord, je sais que des personnes dans le monde apprécieraient d’avoir ce filet d’eau ne serait-ce qu’une minute par jour. Que voulez-vous ? Ils sont nés au mauvais moment et au mauvais endroit. Ma suffisance bouffie d’orgueil et d’égoïsme se refuse à leur donner un chouia de ma fortune acquise grâce à l’exploitation dans tous les sens du terme de leur richesse.
Lorsque l’eau se tarit, je hurle. Les murs qui ont une double fonction - ils isolent du regard et servent d’interphone - communiquent mon ressentiment et l’eau revient. Mais, il arrive que mes cris hystériques n’aient aucun effet. La machine à laver est sourde à mes revendications. Elle est programmée et ne s’interrompt que lorsque le cycle est terminé. Je pourrais descendre, mais le fait d’éponger l’eau savonneuse tue nette l’action.
Je prends mon mal en patience en pensant que de pauvres hères n’ont que la pluie pour se laver. Cela me réconforte. Je profite égoïstement du filet d’eau chaude (la machine à laver n’aime que l’eau froide).

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